La stratégie de l’écrevisse : le Pentagone s’équipe de “vieux-neuf”

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Le budget FY2009 du Pentagone marque une tendance extrêmement remarquable au niveau de l’équipement en avions de combat des forces armées US. Un article de Aviation Week & Space Technology (AW&ST) du 11 février (accès payant) donne quelques précisions sur cette “nouvelle” tendance après avoir détaillé le sort désormais plus que jamais incertain du programme F-22 Raptor.

«While the Raptor’s fate is uncertain, the Pentagon is turning to upgrade existing aircraft like the Boeing F-15 and F/A-18 and Lockheed Martin F-16. Aerospace executives suggest that the F-22 fleet won’t increase beyond about 200 aircraft, and a plan is being crafted to buy an additional 100 Boeing F-15Es with new, advanced radars that can identify small ground and stealthy air targets instead of purchasing more F-22s. The Air Force says it needs a minimum of 381 F-22s, but so far production has been capped at 183. The choice is between new technology—for example, the stealthy fifth-generation F-22—or older, but upgraded, technology like new model F-15Es or F/A-18 Super Hornets.

»A proposal from Air Force Secretary Michael Wynne to include $497 million in the Fiscal ’09 request for F-22 shutdown or advance procurement was squelched by the Pentagon. USAF had planned to buy only stealthy fighters in the future. Stanley says that money has been shifted to the F-15 account, in part to pay for structural fixes for the F-15A-D fleet; a defective longeron caused a Missouri Air National Guard F-15C to split apart in midair and led to the temporary grounding of the entire F-15 fleet.

»It’s estimated that about 80 F-15Cs can be structurally upgraded for $150,000-250,000 each. The Air Force is now pricing the flyaway cost of a new F-15E at $60 million for a buy of 100 aircraft compared with $140 million for an F-22. Boeing is now producing F-15Es for foreign customers.

»Several aerospace officials from outside Boeing and Lockheed Martin predict USAF will buy a few more F-22s, enough so the total will be more than 200, but state that 381 is not likely. They say the temptation will be great for the Navy to buy Block III Super Hornets and for USAF to procure more F-15Es.

»“In the last 15 years, the Air Force and Navy have put three times the flying time on their aircraft than they predicted before the first Gulf War,” says a veteran USAF force-planner. “And once again in this budget, the Navy and Air Force have had to use modernization money for current operations.” Recapitalization isn’t happening in the Fiscal ’09 budget or the following years.»

Il faut bien apprécier les “causes” de ces décisions, – causes qui n’en sont pas vraiment, qu’on décrirait plutôt comme la conséquence de ce que nous nommons “la déroute de la volonté”. Les dirigeants du Pentagone, la bureaucratie, etc., renoncent de plus en plus nettement à forcer des décisions, comme c’est le cas avec le programme F-22. Il est évident, du point de vue de l’USAF et du Pentagone, que le F-22, arrivé où il est arrivé, avec des masses considérables d’argent déjà dépensées dans son développement, devrait être poursuivi au moins jusqu’à 381 exemplaires (le chiffre que voulait l’USAF). Les prix unitaires seraient notablement réduits, pour une forte augmentation d’une capacité essentielle dans la seule mission fondamentale de la force aérienne qui est la mission de souveraineté par excellence de la supériorité aérienne et du contrôle de l’espace national.

Il n’y a évidemment aucun choix délibéré dans cette “politique” d’acquérir de plus en plus d’avions neufs d’anciens modèles (type F-15, F-16, F-18). Il ne s’agit nullement de répondre à l’argument sur l’intérêt ou pas de la technologie avancée. C’est une simple capitulation de la direction politique et de la bureaucratie imposée par le chaos budgétaire par définition incontrôlable où se trouve le Pentagone, qui conduit à une paralysie de la modernisation des forces qui devrait affecter tous les programmes nouveaux. Il apparaît évident que la méthode, qui est celle de la déroute et du “laisser-faire”, va proliférer. Les braves pays coopérants du programme JSF peuvent commencer (ou continuer, en fait) à trembler, car le JSF subira le même sort que le F-22, la compensation se faisant au niveau de l’acquisition des vieux modèles. C’est une curieuse mais instructive orientation d’une structure – la structure de sécurité nationale aux USA – qui n’a jamais juré que par la modernisation, la technologie avancée, etc. Le blocage du système n’a pas fini de nous réserver bien des surprises.


Mis en ligne le 13 février 2008 à 11H26