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13 mars 2005 — Il est très caractéristique que la nomination de John Bolton (voir ici et ici sur notre site) soulève, dans les milieux d’opposition à la politique hégémoniste et militariste de GW, aux Etats-Unis et même à Washington, au moins autant d’émotion qu’en Europe (“au moins”, — pour l’Europe, c’est-à-dire une émotion forte mais dissimulée dans les chuchotements des chancelleries, comme on dirait, car officiellement tout va bien). Il apparaît clairement que la confirmation de John Bolton par le Sénat pourrait constituer une bataille politique majeure, peut-être une bataille où le Congrès, pour la première fois depuis le 11 septembre 2001, pourrait s’opposer de façon irréfutable contre l’administration, — c’est-à-dire, avec la possibilité que la nomination de Bolton soit bel et bien refusée.
Deux éléments au moins militent en faveur de cette possibilité:
• Les démocrates pourraient décider que la nomination de Bolton est une cause qui leur permettrait de retrouver un peu de leur statut de parti d’opposition, qu’ils ont complètement perdu depuis quatre ans.
• La commission des relations extérieures du Sénat (SFRC), qui doit recommander ou non la confirmation de Bolton au Sénat, est l’un des derniers bastions, si pas le dernier bastion du multilatéralisme au Congrès. Son président, le républicain Lugar, est un des derniers vestiges du multilatéralisme républicain, et il s’entend très bien avec Joseph Biden, le leader des démocrates à la Commission, également multilatéraliste.
Le site The Washington Note de Steve Clemons, un expert qui dirigea le Japan Policy Research Institute et fut vice-président de America New Foundation, a suscité une campagne contre la confirmation de John Bolton. Voici ce que publie ce site le 11 mars :
« I just received a phone call from the Senate Foreign Relations Committee. I was informed that the Committee will definitively not hold hearings on John Bolton's nomination next week and that they will occur some time in April.
» I confirmed with my source in the State Department that the effort to fast-track Bolton has been successfully derailed — thanks to your efforts and to the good sense and reason of Senator Lugar who does want to play honorably and fairly when it comes to these hearings.
» It was important to make these calls today. While the State Department was pushing from one side on Lugar's staff, there was no resistance from the other. Many of you provided the resistance to make sure that this was not ram-rodded through.
» And just to be clear, the Dem staff needed this too. The Senate Foreign Relations Committee is pretty collegial — so for Biden to take exception to a decision by Senator Lugar would require some reason. If there had been no civil society alert in this case and Lugar had made the announement on Bolton, Biden would have had little to give Lugar by way of excuses for delay. »
Dans une note précédente, Clemons notait l’extrême nervosité du département d’État devant la perspective du processus de confirmation de Bolton. Le département d’État avait tenté, sans succès semble-t-il, d’avancer la confirmation à cette semaine du 14 mars, pour empêcher une opposition de s’organiser.
L’intérêt de cette bataille est l’ampleur médiatique qu’elle ne manquera pas de prendre si elle est intense, — et cela, elle le sera à moins d’un événement ou d’un prolongement inattendu. La personnalité de Bolton et les réactions qui ont accueilli sa nomination en seront la cause principale. Si la nomination de Bolton est refusée, — et selon quels arguments sinon des arguments de pure politique entraînant une polémique féroce? — cela sera vécu comme une terrible défaite de l’administration à cause de l’écho médiatique. L’administration pourra-t-elle le tolérer? Comment réagira-t-elle? Etc. De ce point de vue, il faut avoir beaucoup d’intérêt et une attention extrême pour cette bataille politico-parlementaire de courant avril.