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1234Il est toujours intéressant d’aller au cœur de la pensée du complexe militaro-industriel US, notamment en détaillant certains arguments sur des polémiques en cours. Il suffit d'écouter ses représentants. On choisit ici le cas de Loren B. Thompson, que nous proposons de baptiser (d'élever au grade d') “expert assermenté”, dans un article publié par UPI le 12 février. Nous citons le même passage dans notre F&C de ce jour, mais pas la conclusion (la “réponse” de Thompson à l'intéressante question que lui-même soulève imprudemment).
… En effet, Loren B. s’exclame : que d’argent dépensé depuis 2000 pour les forces armées US! ($4 trillions) … Et pour des résultats si piètres, si l’on considère les capacités actuelles des forces armées US! Pourquoi cette infamie? Loren B. nous donne sa réponse, qu’il qualifie de “raison bien simple”…
«When you consider how much money Americans spend on defense – about $4 trillion so far in this decade alone – it's amazing what a poor job we do of maintaining our military arsenal.
»In the years since the Cold War ended, the U.S. Navy's fleet has shrunk by half to fewer than 300 ships, the U.S. Air Force's planes have ''matured'' to twice the age of the commercial airline fleet, and the U.S. Army has largely abandoned the production of heavy armored vehicles. There's a simple reason for all these signs of military decay: the threat went away. No peer adversary has taken the place of the Soviet Red Army or the Japanese Imperial Navy.»
Ainsi va la pensée du système et son étrange nihilisme d’argumentation. En 1992, Wolfowtiz & compagnie avaient lancé au Pentagone une grande étude, – prestement retiré des canaux officiels, – sur la nécessité pour les USA de maintenir leur puissance militaire pour empêcher l’émergence de toute puissance menaçante et menace concurrente. C’est au nom de ces conceptions que, selon certains auteurs experts en identification et analyse des complots, les USA se lancèrent à partir de l’automne 2001 dans une orgie d’attaques diverses et variées. A cette occasion, d’ailleurs, on nous assura que l’islamisme, devenu “islamo-fascisme”, valait bien l’Allemagne d’Hitler ou l’URSS de Staline, ou les deux additionnées. S’agissait-il d’empêcher que ces menaces dénoncées devinssent des menaces confirmées? Mais comment se faisait-il que la puissance US, qui devait empêcher l’apparition de telles menaces, n’avait pas empêché l'apparition de cette menace-là?
Mais non, voilà qu’aujourd’hui, Loren B. nous annonce qu’il n’y a plus de menace depuis l’URSS jusqu’en 1989. (Et l'“islamo-fascisme”?) C'est la raison pour laquelle, nous dit Loren B., l’arsenal et les capacités du Pentagone diminuent alors que le budget du Pentagone augmente. Etrange, étrange... Mais comment espérer que les puissantes forces armées US empêchent l’apparition de menaces concurrentes si, lorsqu’il n’y a pas de menaces concurrentes, elles s’étiolent jusqu’à l’état pathétique où on les voit aujourd’hui? Et aussi, par quelle étrange alchimie l’absence de menaces réduit les forces armées US comme elle le fait, alors que le budget est en train de faire exploser tous les records?
Car, en fait, Loren B. est un prestidigitateur dans le temple de la magie qu'est le Pentagone…
Mis en ligne le 13 février 2008 à 12H41