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165131 décembre 2004 — L’extraordinaire ampleur de la catastrophe asiatique s’inscrit dans une époque confrontée à une pensée sommaire, appuyée sur une religiosité affichée et des références aux forces irrationnelles diverses. Le climat entourant cette catastrophe est singulier. L’impuissance accidentelle de la modernité face au phénomène conduit à des interprétations symboliques. Là-dessus, les événements réels conduisent, eux, à des hypothèses elles aussi plus concrètes, où l’impuissance accidentelle de la modernité est remplacée par sa responsabilité ontologique.
Le tsunami a frappé des pays qui sont des modèles de la globalisation, c’est-à-dire des modèles d’inégalité, d’instabilité, de corruption des autorités politiques, mis en coupe réglée par le marché libre et les manipulations hyper-libérales. On y ajoute le “tourisme exotique” pour faire bon poids, et tout y est. Il y a dans cette situation suffisamment d’éléments pour comprendre comment la colère terrible et naturelle (mais est-ce bien sûr? Voir plus loin) du tsunami s’est infiniment démultipliée dans l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de l’Histoire à cause de structures sociales fragiles, de rassemblements humains artificiels, de l’absence des structures traditionnelles, de l’impuissance des autorités légales.
Il faut se rappeler que tous les pays de la zone, à commencer par la Thaïlande d’où partit la chose à l’été 1997, furent balayés par un effondrement économique d’origine financière et monétaire (d’abord la zone du Sud de l’Asie : Thaïlande, Indonésie, etc, puis le reste de l’Asie, puis la Russie l'année suivante, puis l’Amérique du Sud). Ce courant était, si l’on veut, un super-tsunami économique en 1997, avant le vrai, qui pulvérisa les structures économiques et sociales traditionnelles et installa les nouvelles structures (“non-structures” en fait) néo-libérales, certes sans les habitudes, les traditions, les États plus ou moins régaliens, les forces traditionnelles et historiques des vieux pays occidentaux. Le résultat fut une fragilité économique, sociale et administrative exceptionnelle, que les conséquences du vrai tsunami nous démontrent jusqu’à plus soif. La vague de globalisation catastrophique de 1997-98 était le résultat inéluctable de la vague de dérégulation et de déstructuration, — ce qui définit justement la “globalisation”, à la différence fondamentale de la “mondialisation” qui est un mouvement naturel d’expansion du commerce et d’autres fonctions — lancée par l’administration Clinton et son secrétaire au trésor Robert Rubin, représentant Wall Street dans le cabinet du président démocrate. (L’excellent et sympathique président démocrate est imposé partout en exemple de civilité par tous les démocrates européens, au contraire du bouffon GW. Mais l’attaque de la globalisation contre l’Asie en 1997 ne vaut pas mieux que l’attaque contre l’Irak en 2003.)
Il y a de quoi se faire un jugement sur la crise moderniste et, en attendant, alimenter les rumeurs de complot. Mais on garde à l’esprit que le vrai complot, celui de la globalisation, s’est fait à ciel ouvert dans les années 1990. Il s’est fait sous les applaudissements de ce qu’on nomma “the Washington consensus”, désignant l’accord général, économico-financier et disons “philosophique”, des pays occidentaux après la Guerre froide, fonctionnant selon l’orientation systématique de leurs élites américanisées. Les réunions de Davos des années 1990 résonnent encore de ces applaudissements.
En attendant, l’une des conséquences du tsunami est sans aucun doute la floraison des hypothèses et des interrogations; thèses complotistes, ou, plus simplement, constats des conséquences des comportements. On verra que toutes renvoient après tout aux caractéristiques de notre système en crise. La logique de la compréhension des événements, fussent-ils supposés et accordés aux phantasmes de nos inconscients, a une implacabilité semblable à celle du tsunami.
Ci-dessous, trois exemples d’hypothèses ou d’avertissements concernant le tsunami et cette sorte de cataclysme.
