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19 juin 2005 — La tension entre les USA et Israël est bien réelle. Contrairement à la version conforme de la grande presse officielle et conformiste, cette tension, — qui dure maintenant à son paroxysme depuis plus de six mois, — concerne moins les questions israélo-palestiniennes que les questions des relations entre Israël et la Chine, et les livraisons de systèmes d’arme des Israéliens aux Chinois.
(La presse officielle occidentale, US et européenne, est incapable, involontairement ou pas, — mais plutôt involontairement, étant trop stupide pour faire preuve de malice, — de se détacher des questions “nobles”, ou qu’elle estime nobles, pour comprendre l’évolution des relations internationales. Elle est incapable de comprendre les ressorts de la diplomatie américaine, qu’elle pare évidemment des vertus des grandes diplomaties. La diplomatie US ne répond qu’à quelques stimuli aisément identifiés, et d’une brutalité primaire: les intérêts du business, pétrolier ou pas, les ventes d’armes, le contrôle des technologies, les pressions avec menace d’emploi de la force, etc. Rice est une parfaite messagère de cette diplomatie.)
Plus que de parler des “questions des relations entre Israël et la Chine”, il serait plus juste de résumer le problème de cette façon assez simple et volontairement brutale: les Américains exigent un contrôle de plus en plus complet, bientôt jusqu’à l’exclusif, de la politique israélienne au niveau de la production et de l’exportation des systèmes d’arme. Il s’agit d’une attaque contre le cœur de ce qu’il reste de souveraineté à Israël. Cela confirme une analyse récente sur ce site, qui plaçait effectivement le problème au niveau de la souveraineté nationale d’Israël. Les “conditions” américaines sont draconiennes, selon un texte Defense News/AFP, relayant Haretz: « The U.S. concerns are reported to center on an Israeli deal to upgrade Harpy Killer drones that it sold to China. The Haaretz newspaper reported this week that Washington is demanding Israel provide details of more than 60 percent of recent security deals with China and its arms export trade in general. »
La violence des Américains est telle qu’ils veulent la tête du Directeur Général de l’Armement du ministère de la défense israélien, voire du ministre lui-même. Écrivant après la rencontre entre Rice et le ministre israélien des affaires étrangères Shalom, Haaretz écrit:
« The Israeli daily Yedioth Ahronoth reported Sunday that the resolution of the crisis with the U.S. will cost Defense Ministry Director-General Amos Yaron his job.
» Shalom acknowledged U.S. pressure on Israel to dismiss Defense Ministry top brass over the crisis, but declined to comment on the policy of another ministry. “Amos Yaron is an excellent director-general, he's done a first-class job in the IDF [Israel Defense Forces] and the Defense Ministry,” said Shalom.
» “His dismissal is in the hands of the Defense Minister. It is not my place to intervene in the matters of other ministries.” »
La venue de Rice et la prise en main par le principal messager du système US de l’importance de l’affaire des systèmes israéliens vendus à la Chine montrent où se trouvent les priorités. L’intervention US est, de A jusqu’à Z, une complète ingérence dans les affaires intérieures d’Israël. Rice est évidemment incapable d’avoir la moindre politique originale et se situe, dans ce cas, comme la porte-parole du système militaro-industriel. Pour le système, Israël, à qui l’on donne des milliards de dollars par an, doit impérativement rentrer dans le rang et jouer son vrai rôle: 52ème État de l’Union et avant-poste du Pentagone au Moyen-Orient. On voit ce qu’il reste de la fable de la dimension morale du soutien américain à Israël; quant à la thèse du complot israélien pour manipuler les USA, s’il peut y avoir des circonstances tactiques qui la confortent, l’orientation stratégique est claire, et tout le contraire: le patron est à Washington, au Pentagone exactement.
Parallèlement, on prend soin de préciser (Defense News/AFP à nouveau) que les restrictions sur le programme JSF restent diablement d’actualité comme moyen de pression permanent. La tranquillité cynique de l’explication donnée à ce comportement, par le porte-parole du DoD, nous indique bien l’une des fonctions du programme, comme “outil de répression”, sans le moindre état d’âme ni la moindre considération pour le fait qu’il s’agit d’une entreprise de coopération entre industriels, — en théorie, non? Les restrictions sont simplement exposées du point de vue technique, sans la moindre explication politique de justification, simplement comme allant de soi. (Par exemple: « “We had some restrictions within the Joint Strike Fighter Program that we’ve discussed,” said Lawrence DiRita, the Pentagon spokesman. “And it’s mostly restrictions on technology going forward in that program.” »)