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12 juillet 2005 — Les dirigeants de l’industrie aérospatiale britannique sont inquiets. Ils ont publiquement exprimé cette inquiétude, comme le rapporte The Independent du 11 juillet, dans le rapport annuel de la SBAC (Society of British Aerospace Companie), signé par le président de cette association de l’industrie aérospatiale britannique, Kevin Smith. Deux points intéressants sont mis en évidence dans le rapport :
• L’emploi dans ce secteur hautement spécialisé et secteur moteur de création de technologies avancées à chuté de 6% en 2004, pour atteindre 114.000 personnes.
• Les investissements en recherches et développements (R&D) ont chuté de 5,6% cette même année 2004.
Le rapport exprime son inquiétude pour le maintien de la base technologique britannique, exactement de la même façon que l’avait fait Mike Turner le mois dernier, en marge du Salon du Bourget.
Quelques extraits instructifs de l’article de The Independent.
« The latest aerospace industry survey by the Society of British Aerospace Companies reveals that research and development spending (R&D) fell 5.6 per cent last year, while employment dropped 6 per cent to just over 114,000. Domestic sales also fell.
» In his introduction to the report, the SBAC's president Kevin Smith, who is also the chief executive of GKN, says: “To secure the future, industry wants to see rapid progress on the roll-out of the Government's defence industrial strategy. Most importantly, industry needs clear guidance from the Ministry of Defence on the industrial capabilities it wants to see developed in the UK and those that are to be developed co-operatively with other nations.”
» The aerospace and defence industry is one of the biggest contributors to the UK economy, generating sales last year of £17bn and contributing £3.34bn to the balance of payments.
(...)
» Mr Smith said part of the decline could be attributed to product cycles. But he added that delivering on the national aerospace technology strategy agreed with the Government had to remain one of the highest priorities, and key to this was continuing to secure the levels of funding needed.
» The Department of Trade and Industry-funded aeronautics research programme fell from £122m in 1972-73 to £21.7m last year — a real terms decline of 83 per cent. From this year onwards, government support for aerospace will be subsumed into the DTI's general technology budget.
» The UK aerospace industry calls on the Government today to give a clear lead on the kind of defence manufacturing base it wants to retain in this country amid growing fears that jobs, research capabilities and skills will be exported. »
Résumons le propos: l’industrie aérospatiale britannique est une énorme pourvoyeuse de ventes, d’exportations, de revenus, de travail de haute qualification, de technologies avancées qui suscitent des retombées essentielles pour la modernisation, — et le gouvernement britannique s’en désintéresse (depuis longtemps d’ailleurs, mais l’équipe Blair a accentué la tendance) ; il réduit les fonds R&D et fait planer une menace de plus en plus grave sur la base technologie et industrielle US.
Un instant, frottons-nous les yeux: est-ce qu’on rêve? Parle-t-on bien du même?
Confirmation: nous parlons bien du même Blair qui tonitrue depuis deux mois contre les archaïques Français qui préfèrent l’agriculture aux R&D en technologies avancées, qui supplie l’Europe d’enfin se lancer dans la voie de la modernité en investissant dans la R&D, les hautes technologies et ainsi de suite. Selon quelle méthode? La méthode britannique, qui consiste à brader l’industrie aérospatiale britannique (aux cousins US, pardi), de réduire les R&D, de réduire les effectifs des chercheurs et ingénieurs du domaine? (Et l’on sait que la méthode nationale est, dans ce cas, exemplaire, puisque l’essentiel des R&D est contrôlé aux niveaux nationaux tandis que l’essentiel de la politique agricole l’est au niveau européen, ce qui explique par l’évidence la disparité des budgets et fait de l’argument virtualiste de Blair une baudruche qu’il suffit de piquer pour qu’elle se dégonfle.)
Un conseil à Tony Blair, — ou non, parce que Blair connaît très bien la réalité des choses, — plutôt un conseil aux admirateurs de Tony Blair et de son “modèle”, conseil aux commentateurs du Monde et de Libé: comparez les tendances (c’est cela qui compte, nous disent les économistes) en investissements R&D dans la technologie militaire, entre la France et le Royaume-Uni. Revoyez les faits que ce soit en 2004 ou le 28 avril dernier, lorsque Tony Edwards, ancien patron du service des exportations au MoD, déclarait dans une conférence (selon Jane’s Defense Weekly): « Edwards said because of the UK's over-reliance on the US, France had stolen a march on it and was now the leader of the European defence industrial base. »
Nous avions donc mal compris. Lorsqu’il lançait ses philippiques et autres diatribes exacerbées, Tony Blair ne nous parlait nullement de la nécessité d’investir dans les R&D. Il nous vantait les mérites de la PAC et de l’agriculture, non? Pour ce qui est des grands programmes R&D à faire passer au niveau européen, renforcé et efficace il vaut mieux être sérieux et demander à la France de nous inspirer. Tony, lui, préfère inspirer les commentateurs éclairés qui s’informent dans les pubs, Rive Gauche.