L’idée de Giuliani : Israël dans l’OTAN, contre l’Iran

Il y a eu des déclarations notables du candidat (favori) à la désignation républicaine Rudy Giuliani, l’ancien maire de New York, à Londres devant les conservateurs britanniques. L’extrémisme de ces déclarations, alors que Giuliani se présente en général comme un républicain modéré, laisse à penser que la campagne présidentielle US sera une surenchère permanente dans l’extrémisme de politique extérieure. D’ores et déjà, les positions de Giuliani sont largement plus extrémistes que celles de GW.

• Giuliani a adopté un ton extrêmement dur contre l’Iran, mettant en avant une position d’ultimatum contre ce pays.

• Il a affirmé qu’il proposerait, s’il était élu, de faire entrer Israël dans l’OTAN, explicitement pour entraîner une riposte occidentale massive en cas d’attaque contre Israël, — et, semble-t-il, d’après les réflexions d’un de ses nouveaux conseillers, Nile Gardiner (un ancien conseiller de Thatcher), en cas de n’importe quelle attaque contre Israël. Il s’agirait essentiellement de frapper l’Iran; on ajouterait volontiers: dans tous les cas et à tout hasard.

• Pour donner du charme à sa proposition, Giuliani estime que d'autres pays devraient être appelés dans l'OTAN, comme on l'est dans une confrérie radieuse: l'Australie, l'Inde, Singapour, le Japon... C'est reprendre l'idée de Richard Perle de novembre 2002 de l'OTAN remplaçant l'ONU. On connaît ses classiques et la musique.

Glenn Greenwald, dans son Blog sur le site de Salon.com, fait un long commentaire ce 21 septembre sur ces déclarations de Giuliani.

«In London this week, Rudy Giuliani proposed what is probably the single most extremist policy of any major presidential candidate, certainly this year and perhaps in many years:

»Rudy Giuliani talked tough on Iran yesterday, proposing to expand NATO to include Israel and warning that if Iran's leaders go ahead with their goal to be a nuclear power “we will prevent it, or we will set them back five or 10 years.”…

»While Giuliani did not explicitly address the implications for Iran of adding Israel to NATO in his speech, his aides later highlighted a 2006 Heritage Foundation paper by Nile Gardiner, a former Thatcher aide who was announced as a new Giuliani adviser yesterday.

»That step would “leave the mullahs with no illusions about the West's determination to respond to Iran's strategic threat to the region,” Gardiner wrote. “Any nuclear or conventional attack on Israel, be it direct or through proxies such as Hezbollah or other terrorist groups, would be met by a cataclysmic response from the West.”

»Adding Israel to NATO has been opposed by France and some other European nations in the past, largely because it would entangle the alliance in the Middle East.

»Like most countries, Israel deems all of its wars to be defensive wars in response to threats. So Rudy Giuliani, as President, would in essence deem any war in which Israel is involved to be, by definition, a war on the U.S., and would use American resources and lives to become involved in any such war and fight on behalf of Israel. Shouldn't the fact that the leading GOP candidate for President believes such a thing be the source of a bit more discussion? Other than John Edwards' views regarding haircuts, is there any major presidential candidate who has espoused a view anywhere near this radical or controversial?»

Ces interventions constituent une indication convaincante du climat qui va s’installer aux USA pendant la campagne électorale. Ce climat va continuellement peser sur la politique extérieure des USA, notamment dans l’affrontement contre l’Iran. Cette sorte de proposition (Israël dans l’OTAN) indique qu’il n’est plus question d’unilatéralisme des USA comme lors du premier mandat de Bush. Les Européens, qui ont tant déploré cette politique, seraient bien un jour conduits à la regretter. Ce que Giuliani propose n’est rien d’autre que l’extension de l’unilatéralisme américaniste à tout l’Occident, et l’engagement de tout l’Occident dans tous les effets des affrontements extrémistes entre Israël et ses voisins. (On pourrait imaginer que l’équipe Sarko-Kouchner pourrait être satisfaite par l’idée puisqu’elle pourrait faire d’une pierre deux coups : réintégrer complètement l’OTAN et attaquer l’Iran?)

Comme l’observe Greenwald, “dans un monde rationnel” ces propositions de Giuliani provoqueraient un tollé chez les autres candidats. («In a rational world, Giuliani's proposal would be a major controversy, and the other presidential candidates — Republican and Democrat alike — would be loudly pointing to this extremist view to harm the Giuliani campaign.») Il n’en a rien été, aucune protestation, aucune attaque contre Giuliani. Il ne serait pas étonnant qu’on retrouve ces propositions chez d’autres candidats.

Mis en ligne le 23 septembre 2007 09H24