Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1062Dans le droit fil, mais exactement à l’inverse, du discours de Robert Gates du 21 avril commenté ce jour, et avec à l’esprit la référence à John Boyd, il existe tout un parti du complexe militaro-industriel (CMI) bien décidé à mener l’offensive dans un sens bien différent, c'est-à-dire à peu près inverse. Il s’agit essentiellement de l’industrie de défense, soutenue par certains milieux idéologues “ultras”, – dont les inévitables neocons, – et par certains groupes au sein du Pentagone (éventuellement, un service comme l'USAF devrait approuver hautement cette orientation).
Le récent (15 avril) rapport de l’American Aerospace Association (AIA) conceptualise cette exigence de la partie la plus gourmande du CMI. Le rapport réclame des dépenses de défense “courantes” (hors-conflits en cours) de 4% du PIB, au lieu des 3,3%-3,4% actuels. Le rapport insiste sur la nécessité d’augmenter le budget des acquisitions, fixé à $104 milliards pour le budget FY2009:
«Congressional Budget Office analysis indicates the need for steady procurement funding of $120–150 billion per year, in constant dollars, to modernize the current force. While the investment accounts have been increasing, procurement is still well below the required level and comprises only about 20 percent of the defense budget.»
Dans la logique de la politique militatiste des USA, particulièrement depuis la fin de la Guerre froide, cette exigence est absolument logique. L’AIA s’explique notamment de son insistance pour une augmentation du budget des acquisitions, par le fait que celui-ci a rapidement décru malgré son augmentation (Oups! Comptabilité style-CMI), notamment en valeur relative de l'importance des postes, à cause de l’augmentation des coûts des matériels et de l’augmentation énorme des coûts de logiqtique, de la maintenance et des opérations. C’est en effet par le fonctionnement normal des forces que le Pentagone est aujourd’hui en train de s’épuiser.
«By 2013, over a 25-year period, the operations and support element of the budget will have more than doubled — faster than the growth in the defense budget itself. In contrast, investment will increase by slightly more than 50 percent, well below the growth path of the general budget. These growth trends translate into a structural shift in which investment will decline to only 35 percent of the defense budget by 2013, well below the 41 percent level of fiscal 1988.»
On est donc en sens contraire de la “référence Boyd”, certainement dans son esoprit. Pourtant, que l’AIA ait la logique pour elle mesure la perversité du système où est enfermé le Pentagone. De même, l’USAF, qui est évidemment au côté de l’AIA dans cette occurrence, a-t-elle raison contre les arguments de Gates, toujours dans ce cadre systémique pervers du Pentagone et du CMI. Les dirigeants civils n’ayant pas rompu ce cadre infernal dans les années 1990, notamment en n’éliminant pas certains programmes très coûteux et emblématiques, en n’abandonnant pas une politique d’exportation massive à tendance millitaro-stratégique qui lie Washington à certains programmes très coûteux, en ne réduisant pas le système des engagements extérieurs (bases, coopération, etc.) mais en l’élargissant au contraire, sans compter les conflits divers bien sûr, ces dirigeants ont structuré et rendu implacable la logique qui sous-tend aujourd’hui les exigences de l’AIA et consorts.
Mis en ligne le 23 avril 2008 à 15H06