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978Les Russes ne veulent surtout pas laisser enterrer la question des antimissiles tandis que la poussée de bulldozer du Pentagone, continue très bureaucratiquement à faire avancer son initiative. Dans le Guardian d’aujourd’hui, ils développent (par la voix de Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin) la position russe après un premier “round” d’observation, entre le discours du 10 février de Poutine (à Munich) et la fin mars, avec les offres US de coopération qu’ils ont rejetées.
On peut rapidement mentionner trois axes dans la position russe, qui permettent de développer côte à côte une position structurelle (stratégique) très ferme et très dure et une position conjoncturelle très souple.
• La position structurelle, stratégique, très dure et très ferme est appuyée sur un constat : les USA (l’OTAN) n’ont pas suivi la voie de leurs promesses de la fin de la Guerre froide. «Yevgeny Myasnikov, a senior research scientist at Moscow's Centre for Arms Control, told the Guardian. “Russia has been deeply disappointed by what has happened after 1991. Nato started to expand, and the US started to think it had won the cold war. We had hoped for a partnership. But it didn't happen.”» Les Russes y voient une trahison des promesses qui avaient été faites, trahison qui se concrétise aujourd’hui : «In an interview with the Guardian, the Kremlin's chief spokesman, Dmitry Peskov, said Moscow felt betrayed by the Pentagon's move. “We were extremely concerned and disappointed. We were never informed in advance about these plans. It brings tremendous change to the strategic balance in Europe, and to the world's strategic stability.”[…] “We feel ourselves deceived”»
• Complément de ce qui précède : l’appréciation stratégique de l’initiative US est présentée comme extrêmement déstabilisante. Il ne fait aucun doute pour les Russes qu’elle est destinée à réduire la puissance soviétique, l’argument des missiles nord-coréens et iraniens étant constamment repoussé, voire ridiculisé. (L’initiative US «will change “the world's strategic stability” [… Dmitry Peskov said it] “brings tremendous change to the strategic balance in Europe, and to the world's strategic stability.”»)
• Moscou prépare des mesures militaires pour contrer les plans du Pentagone. Ces mesures sont pour l’instant modérées et n’impliquent rien de fondamentalement dramatique. «The Kremlin has not publicly spelt out its plans. But defence experts said its response is likely to include upgrading its nuclear missile arsenal so that it is harder to shoot down, putting more missiles on mobile launchers, and moving its fleet of nuclear submarines to the north pole, where they are virtually undetectable. Russia could also bring the new US silos within the range of its Iskander missiles launched potentially from the nearby Russian enclave of Kaliningrad, they add.» Importante précision donnée par Peskov, qui impliquerait que, pour l’instant, la Russie ne veut pas développer une nouvelle catégorie de missiles de théâtre (type SS-20 modernisé) qui conduirait à une sortie du traité INF : «Potentially we will have to create alternatives to this but with low cost and higher efficiency. Any response would be within “existing technologies”, he said.»
• Au niveau diplomatique tactique, les Russes affirment le principe d’une ouverture constante : «As well as military counter-measures, Russia's president, Vladimir Putin, also wanted “dialogue” and “negotiations”, [ Dmitry Peskov] added.» La chose s’adresse aux USA, mais surtout aux Européens.
Mis en ligne le 11 avril 2007 à 09H57