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22 juillet 2005 — Pendant que nos clowns médiatiques et politiques s’intéressent à l’accessoire virtualiste (déclarations à leur intention et en grand tralala de Menkel à Paris, la Grande Guerre Contre la Terreur détaillée par le Boy President, le “modèle anglo-saxon” et les tourments de Sarko), intéressons-nous à l’essentiel. Une semaine après avoir été prise par surprise et par les douceurs du lobbying sonnant et trébuchant de l’industrie, la Chambre des Représentants américaine, ce modèle de démocratie, remet ça. Elle sauve et son honneur et sa réputation. Elle redémarre au galop, avec la dose de subtilité qui convient pour ne pas trop fâcher les lobbyistes qui la font vivre.
La loi repoussée il y a une semaine par absence des deux tiers de voix nécessaires (mais pourtant approuvée par la majorité) est finalement votée sous une forme amendée. Voici le texte (AFP, repris par Defense News) qui nous annonce la Bonne Nouvelle.
« The House of Representatives has approved a measure that would penalize European firms for selling U.S. weapons technology to China.
» The amendment is a scaled-back version of a more stringent measure rejected by the House last week, after opponents complained that it could harm U.S. business interests that sell their products overseas.
» The “East Asia Security Act,” authored by the House International Affairs Committee’s Republican chairman, Henry Hyde and the committee’s top Democrat, Tom Lantos, passed late July 19 as an amendment to State Department funding legislation.
» The bill welcomes deferral of an EU decision to terminate an arms embargo to China, but expresses concern that sales could go forward indirectly via various loopholes, since some European firms which reportedly have aided Beijing’s military build-up also are participants in leading-edge U.S. weapons programs.
» The revised bill would only punish U.S. companies guilty of exporting military technology to China if it can be proved they were aware that their products would ultimately be used for military ends. »
[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]
Le contenu de la loi reste assez confus, ce qui est en général la caractéristique de ces situations où une loi, jugée trop dure par rapport à des pressions extérieures, est révisée et proposée sous une autre forme. Le langage est plus vague, plus incertain, — donc, moins efficace? Peut-être. Mais aussi, dans le sens contraire, assez vague pour laisser des marges de manœuvre aux “durs” qui veulent la durcir dans son application. A la Chambre, lorsqu’il s’agira d’appliquer cette loi ou pousser à son application, il n’y aura que des “durs” pour y veiller, et ils en durciront tous les aspects (ou bien, en l’occurrence, exigeront ce durcissement du département d’État, dont on sait, notamment par l’expérience que vit BAE, qu’il n’a plus dans ses actes, dans ce domaine, qu’un lointain rapport avec la modération dont on le jugeait vertueusement caractérisé dans le passé).
On ira donc dans le sens du durcissement et, effectivement, les Européens seront soumis à ce que nous nommions récemment le “maccarthysme transatlantique”, — éventuellement avec des manières moins brutales, mais rien n’est moins sûr. Les Européens ne protesteront pas trop et se soumettront, parce qu’ils sont ce qu’ils sont, les qualificatifs méprisants abondent pour les définir. Cela ira jusqu’au moment où la tension, l’inquisition, l’intrusion, l’irrespect des Américains pour la souveraineté deviendront insupportables, parce que les américanistes agissent comme cela dès qu’ils en ont l’occasion et qu’il n’y a pas à revenir là-dessus. Même si ces Européens-là ignorent tout, absolument tout, de la signification du mot “souveraineté” et de la dignité qui va avec, le diktat insupportable est, par définition, insupportable.