Vers l’affrontement Obama-Netanyahou?

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Peut-être verra-t-on plus tard comme une paradoxale erreur stratégique l’action décidée des milieux néo-conservateurs, l’automne dernier, en faveur d’un gouvernement israélien ultra-dur, dirigé par Netanyahou, qui a été couronné de ce point de vue avec l’alliance avec un Lieberman encore plus dur que son Premier ministre. Une source européenne proche des négociations avec l’Iran observe: «Les partisans des “relations spéciales” américano-israéliennes sont en train de commettre une grave erreur en sous-estimant la détermination d’Obama d’établir de bonnes relations avec l’Iran.» Mais c'est bien sûr un réflexe absolument constant et irrépressible des extrémistes US de pousser systématiquement pour le radicalisme et l'extrême du spectre politique.

Un article de Jim Lobe, de ce 13 avril 2009, notamment sur Antiwar.com, donne des indications intéressantes sur les signes montrant la distance qui s’établit entre Washington et Tel Aviv, à une vitesse remarquablement élevée. Lobe relève plusieurs circonstances précises allant dans ce sens. Il rapporte notamment le cadre général où il faut placer une déclaration très claire du vice-président Biden, et sa signification pour les relations entre les USA et Israël, – avec un Biden presque menaçant contre Israël, si ce pays entreprend une action militaire contre l'Iran. (En passant, comme on le voit dans l’extrait ci-dessous, une indication précise tend à confirmer la mise à l’écart de Dennis Ross, néo-conservateur placé au département d'Etat comme conseiller spécial pour l'Iran d'Hillary Clinton. Il a été écarté de la délégation US, dirigé par le sous-secrétaire d’Etat Burns, à une récente réunion à Londres du groupe de coordination dit “P5+1”, réunissant l’Allemagne, la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les USA, qui traite les négociations avec l’Iran sur le nucléaire iranien.)

«The second slap came a few days later in the wake of a widely noted interview of the new Israeli prime minister by The Atlantic magazine’s Jeffrey Goldberg, entitled “Netanyahu to Obama: Stop Iran – Or I Will.” The interview reiterated Netanyahu’s and other Israeli officials’ increasingly urgent threats to attack Tehran’s nuclear facilities unilaterally, if Washington’s diplomatic efforts to persuade Iran to abandon its nuclear program do not quickly bear fruit.

»Asked by CNN anchor Wolf Blitzer whether the Obama administration was concerned about Netanyahu’s threat, Vice President Joseph Biden, who appears to have emerged as one of Obama’s main foreign policy advisers, cast doubt on its credibility. “I don’t believe that Prime Minister Netanyahu would do that,” said Biden, adding, “I think he would be ill-advised to do that.”

»Subsequent efforts both inside and outside the administration by individuals and lawmakers closely associated with the so-called Israel Lobby to persuade the White House to soften what appeared to be Biden’s categorical rejection of unilateral Israeli action were unavailing, according to several sources.

»“I’ve been given no reason to believe that the vice president wasn’t speaking for the administration,” said one government official who works on the Middle East and the Gulf but was not authorized to speak publicly on the matter. He noted that Biden’s former top staffer on the region when he chaired the Senate Foreign Relations Committee, Puneet Talwar, is now the senior director for Iran, Iraq, and the Gulf on the National Security Council (NSC).

»Indeed, it was Talwar, rather than the Secretary of State Hillary Clinton’s more hawkish ‘special adviser’ on Iran, Dennis Ross, who accompanied Undersecretary of State for Political Affairs William Burns to London this week to coordinate strategy for negotiating with Tehran on its nuclear program with their counterparts from Britain, France, Germany, Russia, and China (P5 + 1) as the administration’s first major step toward full and direct engagement “on the basis of mutual respect and mutual interest” with Iran, as promised by Obama.

»“Obama is trying to demonstrate his sincerity [toward Tehran], and the last thing he wants is for Netanyahu to undermine his efforts by militarizing the atmosphere,” said Trita Parsi, the president of the National Iranian American Council (NIAC) and author of Treacherous Alliance, a history published in 2007 of the trilateral relationship between Iran, Israel, and the United States.»

On peut commencer à considérer désormais comme bien en place et bien définie une véritable politique iranienne de l’administration Obama qui va dans le sens de l’accommodement. Les conséquences sont désormais directes, et également bien identifiées, sur les relations des USA avec Israël, et elles vont clairement dans le sens d’une confrontation. Un très récent commentaire (le 12 avril 2009) d’un néo-conservateur notoire, Frank Gaffney, pour définir la politique extérieure générale d’Obama va certainement dans ce sens et exprime la colère et le dépit de ce clan, d’abord attaché à une politique US d’alignement à 100% sur Israël: une “politique de soumission”. Gaffney parlait de “soumission” vis-à-vis de la Russie, de la Chine, mais aussi du monde musulman dont l’Iran bien entendu. Ce jugement extrêmement dur, dit et répété durant une intervention académique où les interventions sont en général pesées et retenues (face à Steve Clemons, de The Washington Note, bien sûr en complet désaccord), est une bonne mesure du sentiment régnant dans les milieux néo-conservateurs US, et on peut le prendre comme un reflet à peine indirect du sentiment du gouvernement israélien.

La puissance de plus en plus affirmée de cette politique Obama, d’ailleurs perceptible dans l’intervention de Biden que rapporte Lobe, indique clairement combien cette politique est poussée par des nécessités complètement dominantes, qui écartent toute autre considération. Il s’agit de la position d’affaiblissement de la puissance US, notamment comme conséquence de la crise. On ne veut pas dire qu’il n’y a pas une volonté d’Obama, et d’autres dans son administration, d’aller dans le sens qu’on constate, d’une “contraction” de la politique extérieure, mais c’est la détermination qu’on y distingue qui est impressionnante, – et cela est dû à la crise. D’autre part, la réalisation de cette modification fondamentale de la politique US est faite avec une certaine habileté, par petites touches successives évitant des éclats dont les effets polémiques peuvent être paralysants, dont l’effet est un réalignement progressif. Mais on approche du moment où ce réalignement va commencer à prendre une allure structurelle, donc du moment où la politique Obama dans ce sens pourra et devra être décrite d’une façon publique et plus conceptuelle qui prendra en compte le fait accompli, et donnant ainsi à cette politique tout son éclat et avec des réactions sévères à attendre. L'habileté est dans ceci que la politique étant alors déjà lancée, les relais établis, certains résultats obtenus, il sera devenu quasiment impossible de la faire modifier par des pressions extérieures venues de milieux qui seront justement discrédités par l'avancement de cette politique.


Mis en ligne le 14 avril 2009 à 05H10