On (Poutine) en parle: changement US possible sur les anti-missiles

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Lors du retour de la délégation US de Moscou, après les conversations sur les anti-missiles US en Europe, des rumeurs laissaient entendre la possibilité d’un gel du processus de déploiement des anti-missiles US. A Téhéran, le 16 octobre (selon Novosti), le président russe a laissé entendre, à son tour, qu’il semblait se passer quelque chose du côté US.

«“Nos récents contacts avec nos partenaires américains montrent qu'une certaine modification de leurs vues est également possible, nous poursuivrons notre dialogue”, a indiqué le président russe dans un entretien accordé aux journalistes iraniens.

»D'après le président russe, le dialogue avec les partenaires américains et européens avance avec difficulté.

»“Nous estimons que pour créer une défense antimissile, il faut s'appuyer sur plusieurs données à la fois. Premièrement, il importe de déterminer l'origine d'éventuelles frappes au missile. Aujourd'hui, ces données font défaut. En tout cas, nous ne les possédons pas. Si d'aucuns en disposent, ils doivent les produire”, a dit Vladimir Poutine.

»“Deux, il faut garantir un accès démocratique à cette structure (ABM) et participer à son fonctionnement”, a poursuivi le président russe. Et enfin, il faut s'entendre sur les modalités de gestion conjointe, a-t-il encore estimé.»

De quelle façon les Américains peuvent-ils “modifier leurs vues” dans une “certaine” mesure? Il est certain que l’hypothèse d’un gel du processus de déploiement vient d’abord à l’esprit, ce qui correspondrait à une demande des Russes (geler le processus en attendant que la querelle soit résolue, pour permettre aux négociations de se poursuivre). D’autre part, les points sur lesquels il peut y avoir modification de la position US sont les trois exigences présentées par Poutine (évaluation de la menace, contrôle conjoint du système, gestion conjointe du système).

Ces perspectives sont éventuellement belles et bonnes mais soulèvent également des problèmes. Bien entendu, ils ne sont pas du côté russe, parce que la Russie a une politique claire et une position nette et logique. Ils sont essentiellement du côté US et portent sur deux/trois fronts.

• Le front intérieur. Une modification de la position US ne risque-t-elle pas de se heurter à des querelles internes entre les différents centres de pouvoir à Washington, à l’heure où le pouvoir central en tant que tel n’existe plus? Ce n’est évidemment pas impossible, en présence d’une administration assiégée, d’un Pentagone incontrôlable, d’un Congrès à la fois puissant et impuissant, d’une campagne électorale déjà ouverte et ainsi de suite. Les interférences des milieux extrémistes, anti-iraniens, et également les pressions israéliennes par lobby interposé, peuvent se faire sentir.

• Le premier front européen. Malgré l’apparence, les USA ne sont pas seuls dans l’affaire. Il y a d’abord leurs alliés d’Europe de l’Est (Pologne et Tchéquie en premier) qui ont tout misé sur une position maximaliste et intransigeante, et qui pourraient se retrouver sans la référence-tutrice de leur intransigeance. (Ne pas oublier que, pour les Polonais, les anti-missiles US ont comme destination de s’opposer à la Russie et de fournir à la Pologne une garantie de sécurité vis-à-vis de la Russie, pas de l’Iran.)

• Le deuxième front européen, — les autres Européens, essentiellement occidentaux, et les organisations européennes ou transatlantiques. Tous ces Européens qui n’ont rien vu se faire dans cette crise qui a démarré formellement en février, et qui se sont bien abstenus de trop chercher à voir, vont-ils laisser faire Russes et Américains si ceux-ci rapprochent leurs positions et élaborent un accord sur cette question? On serait presque gênés de rappeler qu’il s’agit tout de même d’une affaire concernant la sécurité européenne, — mais enfin, c’est bien le cas…


Mis en ligne le 17 octobre 2007 à 12H17