Sarko-turbo et le temps qui met du temps à passer

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Lisez (relisez) l’article de The International Herald Tribune du 2 juillet sur Nicolas Sarkozy, l’homme qui court bien plus vite que son ombre. Son abattage est peu ordinaire. Il devient, à lui tout seul, tout le gouvernement, la présidence, le Français moyen, l’acteur principal, le mari délaissé mais stoïque. Sarko-turbo est Sarko-Frégoli et joue une pièce multiple pour la France qui doit panser ses diverses plaies que ne cessent de rouvrir ses divers intellectuels.

A foncer comme il le fait, Sarko va vite voir surgir un problème impressionnant, surtout qu’il y a du temps pour que ce problème surgisse. Il fonce comme s’il était au dernier tour d’un 10.000 mètres qui compte 30 tours. Il fonce parce que la France va mal et qu’il a des idées pour qu’elle aille mieux ; plus il fonce plus la France devrait aller mieux, et si elle va effectivement mieux au bout de cette longue course de deux ans, peut-être certains se diront qu’il a fait son travail et qu’il est temps qu’il aille se reposer ; si elle va toujours aussi mal au bout de cette longue course, peut-être certains se diront qu’il n’a, somme toute, pas servi à grand’chose et qu’il n’y a pas de raison pour qu’elle aille mieux s’il s’installe à l’Élysée.

L’article met bien cela en évidence. Il met en évidence combien Chirac lui-même lui laisse libre le champ intérieur, comme s’il le laissait devenir président de la France intérieure tandis qu’il restait lui-même président pour la France extérieure. Président de la France intérieure, par les temps qui courent, n’est pas une fonction gratifiante ; président de la France extérieure, cela permet de donner l’impression qu’on refait le monde.

L’article, qui est américain, qui devrait être pro-Sarkozy et qui l’est effectivement, se termine donc en citant cette réserve fondamentale qui constitue effectivement celle qu’on peut faire sur la longue course de fond entreprise par cet homme qui est principalement, voire exclusivement un sprinter (incompatibilité peut-être mortelle de style).

« The thing most likely to derail Sarkozy, several observers say, is Sarkozy himself.

» “He must tame his temperament,” said Perrineau, adding that Sarkozy's blunt, aggressive, style risks turning off a certain segment of the electorate. “His very, very big appetite for power could backfire.” »


Mis en ligne le 7 juillet 2005 à 14H47