Le Plan B : le Plan A sans le peuple (entre-temps dissous) ?

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En juin 1953, Bertold Brecht, alors largement revenu du communisme, avait commenté l’attitude des dirigeants est-allemands après les émeutes de Berlin-Est par ce mot fameux : « Le Parti prononce la dissolution du peuple. » La formule reste actuelle.

Le Times de Londres de ce matin annonce que Jacques Chirac aurait décidé, en cas de victoire du “non” que tout le monde semble prévoir désormais, d’exhorter les autres pays de l’UE à poursuivre le processus de ratification, pour revenir sur la question en France, en 2007, éventuellement en se contentant d’un vote au Parlement, éventuellement avec l’étrange idée de faire de la formule un engagement de la campagne présidentielle 2007. (Aurons-nous alors une sorte de présidentielle-référendum?)

« French diplomats say that M Chirac is expected to urge other countries to proceed with ratification because France does not want to be seen to be blocking the European project. Any attempt to persuade other countries to go ahead will dash the hopes of those in the British Government who believed that a French rejection would make a British referendum unnecessary.

(...) » But one option being discussed in senior diplomatic circles is for candidates in the French presidential election in 2007 to promise to ratify the treaty in parliament rather than by referendum. »

Effectivement l’idée est dans les esprits à Bruxelles, sinon dans les cœurs ; on la trouve qui traîne, pleine d’allant et faraude, chez les diplomates du cru, à la Commission, au Parlement, etc. « Mr Juncker insisted this week: “The countries that have said ‘no’ will have to ask themselves the question again.” », écrit encore le Times, ajoutant ce commentaire d’un député britannique eurosceptique (conservateur), Daniel Hannan: « They won’t allow the people to get in the way. »

Pour autant, la meilleure description de la situation, si effectivement ce “Plan B” comme “Plan A sans le peuple” est suivi, revient au premier paragraphe de l’article du Times cité en tête, qui renvoie au point de vue britannique et à la rancœur probable de Tony Blair, héritant de ce drôle de plan pour sa présidence du 1er juillet : «  President Chirac of France is preparing to throw Europe into confusion and put Britain on the spot by backing moves to keep the European constitution alive if it is rejected in Sunday’s referendum. »

Bref, plutôt que résoudre la crise, le plan pourrait bien la précipiter (“ throw Europe into confusion”) en introduisant un facteur supplémentaire de trouble alors que l’UE se trouve par ailleurs devant des échéances redoutables (plaintes de la Commission contre la France pour diverses affaires d’intervention de l’État, retour de la directive Bolkenstein, un budget 2006 impossible à boucler, etc.)


Mis en ligne le 27 mai 2005 à 08H45