Chavez, le Castro postmoderne ?

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Le New York Times nous explique (le 1er juin), avec une audace inhabituelle ces temps-ci pour la presse américaine, que le Vénézuelien Hugo Chavez est en train de s’imposer comme un nouveau Castro, notamment par son charisme et son antiaméricanisme qui étendent sa popularité bien au-delà des frontières de son pays. Le NYT observe: « Already in office longer than any other current Latin American leader save Mr. Castro, Mr. Chávez, who was first elected in 1998, has undeniably become a spokesman for the millions of poor in Latin America who reject globalization in their search for another way. »

L’avantage de Chavez sur Castro, note le journal, c’est le pétrole, qui lui donne un poids économique et stratégique que n’avait pas Castro. Sa capacité de rassemblement est aussi beaucoup plus forte que celle de Castro parce que l’entrave du communisme en tant que mouvement subversif transnational n’existe plus. Au contraire du temps du castrisme, il n’y a pas de mobilisation anti-Chavez comme il y eut une mobilisation anti-castriste dans certains groupes de droite en Amérique Latine, voire dans certains gouvernements. La montée de la popularité de Chavez accompagne un glissement accéléré des pays du continent vers des gouvernements de centre-gauche ou de gauche qui lui manifestent une réelle sympathie.

« “He's following his own path, his own destiny, and he's doing it against U.S. opposition, so the Latin Americans support it,” said Wayne Smith, a former American diplomat in Cuba and now a senior fellow at the Center for International Policy, which tracks developments in Latin America. “That's sort of the reaction, and it plays toward his advantage in the region.”

» Mr. Chávez is also riding a wave of popular reaction in the region against the ‘Washington consensus’ of democracy and open markets that the White House, for the moment, seems unable to dampen. While few leaders in Latin America are as provocatively anti-American as Mr. Chávez, three-quarters of South America is governed by left-of-center presidents, and next year Mexico may well elect a leftist populist of its own, Mexico City's mayor, Andrés Manuel López Obrador. »

Plus que tout le reste, ceci rapproche Chavez de Castro, selon le même Wayne Smith cité ci-dessus: « I've always said that Cuba has the same effect on American administrations that the full moon has on werewolves. That werewolf effect now applies to Chávez also. » Ainsi terminerions-nous en observant que le plus remarquable dans cet article du NYT ait qu’il ait été publié, car il constitue sans aucun doute un des textes les plus aptes à plonger l’administration GW dans une grande fureur. C’est le signe le plus sûr du poids grandissant de Chavez: même la presse US conformiste ne peut plus ignorer la force et l’influence politiques qu’il représente désormais.


Mis en ligne le 3 juin 2005 à 08H30