• Il y a l’alerte qui n’a pas été donnée. C’est l’ International Action Center de l’ancien ministre de la justice US (administration Johnson) Ramsey Clark, qui a levé le lièvre. (Clark est un vieux guerrier de la dissidence américaniste: du soutien à Hanoï en 1972 au soutien à la Serbie en 1999, jusqu’à sa très récente incorporation dans l’équipe d’avocats internationaux chargée d’assurer la défense de Saddam Hussein.) C’est le constat que les systèmes de repérage US avaient identifié le tremblement de terre de magnitude 9, et correctement déduit qu’un tsunami était probable. L’alerte fut donnée en fonction des intérêts américains, et l’Asie fut avertie en passant, — si elle le fut vraiment… Plus qu’une démarche volontaire, on doit voir le fonctionnement naturel du système bureaucratique, pour lequel l’urgence et l’intérêt décroissent à mesure de l’éloignement des préoccupations unilatéralistes du monde washingtonien. Autrement dit: fonctionnement normal du système plus que « criminal negligence. », à moins que l’on considère le “fonctionnement normal du système” comme une source constante de « criminal negligence. ».
« Although the local governments had no real warning, the U.S. government did, and it failed to pass along the information. Within minutes of the massive 9.0 magnitude earthquake off the coast of Indonesia, U.S. scientists working with National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) suspected that a deadly wave was spreading through the Indian Ocean. They did not call anyone in the governments in the area. Jeff LaDouce, an official in the National Oceanic and Atmospheric Administration, said that they e-mailed Indonesian officials, but said that he wasn’t aware what happened after they sent the e-mails.
» In this day of instant communications, controlled in a large part by the U.S., it is possible to communicate within minutes to every part of the globe. It is beyond belief that the officials at the NOAA could not find any method to directly and immediately contact civilian authorities in the area. Their decision not to do so may have cost thousands of lives.
» Even a few minutes warning would have given the inhabitants a chance to seek higher ground. The NOAA had several hours notice before the first waves hit shore. Tim Walsh, geologic-hazards program manager for the Washington State Department of Natural Resources, said, ''Fifty feet of elevation would be enough to escape the worst of the waves. In most places, 25 feet would be sufficient. If you go uphill or inland, the effect of the tsunami will be diminished.'' But the inhabitants of the area weren't given the warning - as a result, television and radio alerts were not issued in Thailand until nearly an hour after the waves had hit and thousands were already dead.
» The failure to make any real effort to warn the people of the region, knowing that tens of thousands of lives were at stake, is part of a pattern of imperial contempt and racism that has become the cornerstone of U.S. policies worldwide.
» The NOAA immediately warned the U.S. Naval Station at Diego Garcia, which suffered very little damage from the tsunami. It is telling that the NOAA was able to get the warning to the US Navy base in the area, but wouldn't pick up the phone and call the civil authorities in the region to warn them. They made sure that a US military base was notified and did almost nothing to issue a warning to the civilian inhabitants who were in the direct path of the wave — a warning that might have saved thousands of lives. This is criminal negligence. »
• Il y a l’hypothèse de Andrew Limburg, de Independent Media TV, en date du 28 décembre. Sous le titre de « Earthquake: Coincidence or a Corporate Oil Tragedy? », Limburg signale une campagne importante de recherche de gisements pétroliers et gaziers dans la zone, procédant par émissions d’ondes sonores très puissantes (« “sound bombing” or seismic tests of ocean floors »), dont on aurait vu l’effet par ailleurs avec le suicide par échouage en Tasmanie de dizaines de baleines et de dauphins, dont le système olfactif très sensible aurait été affecté fatalement par ces interventions. L’hypothèse implicite de Limburg est que ces mêmes interventions ont pu déclencher un processus géologique, voire des tremblements de terre sollicités aboutissant au tremblement de terre fatal.
« Now I don’t claim to be an expert on seismic activity, but there has been a series of events which led up to the 9.0 earthquake of the coast of Indonesia which can not be ignored. This all could be an enormous coincidence, but one must look at the information and choose for themselves whether there is anything to it.
