Bush parle d’“holocauste nucléaire” à propos de l’Iran

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GW Bush parle, une fois de plus, d’une attaque contre l’Iran, dans un nouveau discours de politique étrangère, ou de politique agressive si l’on préfère, devant l’American Legion, à Reno, dans le Nevada. Le problème est de savoir à quelle situation ont trait ces menaces d’attaque. Deux réactions de deux médias très différent montrent bien les différences, l’ambiguïté et l’entretien de cette ambiguïté qu’impliquent les différences d’interprétation.

• Le Times de Londres (article ce jour) suit la ligne résolument alarmiste qui rencontre les conceptions néo-conservatrices, en tentant de rameuter le plus de monde autour de l’idée de l’inévitabilité d’une attaque de l’Iran à cause de son effort nucléaire. Ce quotidien prestigieux ne cesse d’apparaître de plus en plus clairement, sur des points essentiels, comme un vulgaire organe de propagande, — résultat de son intégration dans le groupe Murdoch. Dans ce cas, l’activité propagandiste implique une référence directe au discours de Sarkozy, — sur lequel le Times avait déjà son interprétation.

«President Bush gave warning last night that Iran’s pursuit of the atomic bomb could lead to a nuclear holocaust in the Middle East, and promised to confront Tehran “before it is too late”.

»Mr Bush’s remarks, the starkest warning that he has made about Iran’s nuclear ambitions, came hours after President Ahmadinejad of Iran said that a power vacuum was imminent in Iraq and that Tehran was ready to fill it.

»Mr Bush also talked for the first time of “two strains” of Islamic radicalism causing chaos in Iraq and the region: not only Sunni jihadists, about whom he has spoken often, but also “Shia extremism, supported and embodied by Iran’s Government”.

»The comments displayed a new aggression towards Tehran, a day after President Sarkozy of France raised the prospect of airstrikes on Iran if the crisis over its nuclear ambitions could not be solved through diplomacy.»

• Le contraste est complet avec l’analyse de Bill Van Auken que publie ce jour le site WSWS.org. On y constate que le discours est entièrement centré sur la situation en Irak et ses divers prolongements et constitue au moins une préparation psychologique à l’arrivée du général Petraeus à Washington et à la présentation au Congrès de son rapport sur la situation en Irak, le 11 septembre prochain (notez l’habileté du choix de la date). Les mensonges habituels, les fantaisies ahurissantes (comme les liens d’Al Qaïda avec Saddam) continuent à être débités. Ce n’est que dans ce contexte que Bush en vient à parler de l’Iran, pour accuser ce pays d’interventions diverses et variées. Il mentionne l’aspect nucléaire pour charger le dossier de la dimension apocalyptique qui convient mais n’en fait pas sa thèse centrale. Il s’intéresse surtout aux soi-disant incursions iraniennes en Irak, qui constituent le casus belli en vogue aujourd’hui à Washington.

«“Shia extremism,” Bush charged, is “supported and embodied by the regime that sits in Tehran.” He described the Iranian government as “the world’s leading state sponsor of terrorism,” while claiming that it threatened the region with “a nuclear holocaust.”

»Bush repeated the unsubstantiated charges that American forces are coming under increasing attack from Iranian-supplied weapons and that Iranian Revolutionary Guard elements are training and arming Iraqi “extremist groups.”

(…)

»Bush followed his allegations against Iran with an unmistakable threat. Iran, he said, “... cannot escape responsibility for aiding attacks against coalition forces and the murder of innocent Iraqis. The Iranian regime must halt these actions. And until it does, I will take actions necessary to protect our troops. I have authorized our military commanders in Iraq to confront Tehran’s murderous activities.”

»The implication is clear. The debacle confronting the American occupation of Iraq is driving the government in Washington not towards a withdrawal of US forces, but rather towards an even bloodier military adventure.

»The charges of alleged Iranian terrorism and weapons constitute a direct echo of the pretexts used four-and-a-half years ago to prepare the war of aggression against Iraq. There is every reason to believe that the world is on the brink of another eruption of US militarism.»

Cette différence d’approche sur l’Iran est essentielle et ne cessera de se marquer. Quoiqu’il en paraisse, la préoccupation centrale de Washington reste l’Irak, et l’agressivité contre l’Iran ne cesse pas d’évoluer vers ce rapport fait avec la situation irakienne. Il s’agit de plus en plus d’un cas très différent de la crise iranienne telle qu’elle a été envisagée jusqu’ici. (Le point essentiel est qu’une attaque US contre l’Iran selon le principe du “droit de suite” à partir de l’Irak, quelle que soit l’opinion qu’on ait de cet argument, ne dépend pas éventuellement d’une autorisation de l’ONU. Cela devient une affaire régionale et bilatérale ou trilatérale entre les acteurs concernés, — Irak, Iran et USA. D’autres points importants concernent les cibles : des bases de l’IRGC ou/et des installations nucléaires? S’agira-t-il d’attaques ponctuelles et localisées ou de quelque choses de plus important? Etc.)

Il s’agit d’une orientation qui mettra notablement en difficultés les pays qui, avec les USA, négocient avec l’Iran sur la question nucléaire, et particulièrement la France après le discours de Sarkozy et l’interprétation qu’en a faite Washington.


Mis en ligne le 29 août 2007