“Fourth of July” dans une odeur de fin de règne...

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“Fourth of July” dans une odeur de fin de règne...


5 juillet 2005 — Dans sa chronique du 5 juillet sur “ Two wars of the worlds” (NYT et IHT), Frank Rich remarque que le lancement du film La guerre des mondes (d’après H.G. Welles), de Spielberg, a beaucoup plus intéressé les Américains que le discours de GW Bush de Fort Bragg, devant le silence impressionnant de son auditoire militaire. Manifestement, l’imaginaire avec référence aux réel (le film de Spielberg est plein d’allusions à 9/11) intéresse beaucoup plus les Américain que le réel qui semble se perdre dans un imaginaire d’une telle pauvreté qu’il ne parvient même plus, ni à faire sourire, ni à donner envie de saluer le drapeau.

Rich met en évidence, — un de plus à le faire — la distance astronomique du réel où évolue ce président, dans une situation intérieure où les facteurs fondamentaux de l’opinion publique par rapport à la guerre en Irak sont proches désormais de ceux qui caractérisaient la guerre du Viêt-nam. De même que pour l’administration Johnson en 1968, Rich observe la position pathétiquement isolée et à la dérive de l’administration GW.


« Bush could have addressed that question honestly at Fort Bragg last Tuesday. Instead of once more cooking the books — exaggerating the number of coalition partners, the number of battle-ready Iraqi troops, the amount of non-American dollars in the Iraq kitty — he could have laid out the long haul in hard facts, explaining the future costs in manpower, money and time, and what sacrifices he proposes for meeting them. He could have been, as he is fond of calling himself, a leader.

» It was a blown opportunity, and it's hard to see that there will be another chance. Iraq may not be Vietnam, but The Wall Street Journal reports that the current war's unpopularity now matches the Gallup findings during the Vietnam tipping point, the summer of 1968. As the prospect of midterm elections pumps more and more genuine fear into the hearts of Republicans up for re-election, it's the Bush presidency, not the insurgency, that will be in its last throes. Is the commander in chief so isolated in his bubble that he does not realize this?

» GWB, phone home. »


La médiocrité du Président (GW), sa faiblesse intellectuelle, son incapacité d’assumer une vision globale de la situation du monde, son statut effectivement lilliputien face à la tâche qui est la sienne, sont désormais devenus les facteurs d’un problème débattu couramment. Les conclusions qui en sont tirées en général sont peu encourageantes pour l’“état de l’empire”. Toujours à propos du discours de Fort Bragg et du vide abyssal qui le caractérise, dans une chronique dont le titre est justement “Signs of Decline”, Alan Bock met en évidence cette question en établissant un lien direct entre l’état de la puissance américaine et les hommes qu’elle secrète pour la diriger: « That the putatively most powerful man in the world should have so little insight not only into what to do with his power, but how to preserve it, suggests a system that has lost the knack of producing competent leaders. »

A Washington, l’atmosphère est délétère. On se prépare à la bataille pour le remplacement de la Juge (Justice) de la Cour Suprême démissionnaire, Sandra O’Connors. On dirait que l’activité de l’empire se résume désormais à ces querelles de bas-empire où la manoeuvre politicienne, le coup bas, la chausse-trappe tiennent lieu d’inspiration spirituelle et de génie stratégique. Entre l’identité (c’est-à-dire la tendance politicienne) du prochain Justice pour la Cour et un accord sur la lutte contre le réchauffement de la planète au G8, — que croyez-vous qui intéresse Washington ?

Aujourd’hui, la question qui se pose au reste du monde n’est pas d’accepter ou de repousser la puissance de l’empire. Elle est dans ce fait qu’il n’y a pas d’empire mais une puissance folle, sans discernement, au jugement complètement corrompue, ignare et incapable d’assumer la moindre de ses responsabilités, — ignorant même la signification du mot “responsabilité”. Peut-être est-ce la fin du règne de GW, — mais si c’était même le cas, si même GW pouvait être démis de ses fonctions, par quoi, par qui le remplacer ? Le système est définitivement perverti et les hommes en sont les prisonniers, à double tour. Il faut donc, en bonne logique du pire puisqu’un moment vient où il est préférable de casser l’irréparable plutôt que de tenter absurdement de le réparer, il faut espérer que GW restera jusqu’au terme et fera assez d’erreurs et de sottises pour mettre en question le système lui-même après lui avoir porté des coups terribles. (D’ailleurs, plus que “logique du pire”, nous parlerions de “sagesse du pire”.)

Le cas le plus désolant est celui des nations les plus avancées et les plus sophistiquées du monde, les nations de l’Europe, parce qu’elles s’avèrent incapables d’avancer dans cette sorte de réflexion. Elles sont incapables d’oser envisager ce qui est désormais une évidence de l’histoire en cours : la puissance maîtresse du monde est entrée dans sa phase ultime de désordre (postmoderne, pas dans les rues, les esprits suffisent) et d’impuissance. Vis-à-vis de l’Histoire dont elle est si fière d’avoir été l’un des principaux acteurs, l’Europe tient aujourd’hui un rôle qui ne peut susciter que le mépris tranquille et un peu las de ceux qui ne cessent de répéter les évidences.


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