Blair humilié

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Les déclarations de l’adjoint de Koffi Annan, le Britannique Mark Malloch Brown, concernant le rôle du Premier ministre britannique Tony Blair dans la crise du Moyen-Orient, ont été ressenties comme une terrible humiliation par le Premier ministre britannique. Mark Malloch Brown a donné une interview au Financial Times dont la substance est reprise par le Guardian d’hier :

«  This morning [2 August], Kofi Annan's deputy at the United Nations delivered a blunt put-down to the PM — who outlined his fears of an “arc of extremism” in the Middle East in a speech in Los Angeles last night.

» The UN's deputy secretary general, Mark Malloch Brown, said that the current crisis should be dealt with by France, the US, Egypt and Jordan — with the UK “following not leading” on Lebanon.

» In an interview with the Financial Times Mr Malloch Brown said that the crisis between Israel and Lebanon could not be resolved by “the team that led on Iraq”.

» “This cannot be perceived as a US-UK deal with Israel,” he added.

» Mr Malloch Brown — who is British — said that the UK and US were poorly placed to broker a deal over Lebanon because of their role in bringing about war in Iraq.

»  “One of my first bosses taught me it's important to know not just when to lead, but when to follow. For the UK, this is one to follow.

»  “We need [the French president, Jacques] Chirac and Bush, or Chirac, Bush and [the Egyptian president, Hosni] Mubarak and [Jordanian King] Abdullah on a podium, not President Bush and Mr Blair.” »

On ne peut imaginer déclaration plus humiliante pour Blair, venant en plus d’un Britannique (même détaché dans une institution internationale, un Britannique reste britannique — on comprend ce que cela veut dire — et sa déclaration publique vient de “la maison”). Elle signifie l’échec complet de sa politique. Le détail (?) avancé par Malloch Brown selon lequel, parmi les hommes nécessaires pour résoudre la crise, vient le Français Chirac, donne par contre tout son crédit à la politique traditionnelle de la France, le contraire archétypique et visionnaire de la politique blairiste. L’humiliation est, pour le Britannique, encore aggravée.

La déclaration de Malloch Brown est très significative, effectivement. L’Américain Bush est placé dans sa description comme par raccroc, les deux Arabes par nécessité. La France s’y trouve parce que seule la politique française traditionnelle, la politique française dans ses fondements (qui dépassent les hommes en place), est apte à embrasser la situation dans sa diversité. Intéressant constat implicite du Britannique Mark Malloch Brown, de l’ONU : seule la politique française a, aujourd’hui, l’ampleur et l’universalité nécessaires pour traiter la crise.


Mis en ligne le 3 août 2006 à 06H02