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1684Dans l’ensemble de deux texte que nous voulons signaler et qui viennent d'une source assez proche de l'USAF pour refléter officieusement le sentiment de la haute hiérarchie, il y a d’abord un premier commentaire. Il s'agit d'une présentation rapide d’une intervention du chef d’état-major de l’USAF, le général Moseley, sur l’étrange “bataille” entre le F-22 et le F-35/JSF. Rapportée par le Daily Report de Air Force Association du 29 février, ce petit texte nous dit notamment ceci:
«Despite comments from top Pentagon officials that the F-22 and F-35 are comparable—and perhaps interchangeable—they are not, Air Force Chief of Staff Gen. Michael Moseley told defense reporters Thursday in Washington. The best analogy, he said, is to think of the F-22 and F-35 as being akin to the F-15 and F-16, which pioneered the high/low mix 25 years ago. “I believe the two airplanes are complementary. I believe the two airplanes are required,” Moseley asserted. “One is designed for a specific task, the other is designed for a more general task, but together they provide the capability needed for the theater commander.”»
Le même jour, le même site met en ligne un texte à paraître dans la publication mensuelle de AFA, Air Force Magazine du mois de mars 2008. D’une façon plus instructive et plus détaillée, le thème, à propos de la même polémique, soulève la question cruciale: mais pourquoi l’USAF et la direction civile du Pentagone sont-elles dans un tel désaccord qui confine à la plus complète incompréhension, à une sorte d’impossibilité de communiquer? Sujet que ce texte aborde après avoir rappelé diverses déclarations contradictoires des uns et des autres sur le F-22 et le F-35.
«Now is not the time for detailed rebuttals, which we and others have printed on many occasions. The bigger question at this point is this: Why, on an issue of supreme importance to the Air Force, does the Pentagon find itself unable to agree with USAF’s leadership? Why does the Air Force lack clout?
»The Air Force has been struggling with this one for a while. It was a subject of an unpublished point paper produced in 1998 by John T. Correll, a former Editor in Chief of this magazine and a respected commentator on airpower issues. The gist of Correll’s paper was captured in its provocative title: “Is the Air Force No. 4?” Number 4, that is, in standing among the US armed services.»
Le texte détaille les événements qui ont conduit l'ancien rédacteur en chef de Air Force Magazine John T. Correll, déjà en 1998, à cette conclusion que l’USAF est bien le bon dernier des quatre forces dans l’affection des autorités et des centres d’influence. C’est un constat plutôt qu’une explication, qui explique sa position de très grande défaveur. Ensuite vient cette conclusion:
«Maybe the Air Force really has become No. 4. If so, that may explain why airmen have such difficulty making their F-22 case; it could be that nobody’s really listening. It may well be one reason that USAF’s unfunded requirements list this year exceeds $18 billion.
»What is to be done? One school of thought holds that USAF is in bad odor because airmen have been cocky and arrogant, and that the proper response now is to lower the volume, become jointer-than-thou, and do the best one can. Others say the Air Force needs to speak up more forcefully for its position. This is what Correll, a decade ago, called “The Billy Mitchell Position.”
»The decision on how to approach the problem will influence more than just the outcome of the F-22 matter, which is still up in the air. (Rather than moving to shut down the line, DOD has opted to let a new Administration decide whether to seek more of the fighters.) It will also help determine the service’s future size, shape, and mission.
»For the Air Force, there won’t always be a Gates. There won’t always be an England. There will, however, be a new President and Secretary of Defense next year. We should all hope that they bring greater understanding to dealing with USAF’s multiple problems.»
C’est un texte finalement assez révolutionnaire dans ce qu’il implique, rendant d’autant plus fascinant un événement qui est en train de devenir sous nos yeux, et d'une façon publique, une querelle majeure à Washington. Ce texte est notamment révolutionnaire parce qu'il s'appuie sur une note qui ne fut jamais publié, que ce fut une publication de politique à usage interne, qui met d'autant plus en évidence le sérieux de ce qu'il y a de plus explosif dans ses propositions. La “Billy Mitchell position” évoquée par Correll en 1998, et aujourd’hui plus que jamais d’actualité, implique une position de révolte ouverte, de la sorte qui avait conduit le “pionnier de l’aviation stratégique” des USA, alors général de l'U.S. Army Air Corps (pas encore une arme indépendante), devant une cour martiale en 1927. Sous la pression des événements, la crise de l’USAF est en pleine maturation. Le fait de ressortir aujourd'hui cette analyse interne de Correll allant jusqu'à envisager une révolte ouverte est sans aucun doute très significatif.
Le commentaire dont nous citons quelques extraits nous le fait bien comprendre. L’USAF attend sans s'en dissimuler une seconde le départ de l’équipe Gates-England et espère fermement que la nouvelle administration saura prendre en considération ses besoins. Dans le cas contraire, effectivement, il pourrait y avoir la matérialisation d'un sérieux courant de révolte, et cela très rapidement car le temps ne cesse de presser davantage. L’USAF est en train de devenir, aujourd’hui à Washington, après l’algarade entre la Navy et l’administration Bush à propos de l’Iran, un nouveau point central de la crise du Pentagone. Cela nous conforte dans l’analyse que nous donnons du choix de Northrop-Grumman/EADS dans la compétition KC-X/KC-45. Si ce choix a une signification politique en plus de l’aspect technique, comme nous le pensons, cette signification a essentiellement sinon exclusivement à voir avec l’extraordinaire querelle interne qui est en train de se développer au Pentagone. (Extraordinaire par son intensité et par son aspect public.)
Mis en ligne le 3 mars 2008 à 06H09