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1210Que ceux qui s’interrogent sur les causes profondes d’une possible attaque-surprise de l’Iran dont les plans sont discutés publiquement depuis deux ans soient enfin assurés et rassurés. On sait désormais la cause centrale. On ne rit pas, sans aucun doute. Debra Cagan, adjointe à l’assistant pour les affaires de la coalition du secrétaire à la défense Robert Gates, l’a exposé abruptement mais clairement à six députés britanniques en visite au Pentagone: «In any case, I hate all Iranians.» A cela, il n’y a rien à redire.
Madame Debra Cagan est, semble-t-il, un étrange personnage, y compris dans son apparence physique (cela dit avec précaution, en prenant garde au “délit de faciès”), — selon Gary Leupp dans CounterPunch du 2 octobre:
«The official in question, Debra Cagan, appears in the Daily Mail photo in a red leather blouse and what looks like a chain-mail choker around her neck, along with some sort of martial cross although I understand she's Jewish. Her hair's slicked back like that of a fifties street gang kid. She looks like a butch dominatrix. I hope she would not be offended by this description because it is accurate and I suspect it's her intention to project such an image. (Compare Secretary of State Condoleezza Rice in February 2005 arriving at the Wiesbaden Army Airfield wearing a black skirt showing just a little leg, a black gold-buttoned coat descending to mid-calf, and knee-high dirk-slim high-heeled boots. What fashion statement are these powerful political women trying to make?)»
L’affaire a été découverte par des confidences de l’un ou l’autre parlementaire UK du groupe de six en visite au Pentagone, courant septembre (la rencontre de madame Cagan date du 11 septembre, ce dont on se serait douté). Les confidences ont été faites au Daily Mail et publiées dans ce quotidien le 29 septembre.
«The six MPs were taken aback by the hardline approach of the Pentagon and in particular Ms Cagan, one of Mr Bush's foreign policy advisers.
»She made it clear that although the US had no plans to attack Iran, it did not rule out doing so if the Iranians ignored warnings not to develop a nuclear bomb.
»It was her tone when they met her on September 11 that shocked them most. The MPs say that at one point she said: “In any case, I hate all Iranians.” Although it was an aside, it was not out of keeping with her general demeanour.
»“She seemed more keen on saying she didn't like Iranians than that the US had no plans to attack Iran,” said one MP. “She did say there were no plans for an attack but the tone did not fit the words.” Another MP said: “I formed the impression that some in America are looking for an excuse to attack Iran. It was very alarming.”
»Tory Stuart Graham, who was on the ten-day trip, would not discuss Ms Cagan but said: “It was very sobering to hear from the horse's mouth how the US sees the situation.”
»Ms Cagan, whose job involves keeping the coalition in Iraq together, also criticised Britain for pulling out troops. “She said if we leave the south of Iraq, the Iranians will take it over,” said one MP.
»Another said: “She is very forceful and some of my colleagues were intimidated by her muscular style.”»
Etrange visite, n’est-il pas. Il semble effectivement que madame Cagan impressionne son monde par son roulage de mécanique («…intimidated by her muscular style.”»), qu’elle ne tienne guère en estime le constat que l’attaque n’a pas encore eu lieu, qu’elle cherche avec fièvre et ferveur un argument pour attaquer l’Iran, — non, que, finalement, elle a cet argument, sans discussion: bon Dieu, «I Hate All Iranians».
Faut-il quelque autre remarque, — hormis la sempiternelle évidence que ce monde de l’hyper-technologie barbare de l’américanisme fonctionne à fond selon une conception suprématiste du monde, fondée sur l’affirmation d’une supériorité technologique perçue comme un argument impératif de supériorité raciale? On en trouvera deux, tout de même.
• La surprise de ces parlementaires entendant parler sans fard leurs alliés américanistes, comme à d’autres occasions la même surprise dans des circonstances assez similaires, tout cela ne cesse de nous surprendre. C’est une entreprise bien difficile de faire accepter par une raison désespérée de voir ses craintes les plus folles confirmées, les faits nus de la réalité qui confirment ces craintes; avec les USA comme alliés, on n’y coupe pas. Il n’y a rien de moins surprenant que de rencontrer dans les couloirs du Pentagne cette folle qui roule des mécaniques et qui jette : “Je hais les Iraniens”. C’est évidemment comme cela que fonctionne la stratégie américaniste aujourd’hui. Il s’agit d’une stratégie absolument barbarisée, à partir des instruments de puissance qui ont été conçus pour affirmer la supériorité barbare de la modernité. (“Full circle” ou la boucle est bouclée, de la modernité à la barbarie.)
• D’autre part et un peu à l’inverse, — mais pourquoi pas, ces situations sont si riches, — il est tout de même stupéfiant de voir une Cagan se lâcher comme elle l’a fait devant les dignes MP britanniques en visite de bon voisinage. Son intervention fait un peu désordre, énervée, un peu hors de son gonds; pour un peu, on la sentirait au bord de la crise de nerfs, de ne pouvoir taper comme elle aimerait le faire contre ces foutus Iraniens; peut-être y a-t-il aussi l’énervement de voir que la suprématie raciale de l’hyper-technologie semble contestée par quelques pouilleux types Irakiens-Iraniens. Cela signifie que le conformisme et les consignes du système de dissimuler ces pulsions fondamentales ne fonctionnent plus de façon étanche. De plus en plus souvent, l’hystérie prend le dessus. Cela signifie que la pression à laquelle nous sommes soumis, avec ces plans d’attaque qu’on nous sort toutes les semaines, touche aussi les barbares du Pentagone. On joue avec leurs nerfs (on allait dire : “avec leurs couilles”, mais comme c’est une dame).
Dont acte, et à bientôt à Téhéran, la Cagan.
Mis en ligne le 6 octobre 2007 à 13H12
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