Yamamah” qui chauffe

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Le Guardian, qui a beaucoup travaillé dans l’affaire des fabuleux contrats anglo-saoudiens Yamamah, révèle ce matin que l’enquête est proche de son terme. Comme on le sait par ailleurs, cette affaire sème un grand trouble dans les relations entre le Royaume-Uni et l’Arabie Saoudite, tant diplomatiques qu’industrielles (dans le contrat dit “Yamamah-3” en cours d’élaboration pour l’achat d’avions Typhoon par les Saoudiens).

On peut citer ici quelques indications du Guardian :

«The Serious Fraud Office is on the brink of obtaining information from Swiss banks which may implicate the Saudi royal family in secret arms-deal commissions of more than £100m, sources close to the attorney general's office confirmed yesterday.

»The SFO has been inquiring for three years, in some secrecy, into allegations of systematic corruption in international deals arranged by Britain's biggest arms company, BAE Systems.

»But it was only this autumn that the Saudis, along with BAE executives and officials of the MoD's arms sales department, DESO, became aware of how much progress the SFO has made. Sources close to the Swiss say the authorities there notified two middlemen that access to their bank accounts was being sought.

(…)

»Since the Swiss disclosure to their account-holders, the attorney general in London has faced renewed political pressure from BAE to block the expanding SFO investigation. The company has hired a City firm, Allen & Overy, to protect its position with the SFO. BAE denies wrongdoing and says it is co-operating with the inquiry. The attorney general Lord Goldsmith is reported to have refused to intervene, and MPs say any move by him to do so would provoke uproar at Westminster. The Saudis also deny any wrongdoing.

»Saudi officials are reported to have met Tony Blair's chief of staff, Jonathan Powell, to discuss the fate of “Al Yamamah 3”, the latest multi-billion pound installment of BAE's warplane sales to the Saudis, amid fears for the deal if the Swiss probe is not blocked.»

Pour l’instant, il est difficile d’offrir une appréciation précise de la situation, notamment des conséquences potentielles de cette affaire sur les relations anglo-saoudiennes. La confusion est grande, tant dans l’information publiée que dans la réalité des situations. Il semble que le pouvoir politique britannique, extrêmement affaibli (Blair et l’Irak) et préoccupé de ses querelles internes (la bataille puis l’accord Blair-Brown), n’a pu contrôler l’évolution de l’affaire et n’a pu exercer toutes les pressions qu’il aurait pu exercer sur l’évolution de l’enquête.

Certes, nous sommes en démocratie et le pouvoir judiciaire est indépendant. Mais cette réalité est soumise à des interprétations changeantes, selon les réalités politiques et lorsque l’intérêt de l’Etat (et du reste) est mis en cause. Il semble que la colère des Saoudiens s’exerce surtout contre l’inattention et la faiblesse du pouvoir britannique dans cette occurrence. La question est de savoir si le pouvoir politique pourra réagir, et s’il a encore les moyens de le faire, pour sauvegarder les relations avec l’Arabie.


Mis en ligne le 20 novembre 2006 à 17H08