Le rapport entre la guerre et la crise de l’économie US: la thèse se répand

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Nous avons déjà noté combien nous jugions essentielle l’observation de l’économie Joseph Stiglitz sur le rôle fondamental du coût de la guerre en Irak comme l’une des causes principales de la crise financière/écionomique aux USA. (Voir nos F&C du 8 mars et du 17 mars.) Il est intéressant d’observer que cette thèse est aujourd’hui en train de se répandre.

C’est le cas pour Richard Vague, dont la formation est intéressante par rapport à cette prise de position puisque ce républicain modéré est un businessman, co-fondateur et CEO de First USA Bank, qui généralisa l’usage des cartes de crédit. Vague est aussi l’auteur de Terrorism: A Brief for Americans, et engagé dans l’activité d’une organisme de réflexion sur l’engagement US dans les problèmes globaux.

Dans The Washington Note du 20 mars, Vague développe rapidement ses idées sur le thème évoqué ci-dessus, notamment en y ajoutant l’idée que la crise économique actuelle aux USA ne sera pas résolue tant que la guerre en Irak se poursuivra.

«The U.S. economy will not start truly getting better until we stop spending on this war. That should be page one and line one on any national agenda. Yet while congress enacts programs and candidates make promises that will at best have marginal economic impact, we continue to squander a quarter of a trillion dollars or more each year in Iraq.

»The Democrats, whose job it should be to bring this war's end, are instead lulled by polls that show that the economy has surpassed the war as voters' greatest concern – thus missing the fact that our current woes stem directly from the $3 trillion being spent in total on Iraq.

»This war is one of few, if any, that have been prosecuted without tax support, and it instead has proceeded in the wake of a tax cut. (Full disclosure – I loathe tax increases and instead wish the war had never been fought.) Rather, this war has been financed by a massive increase in debt and by printing reams of new money, thus bringing inflation--which Reagan rightly called the cruelest tax.

»The rapid rise in energy and food prices and decline of the dollar against the world's other currencies are in part evidence of this. Any market economy is subject to intermittent economic shocks – in my lifetime there have been the S&L crisis, the oil embargo crisis, the internet bubble, and now the subprime crisis, to name just a few. The difference this time is that the war has depleted our capacity to respond, and will therefore double the financial anguish. We are now re-entering the unpleasant world of Jimmy Carter's stagflation.»

Position intéressante, d’abord pour l’idée dynamique qu’elle introduite. A la liaison faite entre la guerre et la crise d’une façon générale (Stiglitz) s’ajoute la remarque explicite et décisive que la crise financière et économique ne pourra être résolue tant que la guerre en Irak durera dans les conditions actuelles. C’est établir un lien potentiellement révolutionnaire, d’abord en mariant intimement la stratégie et l’économique; ensuite, plus précisément en affirmant in fine: l’actuelle politique expansionniste et belliciste implique la ruine de l’Amérique. Il s’agit évidemment d’une idée révolutionnaire de mise en cause indirecte des ambitions impériales des USA, qui n’avait cours jusqu’ici que dans des milieux dissidents.

Position intéressante également, parce qu’elle montre que le thème général guerre-crise économique est en train de pénétrer des milieux autres que les seuls cénacles économiques plus ou moins dissidents liés à Stiglitz. Vague est un homme du business, ce qui implique que ce domaine est sensible à ces idées de Stiglitz. Il publie son article sur le site de Steve Clemons qui partage l’analyse de Vague et dont on connaît l’influence. Les connexions de Clemons impliquent que des hommes comme Hagel, dont Clemons est très proche, devraient être eux-mêmes influencés désormais par cette thèse.


Mis en ligne le 21 mars 2008 à 10H26