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1897Question: où sont passés ces $9.000 milliards? Réponse: eh bien, euh, je ne sais pas… Résumé d’une vidéo montrant l’audition de l’Inspectrice Générale de la Federal Reserve, Elizabeth Coleman, le 5 mai 2009, devant la Commission des services financiers de la Chambre des Représentants. Le parlementaire qui l’interroge est Alan Grayson, un démocrate de Floride.
Un ami nous a fait parvenir le film de ce passage de l’audition, qui vient d’être diffusé avec sous-titre en français. Coleman est donc chargée de la surveillance de la comptabilité de la Fed, et le fait est qu’elle ne surveille pas grand’chose, ses pouvoirs de contrôle semblant à cet égard extrêmement contrôlés. Alors qui contrôle? Qui, à la Fed, sait ce qu’il est advenu de ces $9.000 milliards? Réponse (en résumé): Nobody, officiellement, pour ce qui est d'en rendre compte aux pouvoirs publics, – dans tous les cas, c’est la conclusion de Grayson.
L’affaire est partie d’un article de Bloomberg.News de février dernier, dont ce même Bloomberg.New donne un résumé dans un autre article, publié le 12 mai 2009: «A Bloomberg News story published Feb. 9 said the Treasury Department, Federal Deposit Insurance Corporation and Fed have lent or spent almost $3 trillion over the past two years and pledged up to $5.7 trillion more. A March 31 article raised the total amount committed or disbursed to $12.8 trillion.»
Le même article du 12 mai 2009 rapportait que la vidéo originale de l’audition avait atteint une vision-record sur You Tube dans la semaine suivant l’audition (166.000); plus loin, on verra qu’elle a atteint 500.000 visions en un mois, – assez bon rythme, semble-t-il.
«A clip on Google Inc.’s YouTube of a congressman scolding the Federal Reserve’s inspector general on her oversight of taxpayer funds has garnered more than 166,000 viewings in six days since a hearing on Capitol Hill.
»Representative Alan Grayson, a Florida Democrat, chastised Inspector General Elizabeth Coleman for what he deemed a lack of oversight of the central bank’s off-balance-sheet transactions. The video titled “Is Anyone Minding the Store at the Federal Reserve?” was posted a day after Coleman’s May 5 testimony to a House Financial Services subcommittee.
»“Do you know who received that $1 trillion-plus that the Fed extended and put on its balance sheet since last September?” Grayson asked. Coleman responded by saying she didn’t know. “We have not looked at that specific area,” she said in the nearly five-and- a-half minute clip.»
»The segment was the 11th-most watched “news and politics” video this week on YouTube, according to the Web site’s statistics.»
On comprend que la Fed ait été alertée par cette vilaine affaire, le spectacle de la pauvre Coleman tentant de ne pas répondre aux questions directes de Grayson avec un flot de considérations bureaucratiques, embrouillées et contrites, ayant fait mauvaise presse et mauvaise impression. La Fed décida donc de réagir… En cherchant vers qui étaient allés les $9.000, ou toute autre somme du style? Soyons sérieux, s’il vous plaît. La mesure évidente a aussitôt été prise: engager une lobbyist de grand renom, Linda Robertson, – celle qui a défendu Enron contre les insinuations les plus viles in illo tempore, – pour “améliorer l’image de la Fed”, et qu’on ne parle plus de cette poussière de $trillions à la mode US envolés en fumées aussi discrètes qu'efficaces. C’est ce qu’indique le même Bloomberg.News le 5 juin 2009, notamment à propos de cette affaire Grayson-Colreman.
«The Federal Reserve intends to hire a veteran lobbyist as it seeks to counter skepticism in Congress about the central bank’s growing power over the U.S. financial system, people familiar with the matter said.
»Linda Robertson currently handles government, community and public affairs at Johns Hopkins University in Baltimore, and headed the Washington lobbying office of Enron Corp., the energy trading company that collapsed in 2002 after an accounting scandal. She was also an adviser to all three of the Clinton administration’s Treasury secretaries. […]
»Robertson would confront a range of issues in the newly created position. Congress is looking to subject the Fed to more scrutiny, and some lawmakers have suggested that district bank presidents should be confirmed by the Senate.
»Some legislators have also expressed opposition to the Obama administration’s attempt to make the Fed the regulator in charge of financial companies deemed too-big-to-fail. In addition, the central bank has been become a target to some members of Congress who’ve posted online videos of their interrogations of Fed officials during public hearings.
»One YouTube clip, of Florida Democratic Representative Alan Grayson’s grilling of Inspector General Elizabeth Coleman, has garnered almost 500,000 views in about a month.
»Robertson is expected to advise the Fed on communications strategy, the people said…»
Le processus est ainsi parfaitement reconstitué, in vivo, in vitro et in tout ce que vous voudrez. L’organisation de la Cosa Nostra dans ses grandes années (sous la direction de Luciano, capo di tutti capi) pâlit considérablement en comparaison, – en efficacité, en souplesse, en coordination, en rentabilité.
Le problème actuel qui se pose au système est pourtant d’une importance nouvelle. Si vous mettez en relation le nombre de fois où cette vidéo (une parmi les centaines de documents de ce genre également visionnés en masse) a été regardée par des citoyens-électeurs et le fait que les divers Grayson de la Chambre vont devoir être réélus, vous entrevoyez cette importance nouvelle. Si vous ajoutez un grain de sel, ou un grain de sable c’est selon, comme le très possible vote de la “loi Ron Paul” qui obligera la Fed à déballer son linge sale, qui conduira les diverses Elizabeth Coleman à en dire un peu plus lors de leurs auditions de crainte d’être inculpée d’“outrage au Congrès”, l’importance du problème grandit encore. (Le soutien que reçoit Ron Paul à la Chambre pour son projet de loi est un signe supplémentaire du climat.)
Nous sommes à un point de rencontre intéressant. Tous ces parlementaires sont en général tributaires de Wall Street et du reste, mais aussi, au bout du compte, de leurs électeurs. Il y a des circonstances exceptionnelles où les seconds, lorsqu’ils sortent de leur léthargie et sont vraiment en colère, comptent plus que les premiers pour le vote final. Cela s’appelle le “populisme” made in USA et cela est déjà survenu. C’est le talon d’Achille, minuscule mais pourtant bien réel, du système de l’américanisme.
Cela dit et pour nous remettre de cet océan d’insinuations calomnieuses fort déprimantes, sachez que Ben Barnanke, le président de la Fed, est partout acclamé et recommandé par ses pairs et copains divers pour un second mandat. On ne change pas une équipe qui swingue.
Mis en ligne le 26 juin 2009 à 09H58
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