Une simultanéité du ciel

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Une simultanéité du ciel

Ce qui nous a frappé, c’est la simultanéité de deux événements qui ne peuvent être qu’amplifiés extraordinairement par le système de la communication : la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l’Est de l’Ukraine (du Donbass) et le lancement de l’offensive terrestre israélienne contre Gaza. (Bien entendu, nous sous-entendons que nos lecteurs, qui ont nécessairement d’autres lectures que dedefensa.org du fait de la spécificité de la démarche que constitue la lecture de dedefensa.org, sont informés de ces deux événements sans qu’il soit nécessaire que nous fassions état de références et de sources qui abondent sur le réseau et sur tous les instruments de la communication.)

Ces quelques mots étant écrits, nous voulons absolument déterminer la règle de ce bref commentaire, qui est d’écarter pour l’instant toute tentative, toute possibilité, toute velléité de notre part de donner une explication circonstanciée, opérationnelle, à la fois des grands axes d’explication des deux événements, à la fois de cette simultanéité. Ce commentaire n’a rien à voir avec la compréhension opérationnelle, apparente ou masquée, de ces deux événements et de leur simultanéité, et tout avec une tentative d’appréciation de l’effet de ces deux événements se produisant quasi-simultanément. Nous savons parfaitement que toutes les hypothèses peuvent être développées, et qu’elles le seront, sur la signification, l’organisation, la machination des deux événements, chacun dans leurs domaines. Il y aura également des démarches concernant une observation, voire une appréciation de cette simultanéité, avec évidemment l’hypothèse d’une coordination.

• Pour le vol MH17, l’évidence immédiate est que l’événement serait et est d’ores et déjà l’objet d’une formidable bataille de communication entre les deux forces qui s’affrontent en Ukraine, avec diverses nuances selon les composants de ces deux forces. L’évidence nous paraît être également, cela conformément au climat et à la situation technique du système de la communication qui écartent la possibilité des évidences objectives, qu’il n’y aura pas, dans la séquence actuelle, de “vérité de la situation” établie et imposée à tous par sa valeur propre, qu’il y aura un affrontement de narrative rapidement dépassé par une dramatisation de la situation générale de la crise ukrainienne. Or, la situation générale de la crise ukrainienne est marquée actuellement par une situation de revers très sérieux des forces de Kiev (très peu documentée dans la presse-Système mais évidente par les lectures adéquates, – les sites Saker et autres, – sur le réseau) et par une situation de durcissement de la politique de sanctions agressives antirusse des USA ; l’une et l’autre situations étant liées, la seconde situation étant la riposte du Système (à Washington) à son recul sur le terrain (dans le Donbass). C’est dans ce contexte qu’intervient l’affaire du vol MH17, qui met en place les conditions d’une montée aux extrêmes du point de vue de la communication.

• Pour l’offensive israélienne, l’évidence est également celle d’une montée aux extrêmes, avec l’offensive terrestre contre Gaza. L’événement est beaucoup plus simple à appréhender que le précédent en termes opérationnels, dans la mesure où il a été préparé par une spéculation intense sur sa possibilité, par une situation d’affrontement où les parties occupent une position extrêmement nette. Les éruptions de violence entre Israël et les Palestiniens sont régulières et ont perdu de leur importance disons “stratégique“ même si elles conservent leurs caractères humains dramatiques ; mais les circonstances exceptionnelles ici, ainsi que l’importance de l’initiative israélienne, changent brusquement le jugement. Quoi qu’il en soit de l’événement et de ses conséquences d’un point de vue opérationnel, il reste qu’en termes de communication il s’agit également d’une montée aux extrêmes.

Ces quelques observations opérationnelles étant posées, toujours avec l’observation précise que nous ne voulons absolument pas spéculer pour le moment sur les responsabilités, les projets cachés, les manœuvres des uns et des autres, et d’ailleurs sans aucune garantie que nous le fassions nécessairement plus tard, il reste ce constat objectif fait au travers de nos deux passages soulignés en gras que, dans les deux cas, il s’agit d’une montée aux extrêmes, et cela, explicitement du point de vue de la communication. Le deuxième terme (“du point de vue de la communication”) implique d’une façon évidente pour nous qu'on ne peut pour l’instant, en aucun cas, donner un sens, désigner un concepteur et un opérateur, déterminer une responsabilité précise, spéculer sur une intention cachée, etc., pour ce qui concerne le premier terme (“montée aux extrêmes”). Nous nous en tenons à ce constat objectif de la “montée aux extrêmes” et du “en termes de communication”, le reste des considérations étant de type opérationnel et nécessairement hors de tout constat objectif possible, dans tous les cas pour le moment.

