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1023On a déjà développé diverses remarques sur l’importance de BAE dans la vie politique britannique. On peut notamment consulter notre “Analyse” du 19 janvier sur la “Saga Yamamah”, où l’on retrouve cette phrase du Guardian (la meilleure source d’information sur l’aspect politique de l’activisme de BAE) du 16 décembre : «The sway BAE Systems holds over the top of the British establishment is extraordinary.»
George Monbiot, cet excellent chroniqueur du même Guardian, ajoute une pièce puissante au dossier, avec sa chronique du jour. Le sujet concerne le fait que BAE est “un Etat dans l’Etat”, que son influence se double d’une organisation qu’on pourrait définir comme une “organisation de sécurité parallèle à l'état”, avec son service de renseignement auquel il ne manque pas une branche “Action”. En effet, l’occasion de ce texte de Monbiot est le constat par l’organisation CATT, qui veut porter plainte dans le scandale Yamamah, qu'elle a été l’objet de manœuvres illégales d’espionnage, instrumentées évidemment par BAE.
«This week, Campaign Against Arms Trade (CAAT) hopes to obtain a court order against BAE. The order would allow it to discover how the arms company obtained one of its confidential documents. CAAT instructed its lawyers, Leigh Day & Co, to seek a judicial review of the government's decision to drop the corruption case against BAE, which is alleged to have paid massive bribes to members of the Saudi royal family. Leigh Day sent CAAT an email containing advice on costs and tactics. The email ended up in the hands of the arms company.
»How? Correspondence between a plaintiff and his lawyers couldn't be more private. The last people you would show it to are the defendants in the case. But somehow the letter found its way to BAE's offices.
»The arms company argues that it was the unwitting and unwilling recipient of the email. So why does it refuse to tell CAAT who sent it? Why, far from assisting CAAT's attempt to explain this mystery, has it threatened the group with costs for seeking to reveal BAE's source?»
Monbiot décrit le fonctionnement de BAE, «a state within a state in the United Kingdom», et l’extraordinaire allégeance de Tony Blair vis-à-vis de la société d’armement britannique (et, en fait, plus US que britannique). A propos de Tony Blair, qui semble finalement pouvoir être défini par ses liens avec Murdoch et avec BAE, Monbiot écrit, après avoir rappelé (avec des détails inédits) son rôle dans le scandale Yamamah: «The prime minister has never taken such a risk on behalf of one of his departments, let alone his ministers or officials (witness how Lord Levy and Ruth Turner have been left to swing). There are just two friends for whom he will put his legacy on the line: George Bush and BAE.»
Ce texte est à lire et à conserver, pour le résumé analytique convaincant qu’il donne de l’ampleur et de la profondeur de la corruption britannique vis-à-vis de BAE, de l’ampleur et de la profondeur de l’influence de BAE sur la direction britannique. On peut parler de “royaume bananier”, surtout lorsqu’on a à l’esprit l’américanisation de BAE et l’influence du fait sur sa politique. Il s’agit d’une puissante image de la réalité britannique et anglo-saxonne. Notre époque est celle du désordre, c’est-à-dire celle de la corruption ; ou bien, celle de la corruption, c’est-à-dire celle du désordre.
Mis en ligne le 13 février 2007 à 07H38