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885Les échos sont maintenant indubitables et d’une très forte signification. Les relations entre le Premier ministre irakien El-Maliki et le général Petraeus, commandant-miracle des forces US en Irak, sont absolument exécrables. Les rencontres entre les deux hommes sont en général de véritables affrontements. El-Maliki a déjà demandé à Bush le renvoi de son général-miracle et il a fallu une plaidoirie de près d’un quart d’heure de GW (tout cela sur grand écran, à 12.000 kilomètres de distance) pour faire revenir l’Irakien à de meilleurs sentiments.
«One Iraqi source said Mr Maliki used a video conference with Mr Bush to call for the general's signature strategy to be scrapped. “He told Bush that if Petraeus continues, he would arm Shia militias,” said the official. “Bush told Maliki to calm down.”
»At another meeting with Gen Petraeus, Mr Maliki said: “I can't deal with you any more. I will ask for someone else to replace you.”»
Ces précisions sont données par le Daily Telegraph du 27 juillet. Un autre article, d’AP et repris notamment le 27 juillet par le Marine Corps Times, documente également le duel entre les deux hommes censés être alliés dans le même combat pour la civilisation. (Les deux articles se recoupent et laissent penser que le journaliste du Telegraph s’est largement inspiré du compte-rendu d’AP.)
Des explications diverses sont données pour ces relations difficiles. Voici celles de Petraeus (AP) :
«Petraeus, a wily, rising star at the Pentagon who is known for holding his cards close to his chest, called his relations with al-Maliki “very good...and that’s the truth,” but acknowledged, “we have not pulled punches with each other.”
»Here’s why, he said:
»“We have made an enormous investment here — 3,600-plus soldiers, sailors, airmen and Marines have given their lives. And where we see something that could unhinge the progress that our soldiers and their soldiers are fighting to make ... or jeopardize some of the very hard-fought gains that we have made, I’m going to speak up. And I have on occasion. And on a couple of occasions have demonstrated the full range of emotions.”»
La réalité semble être que tout oppose les deux hommes, leurs personnalités aussi bien que leurs objectifs différents. Petraeus veut obtenir des résultats par tous les moyens, très vite, en septembre si possible (pour son rapport au Congrès sur les progrès de son offensive), pour satisfaire son patron (le Président) et favoriser la suite de sa carrière. Pour cela, il est prêt à tous les expédients, y compris armer les milices sunnites pour prétendument affronter Al Qaïda. El Maliki, lui, veut conserver son poste de Premier ministre dans des conditions épouvantablement difficiles, en favorisant sa base chiite et en préparant la prise en main de la situation par la majorité chiite. Comme tous les leaders chiites, il est proche de l’Iran et veut tenir les sunnites irakiens à distance, ce qui va contre la politique de Petraeus.
Cet épisode incongru est également la marque d’une situation intérieure irakienne que personne ne contrôle. On y constate surtout que les USA y jouent de plus en plus nettement un jeu quasi-uniquement conditionné par la situation à Washington. Petraeus n’agit qu’en fonction de ses intérêts personnels, par rapport à ses engagements et intérêts de carrière ; en fait de général-miracle capable de résoudre les problèmes tactiques en Irak, c’est sans doute le général le plus “politique” qui ait eu jusqu’ici la charge du théâtre irakien.
Mis en ligne le 29 juillet 2007 à 12H34