Washington et Téhéran comme puissances équivalentes...

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Tom Engelhardt a invitité l’auteur Dilip Hiro à analyser les positions respectives de Washington et de Téhéran, à l’occasion des remous causés par la publication de la NIE 2007. (Dans la chronique d’hier d'Engelhardt, sur TomDispatch.com.) L’idée de Hiro est que Washington, en s’engageant dans l’enjeu de l’affrontement avec Téhéran de cette matière unilatérale et sans nuance qui est la caractéristique de la politique de force washingtonienne, s’est mis au niveau de son adversaire, – c’est-à-dire que Washington, par rapport à ses prétentions de puissance universelle, s’est abaissé au niveau de l’Iran. Engelhardt présente la thèse de cette façon : «…just consider how, on Wednesday, President Mahmoud Ahmadinejad termed the release of the NIE a “declaration of victory” for Iran's nuclear program. And he has reason to crow. After all, as the headline of the latest Robert Scheer column at Truthdig.org indicates, when it came to the latest stare-down at the nuclear OK Corral between the President of the planetary “hyperpower” and the president of a relatively weak regional power: “It Turns Out Ahmadinejad Was the Truthful One.”»

Le cas iranien est bien différent du cas irakien. En Irak, l’attaque US a réussi presque aussitôt à faire tomber le gouvernement (Saddam). C’est ensuite que les ennuis ont commencé. Le prestige de Washington est engagé dans une forme de guerre où l'adversaire ne représente pas une légitimité ou une autorité d'Etat. En Irak, quoiqu'on pense par ailleurs des conditions, et l'on sait qu'il y a beaucoup à penser, il ne s'agit pas d'une confrontation d’Etat à Etat (de gouvernement à gouvernement, puisque le terme d’“Etat” reste très douteux pour les USA). Le résultat ne peut être complètement la mise en cause de l’autorité et de la légitimité de la puissance du gouvernement (en tant qu’autorité d’une nation) des USA dans le monde. (Dans le cas irakien, effectivement, c'est la puissance US qui est mise en cause.)

Avec l’Iran, c’est complètement différent. Il s’agit bien d’une confrontation de gouvernement à gouvernement, où autorité et légitimité de l’un et de l’autre dans les relations internationales sont engagées. L’enjeu est infiniment différent et il se trouve que Washington n’est certainement pas sur la voie de gagner cette confrontation. La NIE 2007 est, de ce point de vue, un coup terrible qui affecte le crédit et le statut d'autorité du gouvernement US et des USA.

Voici quelques mots de Hiro, dans un texte titré «The Zero-Sum Fiasco». L'expression “Zero-Sum” concerne un affrontement, un antagonisme exclusif aux deux parties, où ce que l’autre perd est nécessairement un gain pour vous et où ce que vous perdez est nécessairement un gain pour l’autre, – ce qui est l’exacte représentation de la reconnaissance d’une égalité de statut, voire de puissance. C'est une bien étrange destinée pour la “plus grande puissance que le monde ait jamais connue”…

«Bush's woefully misguided invasion and occupation of Iraq in 2003, carried out under false pretences, has not only drained the United States treasury, but reduced Washington's standing in the Middle East in a way not yet fully grasped by most commentators. Whereas Washington once played off Tehran against Baghdad, while involved in a superpower zero-sum game with the Soviet Union, the Bush administration is now engaged in a zero-sum game, as a virtual equal, with Iran. That is, America's loss has become Iran's automatic gain, and vice-versa.

»To grasp the steepness of Washington's recent fall, recall that until Saddam Hussein's disastrous invasion of Kuwait in August 1990, the zero-sum doctrine in the region applied only to Iraq and Iran, two minor powers on the world stage.

»Having emerged in a self-congratulatory mode as the “sole superpower” after the collapse of the Soviet Union in 1991, the U.S. now finds itself competing with a secondary power in the Middle East. This humbling realization seems to have finally penetrated the minds of top policy makers in the Bush administration, causing concern.

»More than anything else, that explains the sudden spurt of presidential interest in healing the long-running Israeli-Palestinian sore by holding a Middle East conference in Annapolis, Maryland. The real objective of the Bush team had more to do with mollifying Arab leaders in order to hold them together in its ongoing confrontation with Tehran than realizing a genuine urge to create a viable, independent Palestine within a year.»


Mis en ligne le 7 décembre 2007 à 04H57