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730La “diplomatie” américaniste a atteint son domaine absolu de prédilection et de nirvana, après une longue marche commencée à Hiroshima en août 1945. La “diplomatie” américaniste est désormais tout entière contenue dans une bombe, et il n’est même plus nécessaire (ouf de soulagement !) qu’elle soit nucléaire. C’est ainsi qu’on devrait interpréter les déclarations de Condi Rice, samedi, — déclarations que tout esprit de bon sens pourrait qualifier, en passant et sans trop s’émouvoir, de surréalistes et d’“à vous couper le souffle”, avant de vaquer à ses occupations.
Ainsi Aljazeera.net et AP rapportent-ils la chose :
« Condoleezza Rice has described the plight of Lebanon as a part of the “birth pangs of a new Middle East” and said that Israel should ignore calls for a ceasefire. “This is a different Middle East. It's a new Middle East. It's hard, We're going through a very violent time,” the US secretary of state said.
» “A ceasefire would be a false promise if it simply returns us to the status quo. Such a step would allow terrorists to launch attacks at the time and terms of their choosing and to threaten innocent people, Arab and Israeli, throughout the region.” »
» She was speaking on Saturday after meeting with members of a United Nations team that had just returned from the region. »
De nombreux auteurs nous indiquent aujourd’hui que c’est en 1945, avec la Bombe, que la diplomatie américaniste a commencé à penser en termes militaires et à se réaliser en termes de tonnages de bombes. L’amiral Gene LaRoque, de l’U.S. Navy et revenu de tout, expliquait en 1984 (The Good War, de Studs Terkel, traduit en 2006 : La bonne guerre, aux éditions Amsterdam) : « Notre armée dirige notre politique étrangère. Le département d’État ne fait rien de plus que de superviser et rattraper les bourdes de l’armée. Le département d’État est devenu le laquais du Pentagone. Cela ne s’était jamais produit avant la Deuxième Guerre mondiale… »
Rice a poussé cette logique à son terme. La diplomatie, c’est la bombe, cette bombe précisément qui tombe, qui explose, qui fracasse un immeuble à Beyrouth, qui tue éventuellement l’un ou l’autre gosse (qu’on nous pardonne cette retape que les libéraux humanitaristes et interventionnistes jugeront sans doute vulgaire et déloyale). Là commence et s’achève la diplomatie. Et, miracle ! Le nouveau Moyen-Orient est accouché. Bon d’accord, ce fut une césarienne pénible (« It’s hard » nous dit Condi et, ma foi, on souffre pour elle). Il faut savoir souffrir pour être belle sur la Cinquième Avenue.
Voilà : à Beyrouth, comme à Kaboul et comme à Bagdad, il est né le divin enfant. Sans doute vaut-il mieux rire de ces pauvres gens (c’est de Rice qu’on parle) puisque pleurer ne changera rien à leur médiocrité ni à l’immeuble fracassé de Beyrouth.
Mis en ligne le 24 juillet 2006 à 09H21