Le “perfect storm” comme politique parfaite

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Ce terme (“perfect storm”) est en train de s’imposer partout comme marque de fabrique de la politique américaniste. Il a partout sa place. Il s’applique aussi bien à la situation extérieure qu’à la situation intérieure. Il semble avoir atteint à une sorte d’universalité (de perfection ?).

L’expression “perfect storm” est un terme employé en météorologie pour désigner un ouragan tellement puissant et destructeur qu’il en devient archétypique, la chose parfaite si vous voulez. Dans le cas qui nous occupe, “perfect storm” désigne la conjonction et la convergence de tous les éléments possibles, tensions, crises régionales, agressions, déséquilibres, etc., pour aboutir à la “crise parfaite”, la Grande, la Der des Ders…

• Après la nouvelle et excellente initiative du gouvernement israélien d’attaque du Liban (pourquoi ne pas recommencer les mêmes sottises dont on connaît l’absurdité et les effets désastreux depuis un quart de siècle ?), Rupert Cornwell, de The Independent, observe (aujourd’hui 13 juillet) : « Rarely can United States policy in the Middle East have been in such disarray as now. » Cette remarque sans aménité est précédée d’un titre où il nous est dit ceci : « American policy in Middle East caught in ‘a perfect storm’  »

• Dans un très long article crépusculaire sur la situation au Pentagone, le New York Times, en date du 11 juillet, nous donne une citation où l’expression revient : « “It’s a perfect storm,” said Lawrence J. Korb, a former Pentagon assistant secretary, who served in the Reagan administration and is now a senior fellow at the Center for American Progress. “You had this big buildup in military spending. That took a bubbling problem and made it worse. It made it more difficult to audit and keep track of what was going on. It’s always been bad, but I’ve never seen it this bad.” »

Les mots (les expressions) ont une vie propre, une âme si l’on veut. Ils décrivent une situation autant qu’ils contribuent à la créer, s’ils ne la créent pas bel et bien parfois. C’est le cas avec “perfect storm”, qui nous propose un paradoxal caractère d’immobilité avec “perfect” (la perfection est quelque chose qui ne bouge plus) contrastant avec le mot “storm” qui en est l’exact contraire. C’est comme si nous avions atteint l’œil du cyclone, là où tout s’apaise… C’est un peu la situation où vogue désormais, sur la mer immobile et déchaînée, la politique américaniste.


Mis en ligne le 13 juillet 2006 à 10H51