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660Cet article nous a arrêtés, par son ton aussi bien que par son contenu. Il exprime si bien un “esprit” qui conquiert la raison, qui emporte la perception, qui nous impose “une” réalité. L’auteur n’en est pas responsable, elle ne fait qu’exprimer justement; tout juste pourrait-on lui reprocher de n’avoir rien remarqué? Mais peut-être est-ce nous qui nous faisons des idées?
… Car à lire cet article de Suzanne Goldenberg, du Guardian, aujourd’hui, on a l’impression qu'Hillary Clinton est sur la voie d’être élue, ou désignée qu’importe (dans ce cas candidate du parti démocrate aux présidentielles US), par le seul fait de l’argent qu’elle reçoit de ses donateurs (petits et grands, riches ou moins riches, généreux ou mesurés): «Hillary Clinton a renforcé sa position de favorite pour la désignation démocrate…», «L’annonce trimestrielle des volumes de donations a placé la sénatrice de New York en tête devant Barack Obama…», «Dans un e-mail triomphant à ses supporteurs, le camp de Clinton a décrit les rentrées d’argent comme une rétribution de son excellente prestation dans les débats télévisés…» Le contenu de l’e-mail remerciant ls partisans d’Hillary montre bien qu’il s’agit d’un “vote”, que c’est bien plus significatif qu’un sondage sur les intentions de vote : «C’est un moment où vous avez montré que l’Amérique est prête pour le changement et que vous êtes prêts pour faire l’histoire. C’est un moment où votre engagement a démenti les sceptiques.»
Le langage employé, le rythme de l’article, tout y concourt… L’énoncé de la chose, l’“esprit” de la chose tel qu’il est suggéré en un sens, tel qu’il a du être perçu par la journaliste, tel qu’il a du lui être suggéré par ses contacts dans l’équipe Clinton, donc tel qu’il doit être ressenti fortement dans cette équipe elle-même, — c’est que le volume d’argent récolté remplace, dans l’ordre, les sondages sur les intentions de vote et, au bout du compte, les électeurs et l’élection elle-même. Dans la perception, l’argent a remplacé effectivement le vote: il le précède, l’annonce, le dessine, — bref il le remplace. Bien entendu, ce n’est pas propre à la sénatrice (qui a pourtant de grandes dents dans ce domaine) mais au monde politique lui-même, au système, à leur façon de voir et à leur perception. Répétons-le, tout cela est exposé inconsciemment dans cet article, certainement d’une façon innocente, et c’est pour cela que ce texte est significatif. La conclusion, c’est que l’élection se fait au volume d’argent que vous recevez des donateurs. Celui qui a reçu le plus d’argent pour sa campagne est élu. Plus besoin de voter. D’ailleurs, les choses seraient plus nettes de cette façon, si l'on s'abstenait de voter, la réalité de la situation serait plus franchement exposée.
«Hillary Clinton solidified her status as the frontrunner for the Democratic nomination yesterday, surpassing all her rivals in fundraising to bring in $27m (£13m) for her campaign in the past three months.
»The quarterly announcement of fundraising totals puts the senator from New York ahead of Barack Obama, who had previously held an advantage in fundraising even while trailing Ms Clinton in the opinion polls. Mr Obama took in $20m.
»In an triumphant email to supporters, the Clinton campaign depicted the inflow of funds as a return on the candidate's strong performance in televised debates and on the hustings. “This is the moment when you showed that America is ready for change and that you are ready to make history. This is the moment when your dedication defied the sceptics.” The strong showing for Ms Clinton defied predictions that Mr Obama would outperform her on fundraising as he did in the second quarter. The Obama campaign has been touting its army of small donors as the secret to its fundraising prowess. The campaign reported bringing in 93,000 new contributors in the past three months.
»The cash haul for Ms Clinton also belies her campaign's recent troubles with fundraising. The campaign last month was forced to return some $850,000 that had been raised by a donor facing prosecution in an unrelated fraud case.
»Yesterday's figures plus the most recent ones from The Centre for Responsive Politics, an independent thinktank which tracks election finance, put Ms Clinton's overall takings for the primary season at about $90m, which includes $10m left over from her 2006 Senate re-election campaign. On the same basis Mr Obama has raised about $79m.»
Mis en ligne le 3 octobre 2007 à
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