Affreuse nouvelle : le dollar n’est plus à la mode

Bloc-Notes

   Forum

Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 1010

… Or, c’est une mode qui dure depuis près d’un siècle. C’est lors de l’entre-deux guerres, notamment par la vogue commençante des films hollywoodiens (leur exportation explosa dans les années 1920) qui portaient le mythe du dollar, et parallèlement par l’établissement de la puissance financière des USA face à des puissance européennes épuisées par la Grande Guerre, que la “mode” du dollar comme mythe de la richesse s’imposa dans les psychologies. Les deux causes se justifiaient l’une l’autre: la mode et le mythe étaient justifiés par la puissance, tandis que la puissance était magnifiée par la mode et le mythe, donnant sa sa légitimité à l’hégémonie du dollar. La psychologie jouait un rôle puissant et cette opération, quasiment mécanique à cause de l’usage systématique de la communication comme outil de propagande propre à l’américanisme, fut un des outils formidables de l’“américanisation” des psychologies.

Voici que le dollar n’est plus “à la mode” (“out of fashion”), et c’est une bien grande nouvelle. C’est ce que nous dit The Independent, annonçant que le rappeur Jay-Z, après le mannequin Gisele Bundchen (la mieux payée du monde, – $30 millions par an, à traduire en euros), veulent désormais être payés en euros, et plus en dollars: «Rappers join models in insisting on euros as greenbacks fall further out of fashion.» Il est vrai que lorsque ce monde du show business international au sens le plus large, absolument connecté à l’américanisme et à son obsession de la puissance et de la notoriété par les techniques fondatrices de la publicité et des relations publiques, – lorsque ce monde commence à déserte le dollar, il est temps de considérer qu’un grand événement est en formation.

«Pay attention as you watch the catchy new music video from the mega-star rapster Jay-Z, “Blue Magic”, and see if you can't spot the product placement. It is not a fancy car that he is endorsing – although both his rides, a Rolls- Royce and soft-top Bentley, are plenty spiffy – but rather a currency – and it is not the dollar.

»Like so many in the hip-hop genre, the song is a celebration of ostentatious wealth. But capturing the attention of commentators in this clip, shot in the glimmering, neon-lit canyons of New York City, are the repeated glimpses of flickering wads of €500 notes. Jay-Z has thus performed a currency defection: the dollar is not just down, it is out. The euro is the new bling.

»It is only a music video, but Jay-Z, whose influence on pop culture is immense, may, wittingly or otherwise, be bringing America to what some pundits call the “point of recognition” – the moment when the droop of the dollar against other currencies ceases to be the preoccupation only of economists and American tourists in Paris, and enters the popular zeitgeist as a new and unsettling reality.»

L’Amérique s’inquiète-t-elle de cette désertion du dollar, même et surtout dans le monde politiquement le plus futile et psychologiquement le plus américanisé? (Tout cela, y compris pour les rappeurs, même s’ils se veulent intellectuellement anti-américaniste: nous parlons ici de la mécanique des positions.) Certes non. L’Amérique est enchaînée à son arrogance et à sa vanité.

«…But awareness on Main Street America may be lagging behind. Listen to presidential candidates take questions on the stump in Iowa and New Hampshire and still you will hear nary a question about it. Americans have been accustomed for so long to thinking of the dollar as reigning supreme and unassailable, that the reality will take time to sink in.

»“It's ignorance and arrogance,” commented Clyde Prestowitz, of the Economic Strategy Institute. “The candidates, the voters, the country's elite – they all take it for granted that the US currency is always going to be the world's currency. It hasn't hit them yet.”

»But Jay-Z has given the dollar's slow demise visuals and a soundtrack, while Bundchen has given it a sexy face. Now Americans, reluctant as they may be, might start to pay attention.»


Mis en ligne le 17 novembre 2007 à 12H42