Sur la question de la simultanéité, on pourrait évoquer également le fait d’une coordination. Certains pourraient y penser, ou bien ce ne sera pas le cas, nous l’ignorons. Lorsque nous parlons de “coordination”, c’est dans la mesure où une correspondance d’intention, d’exploitation, de machination, etc., pourrait être établie entre l’un et l’autre, avec un certain nombre d’hypothèses sur les forces pouvant exécuter cette sorte de manœuvre. Là aussi, nous voulons dire absolument que cette sorte de spéculation ne nous intéresse pas, toujours selon la même règle signifiée plus haut (“nous ne voulons absolument pas spéculer pour le moment sur les responsabilités, les projets cachés, les manœuvres des uns et des autres, et d’ailleurs sans aucune garantie que nous le fassions nécessairement plus tard”). Ce commentaire tente de saisir un Moment de l’histoire que nous vivons, pour évoquer l’hypothèse que ce Moment a une dimension métahistorique soudain active, et que cette dimension métahistorique, elle, autorise absolument l’observation que la simultanéité des deux événements de “montée aux extrêmes” puisse pousser à la conclusion d’une coordination de ces deux événements. Mais alors, il s’agit, bien entendu, d’une coordination métahistorique, où les “événements opérationnels” (qu’on nous pardonne ce pléonasme volontaire) et les décisions humaines avec leurs arrière-pensées, leurs projets et leurs machinations, n’ont qu’une fonction d’outil pour un dessein plus vaste et qui les dépasse en nature. Cela signifie que nous vivons un moment où la métahistoire parle, et ce qu’elle dit ne se trouve certainement pas dans les événements tels qu’ils se manifestent d’une façon opérationnelle, ni dans la façon dont ils sont et seront interprétés d’une façon opérationnelle.

... Non pas que l’“opérationnel” ne nous intéresse pas, bien au contraire, et chaque jour nombre de nos interventions sur ce site le prouvent. Mais il y a ceci qu’il nous semble que ces deux événements, dans leur aspect de “monté aux extrêmes” selon la puissance d’interprétation du système de la communication, et dans leur simultanéité telle qu’elle se manifeste évidemment, imposent l’occasion d’une lecture métahistorique immédiate. Ce n’est pas un exercice facile parce qu’il impose absolument une règle d’inconnaissance des deux événements, pour l’immédiat et pour ce moment-là. (C’est-à-dire, penser les deux événements dans leur simultanéité en s’imposant absolument, pour garder l’esprit net sur l’essentiel, pour rester absolument lié à l’essentiel, de ne pas chercher à savoir ce qu’ils signifient du point de vue opérationnel courant, ce qu’ils recouvrent, ce que leur simultanéité signifie et recouvre, etc.)

Le paradoxe de cette réflexion est qu’elle ne débouche sur rien de concret de ce que la raison friande de certitudes attendrait, aucune révélation, aucune prévision, aucune prédiction, etc. C’est–à-dire qu’elle ne nous conduit pas à l’annonce de quelque chose d’extraordinaire, pour telle perspective, dans tel champ, dans telle occurrence, dans telle durée, etc. Cela est pourtant logique : puisqu’il s’agit de métahistoire, et de métahistoire immédiate, intervenant dans les affaires humaines sans le tamis de l’histoire courante, et justement en repoussant ce tamis qui s’avère totalement inverti dans les circonstances observées puisqu’il ne ferait qu’obscurcir la vérité de la situation, il se déduit par conséquent que nous ne pouvons rien en connaître de quelque précision événementielle que ce soit. Il nous importe simplement et seulement d’avancer l’hypothèse métahistorique pour toutes les raisons “opérationnelles” que nous avons dites d’une part, et essentiellement parce que notre démarche fondamentale est que notre époque est exceptionnelle par sa dimension métahistorique d’autre part. Il nous suffit pour le cas de ce commentaire de savoir que l’exceptionnalité des événements, leur simultanéité, tout cela répercuté sinon créé dans certains cas par le système de la communication dont il faut reconnaître alors le caractère de puissant outil métahistorique, il nous suffit de savoir que tout cela est digne, impérativement et absolument, d’une interprétation métahistorique ; il nous suffit pour l’instant de savoir que ce que nous nommons soit “la Grande Crise générale”, soit la “crise d’effondrement du Système” a connu et est en train de connaître une avancée de plus sur sa courbe eschatologique, et que nous vivons cet événement en en ayant pleine conscience. L’hypothèse du caractère décisif de cette avancée existe mais n’est nullement avérée. Nous sommes des observateurs-figurants, sinon des observateurs-acteurs selon notre état de conscience, d’un formidable ébranlement du monde qui dépasse infiniment les capacités humaines. Cela vaut mieux, à notre sens, que de se croire et de se grimer en deus ex machina de toutes ces choses, comme s’imaginent peut-être certains figurants-Système.

Cette idée-là ne nous a jamais quitté, – cette idée selon laquelle cette époque était exceptionnelle parce que, à cause de diverses circonstances, capacités, etc., nous étions en position d’observer le destin du monde. Nous l’écrivions déjà en 2003 (Chroniques de l’ébranlement, Mols, 2003), et cette réflexion peut être conservée telle quelle, sinon “rafraîchie” de quelques mots et concepts empilés depuis dans notre “arsenal dialectique” :

«D'abord, il y a ceci: en même temps que nous subissions cet événement d'une force et d'une ampleur extrêmes, nous observions cet événement en train de s'accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement. L’histoire se fait, soudain dans un déroulement explosif et brutal, nous la regardons se faire et nous nous regardons en train de la regarder se faire...»

 

Mis en ligne le 18 juillet 2014 à 08H11