L’UEO existe toujours puisqu’elle se heurte au Pentagone

Sorte de petit “scandale” transatlantique hier à l’assemblée parlementaire de l’UEO, en marge de la session bisannuelle en cours à Paris. La Commission chargée des questions technologiques et aérospatiales projette un voyage (en juillet) aux USA, à Washington (Pentagone) puis à Houston (NASA). Hier, elle a appris que le Pentagone n’autorisait pas de facto le déplacement de la délégation de la Commission vers Houston, arguant qu’“il ne pouvait garantir la sécurité du groupe dans ce déplacement à l’intérieur des USA”.

La Commission a décidé de réagir, notamment sous la pression virulente des parlementaires britanniques membres de cette Commission. (Toujours l’“amitié spéciale” UK-USA au meilleur de sa forme.) Le président de la Commission (un Britannique) va écrire au Pentagone pour demander des explications.

La visite à Houston (NASA) résultait de contacts entre les parlementaires et des industriels US, ces derniers ayant invité la délégation à se rendre à Houston. Les industriels, soucieux d’arranger les choses sans se brouiller avec aucun des deux partis, ont fait savoir qu’ils seraient prêts à une rencontre à Washington, évitant ainsi le dangereux déplacement vers le Sud-Ouest sauvage des Etats-Unis. Cette solution de remplacement semble pour l’instant ne pas empêcher la réaction politique de la Commission.

Quelles peuvent être les raisons du Pentagone pour une mesure qu’il est difficile de cantonner au seul aspect bureaucratique (même si celui-ci a joué son rôle dans le climat actuel aux USA)? Il semblerait mettre en garde ses deux interlocuteurs, les Européens de l’UEO comme les industriels US, de ne pas avoir à prendre d’initiative en dehors du contrôle du Pentagone. Cela rentre dans le cadre général de la politique de défiance de la bureaucratie US à l’encontre des Européens.

Cet incident n’est pas sans importance. Si l’UEO en tant qu’organisation est aujourd’hui quasiment inactive, l’Assemblée joue un rôle important et inédit d’information et de débat sur les questions de défense européenne. (L’Assemblée aime préciser qu’elle est la seule de son genre en Europe, habilitée à traiter des questions de défense.) Les documents des Commissions, notamment celle qui est en cause ici, sont d’un très haut niveau par rapport aux travaux parlementaires courants, voire par rapport aux travaux gouvernementaux. (Il se dit que la Commission sur les questions technologiques et aérospatiales prépare un rapport sur le JSF. Le document devrait être d’un réel intérêt.)

Mis en ligne le 21 juin 2006 à 15H05