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910La presse british oscille entre l’indignation, la condescendance méprisante, l’inquiétude effarée, la stupéfaction étranglée et l’on en passe. Tony Blair, en mission JO à Singapour, a été absolument furieux mais il restera digne au sommet du G8 car, nous assure-t-on, il est « determined to retain the moral high ground ». (Lèvres pincées mais légèrement méprisantes, son porte-parole officiel a laissé tomber : « There are some things that are just not responded to » ; and toc.)
Que se passe-t-il, que se passe-t-il? Personne d’entre vous n’ignore plus les appréciations du président français en secret, à Kaliningrad, avec les amis Schröder et Poutine, micros branchés pour permettre aux journalistes d’entendre. Cela fut imprimé le 4 juillet dans Libération, qui maintient héroïquement ses informations malgré un démenti mi-figue mi-raison, entre poire et fromage et style propos de table, de l’entourage du président français.
Pour rappel, un extrait de Libération du 3 juillet:
« Chirac s'est lancé hier dans une série de blagues sur le dos des Anglais, faisant bien rire Poutine et Schröder. “La seule chose qu'ils ont faite pour l'agriculture européenne, c'est la vache folle”, a ainsi balancé Chirac, prévenant ses deux compères que, de toute façon, “on ne peut pas faire confiance à des gens qui ont une cuisine aussi mauvaise”: “Après la Finlande, c'est le pays où on mange le plus mal.“ “Et les hamburgers?”, a tenté Poutine, qui cultive un reste de rivalité avec les Etats-Unis. “Non, non, les hamburgers, ce n'est rien encore”, a répondu Chirac. Et le président français de raconter encore comment l'Ecossais lord Robertson, ancien secrétaire général de l'Otan, lui avait fait goûter une spécialité peu ragoûtante de son pays: “De là, nos difficultés avec l'Otan...” »
Notre première remarque, c’est : que fait la Finlande? Qui s’occupe de panser ses plaies? (Après tout, on y mange encore plus mal qu’en Angleterre, c’est dire.)
Notre seconde remarque, c’est le rappel assez banal mais toujours rafraîchissant, à l’occasion de ces fuites organisées (on le jurerait), que tous ces hommes politiques postmodernes, pompeux et ennuyeux lorsqu’ils sont en activité conformiste, restent des êtres humains comme vous et moi. C’est une bonne chose car cela permet le défoulement nécessaire à leur bon équilibre psychologique, et cela nous confirme que nous ne sommes pas encore complètement dans le 1984 d’Orwell.
Notre troisième remarque est qu’il y a entre les Anglais et les Français quelque chose qui est “comme un lien qui les retient”. Si l’un ou l’autre n’existait pas, il faudrait l’inventer pour que le solitaire ne devienne pas neurasthénique. Dans cette affaire, personne n’incrimine le Russe et l’Allemand et nul ne s’occupe de la Finlande. C’est comme si, à part la France et l’Angleterre et leur mise en boîte respective, le rest of the world n’existait pas (sorry, GW).
Notre quatrième remarque, c’est qu’il est vrai que ce Robertson, secrétaire général de l’OTAN et ancien voyou des rues, avait un goût épouvantable, à vous dégoûter d’être dans l’OTAN. Voilà qui confirme le bien-fondé de la décision de 1964 du général.
Dans la presse britannique, The Independent a tenu à contribuer à réduire la tension entre les deux pays, au moins dans les populations respectives, autant que faire se peut. Même si « the newspaper Le Parisien said that a nation which eats “boiled beef with mint” had no right to comment on anything to do with food », il y a tout de même la nouvelle que « French farmers have adopted a more positive approach, greeting British tourists arriving at Channel ports with free cheese, fruit and tomatoes. »
Mis en ligne le 5 juillet 2005 à 14H35