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1009Décidément, le F-15 pose un problème à l’USAF. Après un premier accident jugé inquiétant et entraînant une immobilisation d’une partie de la flotte, puis sa remise en service, intervient à nouveau une mesure de restriction de vol portant sur les modèles A, B, C et D de cet avion de combat de première ligne de l’U.S.Air Force.
Un communiqué de Air Combat Command du 28 novembre détaille les raisons de cette décision, reprises par divers organes de presse.
«For the second time this month, the commander of Air Combat Command has directed a fleet-wide inspection of all ACC F-15 A through D model aircraft.
»The directive follows yesterday's findings stemming from the investigation of an F-15C mishap that resulted in the loss of that aircraft on 2 November. Based on those new findings, all F-15 A through D models will undergo a stand down that will require additional inspections and possible repair actions.
»Gen. John D.W. Corley, ACC commander, also recommended the stand-down of all other similar model aircraft in other Air Force major commands, including those under the operational control of U.S. combatant commanders.
»The new findings from the Accident Investigation Board indicate possible fleet-wide airworthiness problems with F-15A/B/C and D aircraft. These findings, based on a metallurgical analysis of the mishap aircraft, have drawn attention to the F-15's upper longerons near the canopy of the aircraft that appear to have cracked and failed. The longerons are major structural components that run along the length and side of the aircraft.
»Although the longeron area was covered in general by previous inspections as a result of the Nov. 2 mishap, technical experts with the Warner Robins Air Logistics Center in Georgia, are recommending a specific inspection technique for the suspect area based on the yesterday's findings.
»Manufacturer simulations have indicated a catastrophic failure could result in this particular area. In addition, cracks were discovered along the same longeron area during two recent inspections of F-15C aircraft. These aircraft were immediately grounded based upon the inspection findings and are awaiting further engineering instructions.»
On voit que l’USAF (l’Air Command Command) ne dissimule pas son inquiétude, d’une façon presque ostentatoire : «For the second time this month…» L'on sait que le cas est important, dans la mesure où il interfère sur diverses affaires brûlantes: la crise de l’USAF, les commandes de F-22, etc.
Dans un très récent texte de Defense News, on revient sur un de ces aspects, principalement les commandes de F-22 à la lumière des divers arguments dans ce sens, et notamment les incidents survenus au F-15 qui risquaient, s’ils se confirmaient (nous nous plaçons du point de vue du texte cité, écrit avant la décision d’hier), de rendre impérative et urgente une nouvelle commande de F-22. Voici ce que nous disait Richard Aboulafia, cité dans ce texte du 26 novembre, et dont on sait qu’on peut l’entendre comme une voix assez proche de l’USAF et de l’industrie de défense concernée.
«
»Individually, the cited reasons to buy more F-22s aren’t especially compelling, Aboulafia said.
»It will take Russia and India years of effort and billions of rubles and rupees to develop a rival to the F-22 — if they can, he said. As for the Chinese J-12, “Nothing about it is scary,” he said.
»If more F-15s fall out of the sky, that’s “a more compelling reason” to increase F-22 production, he said.
»The F-22’s real challenge is going to be its price and the U.S. military’s budget for tactical aircraft. The Air Force now spends $3.1 billion a year to buy 20 F-22s annually. But it will only be able to keep that up for a few more years. Then plans call for buying Joint Strike Fighters at a rate of 48 per year or more.
»It would require a substantial increase in the Air Force’s tactical air budget to accommodate both planes, Aboulafia said. “And I don’t know anyone who regards procurement [spending] as a growth area” for the foreseeable future.»
Le prudent Aboulafia pèse ses mots. Il prend garde à protéger sa réputation de sérieux, lui qui n’est pas vraiment pro-F-22 (il l’est tout de même puisque consultant auprès de l’USAF), mais qui est plutôt pro-JSF. Il écarte d’une pichenette les alarmes un peu grossières des chasseurs russes ou chinois comme menaces terrifiantes. Par contre, nous dit-il, les F-15 qui ont des ennuis de vieillissement, c’est bien plus sérieux. Nous y sommes.
Il est déjà acquis qu’il y aura dans les deux prochains budgets du Pentagone de l’argent pour 40 à 50 F-22 supplémentaires. Mais après? Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, alors que l’USAF veut et voudra de plus en plus au moins 381 F-22 (183 actuellement commandés, autour de 240 avec les supplémentaires des deux prochaines années). Attention, nous dit Aboulafia, pour la troisième année budgétaire il faudra choisir entre encore plus de F-22 et le budget annuel du JSF (essais, mise au point, premiers avions de production).
Le pauvre JSF (F-35) a beaucoup, beaucoup d’ennuis. Celui-ci n’est pas précisément neuf car l’on sait depuis longtemps qu’il existe une concurrence potentielle entre lui et le F-22. Mais la chose se précise. On peut avancer sans nécessité de sortir sa boule de cristal qu’il faudra s’attendre à un recul supplémentaire de la production du F-35 pour l’USAF et à une très sérieuse réduction de la commande USAF. Aboulafia n’en dit pas plus parce qu’il y a tout le Rest Of the World engagé dans le JSF, et qu’il ne faut pas décourager. Pour le reste, la route est tracée..
Mis en ligne le 29 novembre 2007 à 18H00