A l’Est, du nouveau

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A l’Est, du nouveau

7 juillet 2005 — Un nouveau bloc géo-stratégique, à orientation nettement anti-américaine, est en train de se former autour de l’Organisation de Coopération de Shanghaï, qui s’est réunie mardi. (Pour plus d’informations formelles sur l’Organisation, voir le site de la SCO, (ou Shanghaï Cooperation Organization.)

Le texte ci-dessous donne, au travers d’appréciations de la presse russe, les orientations du groupe et l’esprit qui l’anime. A noter que Troud ajoute, aux pays du SCO, l’Inde, pour former le triangle Russie-Chine-Inde « en tant que bloc militaro-politique ». (A côté des cris de triomphe des Américains, qui jugent qu’ils ont d’ores et déjà l’Inde dans leur alliance anti-chinoise, l’attitude de ce pays est, du point de vue stratégique, extrêmement ambiguë, viore méfiant vis-à-vis des USA, malgré le voyage de Rice et la pompe qui l’a accompagné pour célébrer une soi-disant “alliance stratégique”.)

L'Organisation de Coopération de Shanghaï est présentée comme

« “une alternative à l'Otan” qui devrait permettre à Moscou et à Pékin “d'agir contre l'influence des Etats-Unis” en Asie, selon la presse russe. “L'adoption d'une conception de lutte commune contre le terrorisme, l'expansionnisme et le séparatisme doit permettre aux pays de l'Organisation de Shanghaï d'agir contre l'influence des Etats-Unis dans la région et d'empêcher de nouvelles ‘révolutions de couleurs’”, souligne le quotidien Kommersant. Le forum de l'Organisation de Shanghaï “est peut-être plus important pour la Russie” que le G8, estime pour sa part le quotidien centriste Troud.

»  “Certains observateurs estiment que l'Organisation de Shanghaï est une alternative à l'Otan et s'attendent à un renforcement de l'union tripartite Russie-Chine-Inde, en tant que bloc militaro-politique”, souligne Troud. Selon Kommersant encore, l'Organisation de Shanghaï “tente non seulement d'élargir la géographie de son activité, mais aussi d'établir des ‘règles de jeu’ uniques sur une grande superficie de l'Asie Centrale jusqu'au subcontinent indien”. “L'Organisation de Shanghaï est une nouvelle variante de la CEI qui pourrait se transformer en un nouveau pacte de Varsovie”, estime encore Kommersant, ajoutant: “Plus Moscou et Pékin se rapprochent, moins il y a d'espace pour la démocratie en Asie”. Le quotidien Gazeta titre : “Pas de place pour les Américains en Asie. L'organisation de Shanghaï a refusé aux Etats-Unis le statut d'observateur”, remarquant par ailleurs que “la situation en Ouzbékistan sera l'un des sujets-clés des négociations à Astana”. »

 

L’intérêt de la réunion de mardi de l’OCS/SCO est essentiellement ce qui s’y est dit, qui présente une tonalité extrêmement anti-américaine, avec la demande que les Américains évacuent les bases qu’ils ont établies en Asie centrale depuis l’invasion de l’Afghanistan. Un autre texte présente cet aspect des choses et donne la mesure potentielle de la puissance du courant anti-américain en cours de formation dans la région.

On observera ainsi que des rassemblements sont en train de se créer dans les grandes zones stratégiques du monde. Le mouvement autour de l’OCS/SCO est un double euro-asiatique de l’évolution géopolitique en Amérique Latine, telle qu’elle a été mise en évidence lors de la récente réunion de l’OEA, à Miami. Ces mouvements posent de plus en plus une question gravissime à l’Europe : combien de temps l’Europe pourra-t-elle prétendre être, à la fois, indépendante, meilleure amie des Américains, excellente amie de la Chine, chaleureuse amie de l’Amérique Latin et ainsi de suite, tout en se proclamant parangon de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme? On sait que l’Europe est un continent aux vertus multiples mais il y a des limites à leur cohabitation harmonieuse et on commence à les distinguer. Un jour, pas si lointain, il faudra songer à choisir.

Voici le texte sur la réunion de l’OCS/SCO.

« Russia, China and the Central Asian states told U.S.-led troops on Tuesday to fix a date for their departure from military bases in Central Asia that were set up to support operations in Afghanistan in 2001. The United States operates military airbases in Kyrgyzstan and Uzbekistan — two of the five ex-Soviet Central Asian states that Russia still views as its backyard and where China, seeking oil and gas, is an increasingly vocal player. The call was made at a meeting in Kazakhstan of the Shanghai Cooperation Organisation (SCO), which groups the five former Soviet ‘stans’ with Russia and China, and against the backdrop of veiled criticism of Western influence in the region. “Member states of the SCO believe that participants in the anti-terrorist coalition should define a deadline for the temporary use of infrastructure and their military presence on SCO member state territory,” a joint SCO declaration said. Sergei Prikhodko, an aide to Vladimir Putin, said the call was being made since active operations in Afghanistan were coming to an end. “No one is telling them it should be tomorrow, in a month, in five months or in a year and a half, but it's just straightforward that SCO members know by when the anti-terrorist coalition will leave,” he said. Vladimir Putin and Chinese leader Hu Jintao joined other regional leaders in making the call just a day before they were both due to meet President Bush in Scotland at a Group of Eight summit. Bush has shown no sign of wanting to give up the bases. The U.S. military has already had to reorganise operations in authoritarian Uzbekistan, which introduced limitations on flights to the U.S. Karshi-Khanabad airbase following Western criticism of a bloody government suppression of a rebellion in the eastern town of Andizhan.

» Speeches by Hu and Uzbek President Islam Karimov included veiled criticism of Western influence in Central Asia. They follow hawkish comments by Russian officials criticising attempts by unspecified foreign forces to destabilise the region, rich in oil and gas reserves. The region, to the east of the Caspian Sea, has been unsettled by the violence in Andizhan, where witnesses say 500 people were killed in a massacre. The government says only 176 people were killed, in a police operation against ‘terrorists’. Protests and a coup in Kyrgyzstan this year and peaceful democratic revolutions in Ukraine and Georgia before that have also unnerved Central Asia's long-serving rulers, none of whom has won an election judged free and fair by Western monitors. Karimov, in an apparent jibe against the West, said outside forces were seeking to stir up trouble. (They) “aim to create a situation of so-called manageable instability and ... foist on us their own model of development,” he said. China's Hu, who cordially received Karimov on a state visit following the Andizhan violence, said the Central Asian states should choose their own path. “The people of Central Asia are the only masters of their destiny,” he said, speaking through a Russian interpreter. “They are wise and free enough to put their own houses in order.” »