Un rappel pour nos âmes inquiètes : le cri d’alarme de Boeing parce qu’il n’y a pas assez d’argent pour la défense

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Nous proposons ce rappel, plein d’intérêt pour une circonstance actuelle que met en évidence William S. Lind. A la veille du Salon du Bourget (18-24 juin), le 17 juin, le CEO de Boeing s’était alarmé du montant du budget américain de la défense. Il le trouvait très étriqué, disons à la limite des nécessités, et il s’inquiètait qu’il puisse décroître dans certaines circonstances (malheureuses ?), comme par exemple la fin de la guerre en Irak ou/et en Afghanistan. Certains pourraient juger cette inquiétude étrange (celle du budget menacé), devant ce qui paraît être une tendance budgétaire colossale (voir les estimations les plus récentes sur un budget qui dépasse annuellement les $1.000 milliards). (Comme on pourrait juger inattendue et instructive cette “crainte” de voir cesser les guerres en Afghanistan et en Irak.)

Le Financial Times rapportait en ces termes l’intervention du patron de Boeing, Jim Albaugh.

»US defence spending needs to be kept at record levels to cope with the threat of global terrorism and the emergence of China as a military rival, the head of Boeing’s defence business has warned.

»Speaking ahead of this week’s Paris Air Show, Jim Albaugh forecast a slowdown in the Pentagon budget but warned that a decline would leave the country relying on old and worn out weapons after recent conflicts.

»“The question is what happens when we come out of Iraq and Afghanistan and the supplementals [additional payments used to fund the wars] start to dry up,” he said.

»“Right now it’s a lot different to after the end of the cold war. Then the threat really went away and the equipment for the most part was new.”

»Mr Albaugh’s assessment of the future defence budget is bleaker than his biggest rival, Bob Stevens, chief executive of Lockheed Martin.

»However, the Boeing defence chief said he could afford to be “pretty objective” because his company was protected by its booming passenger jet business, unlike defence industry rivals.

»Several high-profile Boeing projects face substantial cuts during the current round of budget negotiations in the Senate and Congress.

»These include the $200bn Future Combat Systems programme to modernise the US army’s battlefield equipment, the controversial US missile defence system and an airborne laser weapon.»

Comme on l’a déjà vu en citant William Pfaff, c’est la peur (Pfaff la nomme “This Great Fear”) qui conduit aujourd’hui toutes les pensées du système de l’américanisme. Peur du terrorisme et de tous les mythes qui l’accompagnent dans le cas examiné par Pfaff, et peur qui ferait rester les USA en Irak envers et contre tout («No door can be closed this time because both Democrats and Republicans have interiorized the idea of the global war against terror. Integral to that is fear. [...] This Great Fear will keep America in the Middle East...»). Peur que ces guerres cessent dans le cas du patron de Boeing, et que les dépenses de défense soient réduites à cause de cela… Dans ces deux cas, l’irrationalité conduit absolument la pensée.

On voit aussi, plus récemment, à la fin juin, que la question du niveau du budget de la défense US est également examinée avec une immense inquiétude par les intellectuels du néo-conservatisme et assimilés. Toutes ces inquiétudes ne sont pas gratuites ou accidentelles. A la lumière du débat que réclame implicitement William S. Lind (abandon de la Revolution in Military Affairs pour s’adapter à la G4G, donc abandon des grands programmes de hautes technologies), voici donc une peur de plus, plus générale, plus ontologique : que le retour en force de la réalité sous la forme de conflits qui nous ramènent à la réalité des guerres conduise à la mise en cause du principe même de l’énorme architecture de gaspillage (sauf pour les bénéfices de l’industrie de défense) du Pentagone.


Mis en ligne le 6 juillet 2007 à 09H56