La crise de l’OTAN court, de Londres à Vilnius

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Aujourd’hui et demain se tient à Vilnius une réunion des ministres de la défense des pays de l’OTAN. Le sujet le plus immédiat pour l’OTAN (on ne dit pas pour la réunion, – voir plus loin), c’est la situation en Afghanistan, précisément avec la demande de l’OTAN (des chefs de l’ISAF en Afghanistan) d’un renfort de 7.500 hommes pour tenter de contrôler la situation dans le sud du pays. Le Times de Londres estime, aujourd’hui également, que cette demande n’a aucune chance d’être satisfaite à Vilnius.

«Nato defence ministers meeting today are not expected to offer any more troops for Afghanistan, despite a plea from military commanders for another 7,500 soldiers, alliance sources said yesterday.

»The gloomy prediction on the eve of an informal session of the defence ministers in Vilnius, capital of Lithuania, pre-empted appeals yesterday from Gordon Brown and Condoleezza Rice, the American Secretary of State, for other Nato countries to share more of the burden in Afghanistan.

»Dr Rice, who met the Prime Minister and David Miliband, the Foreign Secretary, said: “I do think the alliance is facing a real test here. Our populations need to understand this is not a peacekeeping mission.”»

L’OTAN est en crise, l’administration Bush n’existe plus guère et l’escale du “Dr. Rice” à Londres ressemble à une pâle et nostalgique carte postale du passé, du temps où Tony Blair était encore à Downing Street. En attendant, l’installation de Sarkozy à Paris n’a pas modifié l’ordre des priorités et Londres reste toujours l’“allié privilégié”. Cela ne change rien à la gravité de la crise, les Britanniques n’ayant plus rien à donner et ressassant une humeur noire comme de l’encre.

Il ne reste plus à chacun qu’à jouer perso et à tenter de colmater quelques brèches encore contrôlables sur le front des relations publiques. C’est le cas de l’OTAN en tant que telle, qui se plaint de plus en plus que les pays-membres étalent sur la place publique leurs divisions, leur acrimonie, leur refus de solidarité et ainsi de suite; qu’ainsi, la question des renforts en Afghanistan devient un enjeu colossal qui imprègne tous les actes et initiatives de l’OTAN; qu’ainsi on fera du sommet Vilnius un échec parce qu’aucune annonce de renfort n’y sera faite, alors qu’il n’était pas question qu’une telle décision sorte du sommet de Vilnius. Ce que le Times présente ici, cette critique publique des pays-membres par les services de communication du secrétariat général, est assez rare pour être noté avec intérêt.

«…Germany confirmed that it would send around 200 extra combat soldiers to northern Afghanistan to replace a Norwegian unit, but said that it would not move the troops to the south.

»The appeal caused some anger in an already divided alliance. Nato officials said that the constant highlighting of the rifts in the alliance over troop deployments to Afghanistan was undermining all the achievements made over the past year. “These public rifts and talk of crisis in the alliance are doing the Taleban's work for them,” one official said.

»“There were never going to be decisions made in Vilnius about more troops for Afghanistan because it's just an informal meeting, but now it will be seen as a failure because no one is expected to come forward with offers,” another official said. The sense of crisis was made worse by news from Ottawa where the Canadian parliament is split over whether Canada's 2,500 troops in Kandahar in southern Afghanistan should be recalled next year. Stephen Harper, the Prime Minister, was reported to be threatening to go to the polls if parliament voted against extending Canada's troop commitment.»

…Mais l’OTAN a assez d’expérience dans le domaine des relations publiques, notamment depuis la guerre du Kosovo, pour savoir que l’information et la communication sont des matières hautement flexibles et caoutchouteuses, qui changent avec l’air du temps et selon les vents dominants. Certes, Vilnius n’avait pas formellement cette question des renforts en Afghanistan à son agenda mais nul n’ignore que, ces dernières semaines, cette question s’est imposée à tous les agendas. Par conséquent, Vilnius devrait, – aurait dû, puisqu’il semble qu’il n’y aura rien, – s’emparer de cette question et lui donner une conclusion favorable à l’Alliance. Si ce n’est pas le cas, la réunion sera effectivement perçu comme un échec et elle le sera effectivement parce que, devant l’urgence des événements, l’agenda initial aura été respecté. Et l’on sait bien, enfin, pourquoi cet agenda initial a été respecté…


Mis en ligne le 7 février 2008 à 16H48