» On November 28th, one month ago, Reuters reported that during a 3 day span 169 whales and dolphins beached themselves in Tasmania, an island of the southern coast of mainland Australia and in New Zealand. The cause for these beachings is not known, but Bob Brown, a senator in the Australian parliament, said “sound bombing” or seismic tests of ocean floors to test for oil and gas had been carried out near the sites of the Tasmanian beachings recently.
(…)
» What is interesting about this is that the same place where the whale beachings have been taking place over the last 30 days is the same general area where the 8.1 Australian earthquake took place, and this is the same area where they are doing these seismic tests. Then 2 days after the Australian tectonic plate shifted, the 9.0 earthquake shook the coast of Indonesia.
» A great deal of interest and seismic testing has been taking place in this area, as the government of Australia has given great tax breaks to encourage the oil exploration. »
• Le 28 décembre, Russell D. Hoffman analyse, sur le site Truthout.org la question des « Tsunamis and Nuclear Power Plants ». Il constate que la Californie dispose de nombre de vieilles installations de centrales nucléaires âgées (30-35 ans), proches des rivages du Pacifique (absence d’eau pour le refroidissement à l’intérieur des terres) et très vulnérables à des chocs comme celui du tsunami en Asie.
« More than 60,000 people are dead. Bodies wash ashore in a dozen countries. A train, loaded with a thousand passengers and their luggage, is swept away, engine, tracks, and all. Cars, trucks, buses, and boats are pushed more than a mile inland by the rushing water. Some of the waves were reported to be 40 feet high.
» The ocean in San Diego, 1/2 a world away, rose 10 inches. It IS a small world, after all.
» The “sea wall” at San Onofre Nuclear Generating Station (''SONGS'') in Southern California is 35 feet tall, and about 35 years old. It could not have withstood Sunday's worst.
» San Onofre's twin reactors were theoretically designed to withstand an earthquake up to 7.0, which is 100 times smaller than a 9.0 earthquake. Although a 9.0 earthquake is considered “unlikely” near San Onofre, it is hardly impossible. In addition, the size of the earthquake doesn't necessarily relate to the size of the ensuing tsunami. Landslides triggered by earthquakes, asteroid impacts, and volcanic eruptions can generate waves hundreds of feet tall.
Pour terminer par un coq à l’âne qui n’en est pas vraiment un, on citera l’incident survenu le 24 décembre 2004, dans le chef du secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, en voyage en Irak où il promettait la victoire certaine aux
Ceux qui échafaudent des thèses derrière le tsunami du siècle seront confortés par la mésaventure de Rumsfeld, — et cela nous pousse à conseiller à l’honnête homme de ne pas repousser systématiquement les constructions hypothétiques de chercheurs ou de curieux non estampillés “officiel”. Nous savons depuis quelques années désormais que l’information officielle travaille ouvertement sur un matériau nommé “mensonges” in illo tempore, et virtualisme aujourd’hui. La vérité est à trouver ailleurs.
Voici quelques extraits du lapsus rumsfeldien, sur CNN le 28 décembre 2004.
« A comment Defense Secretary Donald Rumsfeld made during a Christmas Eve address to U.S. troops in Baghdad has sparked new conspiracy theories about the terrorist attacks of September 11, 2001.
» In the speech, Rumsfeld made a passing reference to United Airlines Flight 93, which crashed in Pennsylvania after passengers attempted to stop al Qaeda hijackers. But in his remarks, Rumsfeld referred to the “the people who attacked the United States in New York, shot down the plane over Pennsylvania.”
» A Pentagon spokesman insisted that Rumsfeld simply misspoke, but Internet conspiracy theorists seized on the reference to the plane having been shot down.
» “Was it a slip of the tongue? Was it an error? Or was it the truth, finally being dropped on the public more than three years after the tragedy” asked a posting on the Web site WorldNetDaily.com.Some people remain skeptical of U.S. government statements that, despite a presidential authorization, no planes were shot down September 11, and rumors still circulate that a U.S. military plane shot the airliner down over Shanksville, Pennsylvania.
» A Pentagon spokesman insists Rumsfeld has not changed his opinion that the plane crashed as the result of an onboard struggle between passengers and terrorists. »