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14 janvier 2005 — La bataille de la QDR-2005 ne cesse de se préciser comme un engagement fondamental sur les choix de programmes d’armement du Pentagone, en fonction des réductions budgétaires réclamées. Au cœur des polémiques qui accompagnent ces choix, le programme JSF ne cesse d’y trouver une place de plus en plus importante, bien que l’intention initiale du Pentagone ait été de le maintenir en-dehors.
Un séminaire a eu lieu le 13 janvier à l’American Enterprise Institute (AEI), portant sur cette question des choix budgétaires. (L’AEI est l’institut des néo-conservateurs américains.) Des spécialistes des questions d’armement comme Dov Zakheim et Loren Thompson ont débattu de la question. L’hebdomadaire Defense News a publié un texte sur cette réunion et en donne un compte-rendu ce matin.
Les programmes d’avions de combat ont été notamment abordés en profondeur. On a pu voir que, à propos de la réduction annoncée dans le programme F/A-22, la concurrence de ce programme avec le JSF est de plus en plus mise en évidence, avec l’interrogation concernant l’impunité dont a bénéficié le JSF par rapport au F/A-22.
« While some commentators, like panel member Loren Thompson of the Lexington Institute, an Arlington, Va., think tank, have assailed the Pentagon for proposing the termination of the F/A-22 aircraft, Zakheim said the alternative — scaling back the Joint Strike Fighter (JSF) — would have produced an international backlash from allies who participate in the program. At a time when the administration needs help from Britain and the rest of Europe in Iraq and other hotspots, reducing the number of JSFs would have been untenable, he said.
» Zakheim also defended the administration’s commitment to military transformation and pointed to a slew of advanced technology programs that have been robustly provided for in the defense budgets of the past four years.
» Panel member Michael O’Hanlon, a defense analyst at the Brookings Institution in Washington, said the proposed defense cuts could go further. “We don’t need to buy 2,500 JSF planes to keep [British Prime Minister Tony] Blair happy.” The Pentagon could buy more of the short-take-off-and-landing version of the JSF instead of the conventional version, he said.
(…)
» O’Hanlon and Steve Kosiak of the Center for Strategic and Budgetary Assessments agreed with Zakheim that most of the proposed cuts are unavoidable.
» But Thompson disagreed. He said the proposed budget cuts were less the result of careful analysis and more the product of the ideology of a handful of advisers to Defense Secretary Donald Rumsfeld.
» While these advisers, who also miscalculated the Iraq war effort, could have chosen other areas of the defense budget to save $30 billion, they picked major weapon systems for the cuts, he said. But Thompson offered no suggestions on where the money could have come from.
» The Pentagon’s current philosophy of weapon development — the capability-based defense posture, which calls for fielding new weapons when the underlying technology is ready rather than responding to threats — is a wrong approach, Thompson said. Threats to American security dictate that 381 F/A-22 fighter aircraft should be bought, Thompson said. “The F/A-22 should stay.” »
On observe trois attitudes avec les deux programmes d’avions de combat, chacune chargée d’ambiguïtés. L’une dans l’autre, elles nous confirment effectivement combien le cas du JSF est en train de venir en pleine lumière. On notera également combien ces trois positions rencontrent et confirment les jugements à l’emporte-pièce de Frank C. Lanza: sur la véritable fonction du programme international du JSF, sur la question du volume de production du JSF, sur l’indispensabilité du F/A-22.
• L’intervention de Zakheim confirme combien le caractère international du JSF est utilisé comme protection du programme. Zakheim, qui a quitté l’administration il y a huit mois, peut être considéré comme exposant la position de l’administration à cet égard.
• La simple remarque d’O’Hanlon (« We don’t need to buy 2,500 JSF planes to keep Blair happy »), pourtant partisan des réductions du F/A-22, montre la fragilité de la position de l’administration. Défendre un programme américain, ou, dans tous les cas, une commande massive dans ce programme au nom des intérêts des participants étrangers dans ce même programme, voilà un argument qui ne fera pas fortune au Congrès et qui conduira à faire du JSF la cible de tous les “vrais Américains”.
• La position de Thompson est intéressante: à 100% pour le F/A-22 (et même 150%, si l’on songe qu’il voudrait restaurer l’ancien chiffre de 277 exemplaires réduit à 180, en le faisant passer à 381), pas un mot des programmes où l’on pourrait trouver l’argent pour compenser la restauration des fonds du F/A-22 (c’est-à-dire : pas un mot du JSF…). En quelques jours, la position de Thompson a changé et le parcours est intéressant à rappeler.
Dans une chronique de Defense News, le 3 janvier, il parlait du “combat perdu d’avance” de l’USAF pour conserver la commande de F/A-22 à 277 exemplaires (« During the final, gray days of December, while much of official Washington was away on vacation, the beleaguered leadership of the U.S. Air Force fought a losing battle to defend their service’s future against budget-cutters in the Office of the Secretary of Defense (OSD) »). Au séminaire de l’AEI, le ton a complètement changé. Que s’est-il passé?
Thompson est consultant, et il travaille pour Lockheed Martin. Son commentaire traduit l’évolution de la position de son employeur, dans une bataille où Lockheed Martin devrait être partagé au départ puisqu’il produit le F/A-22 et le JSF. L’évolution de Thompson semble indiquer que Lockheed Martin a décidé de défendre jusqu’au bout le F/A-22 dans sa commande maximale; le constructeur ne ferait en cela que suivre l’USAF, qui annonce également son intention de lancer une contre-attaque décisive. (Dans Aerospace Daily & Defense Report, du 13 janvier 2005, sous le titre « Air Force To Make Case For Restored F/A-22 Buy »: « The Air Force plans to make the case for restoring recent Pentagon cuts to the F/A-22 Raptor program during the upcoming quadrennial defense review (QDR) this summer, according to Air Force Chief of Staff Gen. John Jumper. ») Bien entendu, cette sorte d’évolution tant de Lockheed Martin que de l’USAF indique que des garanties ont été prises, notamment au Congrès. Et toujours la même question à laquelle Thompson n’a pas répondu: avec quel argent restaurer le programme F/A-22? — mais si, Thompson a déjà répondu, par avance pourrait-on dire, dans le Dallas Fort Worth Star-Telegram du 5 janvier, lorsqu’il remarquait: « If that review [QDR 2005] shows that more F/A-22s would be needed, […] the money would likely come out of F-35. »