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1130Il apparaît que l’USAF en tant que service, c’est-à-dire jouant un jeu propre qui est par exemple différent, sinon opposé à celui de la Navy, est de plus en plus associée à l’offensive de propagande des néo-conservateurs pour déclencher une attaque contre l’Iran. Un article du Sunday Telegraph d’aujourd’hui en apporte un exemple de plus. Il annonce que les forces aériennes des pays du Golfe s’entraînent avec l’USAF pour une éventuelle attaque contre l’Iran. (La publication dans le Daily Telegraph est logique. Le quotidien est l’un des principaux relais UK des neocons et c’est une bonne tactique de faire passer cette information soi-disant “sensationnelle” par la presse UK, moins préoccupée par sa position à Washington et pourtant largement lue dans la capitale US.)
«The American air force is working with military leaders from the Gulf to train and prepare Arab air forces for a possible war with Iran, The Sunday Telegraph can reveal.
»An air warfare conference in Washington last week was told how American air chiefs have helped to co-ordinate intelligence-sharing with Gulf Arab nations and organise combined exercises designed to make it easier to fight together.
»Gen Michael Mosley, the US Air Force chief of staff, used the conference to seek closer links with allies whose support America might need if President George W Bush chooses to bomb Iran.
»Pentagon air chiefs have helped set up an air warfare centre in the United Arab Emirates (UAE) where Gulf nations are training their fighter pilots and America has big bases. It is modelled on the US Air Force warfare centre at Nellis air force base in Nevada.
»Jordan and the UAE have both taken part in combined exercises designed to make sure their air forces can fly, and fight, together and with American jets.
»The conference was long-planned to discuss developments in air warfare technology, but the question of possible hostilities involving Iran was discussed.»
Il nous paraît raisonnable de faire l’hypothèse que cette conférence dont parle sans l’identifier le Sunday Telegraph est l’une des deux conférences annuelles de l’Air Force Association (AFA), la “Air & Space Conference and Technology Exposition” qui a eu lieu les 25 et 26 septembre à Washington. Cette conférence régulière de septembre à Washington est l’un des grands événements annuels de l’AFA, énorme organisation de lobbying de l’USAF, travaillant en coordination directe avec cette force. Le chef d’état-major de l’USAF y parlait, ce qui rejoint la citation faite dans l’article.
Le reste de l’article est une “interprétation” de faits certainement réels. Bien entendu, il existe des activités d’entraînement et de coordination de l’USAF avec toutes les forces aériennes du Golfe; ces activités font partie de la tactique bureaucratique habituelle du Pentagone pour contrôler ces forces aériennes, avec les ventes d’armes US et pour compléter celles-ci. Tout comme les plans de guerre, ces activités qui ont lieu en permanence ne signifient évidemment pas qu’il y aura la guerre. La propagande “neocon”, relayée d’ailleurs et paradoxalement par les commentaires des anti-guerres (les mêmes faits interprétés servant à alimenter les deux positions contraires), “interprète” ces activités courantes en indices de préparation d’une attaque. L’USAF laisse dire et laisse faire; elle ne serait pas contre une attaque, on l’a vu, mais elle ne tient pas à trop se compromettre. Son attitude ressort de l’attitude officielle courante par rapport aux opérations clandestines: “allez-y mais si vous vous faites prendre, nous ne vous connaissons pas”.
(On peut même dire que l’USAF soigne sa position d’apparente neutralité. Le seul écho de la conférence ayant trait à l’Iran, mis en ligne par Air Force Daily, la lettre d'information quotidienne de AFA, concerne, le 26 septembre, l’évocation d’une troisième option qui écarterait l’attaque aérienne, qui serait une action de déstabilisation interne: «A Third Option on Iran?: Ray Tanter, counterterrorism specialist, told attendees at AFA’s annual Air & Space Conference Sept. 25 that he has an option for dealing with Iran that avoided both fruitless diplomatic negotiations and a military air strike alternative...»)
On fera également l’hypothèse que ce bruit fait autour de soi-disant “préparatifs de guerre” avec les pays du Golfe vient à point pour tenter de contrer l’activisme anti-guerre de l’amiral Fallon, commandant de CentCom. Fallon vient de faire une tournée dans les pays du Golfe et n’a cessé de dénoncer les “bruits de guerre” publiés dans la presse.
Mis en ligne le 30 septembre 2007 à 13H03