L’affrontement fratricide deviendra-t-il une Guerre Civile?

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Nul n’ignore les résultats de la grande bataille de Pennsylvanie. Les textes ne manquent pas pour nous décrire la victoire de Hillary Clinton sur Obama, 55%-45% (par exemple, vous pouvez choisir l’analyse de WSWS.org du 23 avril).

Le commentaire général est évidemment que rien n’est fini. Le vote ne relance rien, ne règle rien, même si les uns et les autres affirment que le “rythme” a changé (comme fait le camp Clinton pour lui-même). A ce stade des primaires, il n’est plus question de “rythme”. Le vote du 22 avril ne fait qu’accentuer une tendance déjà très forte avant la grande bataille de Pennsylvanie. Le déchirement démocrate entre Obama et Clinton était très fort, très polémique; les résultats de Pennsylvanie vont encore accentuer cet antagonisme. Le résultat direct est, pour l’instant, un rejet mutuel des votants des deux camps. Un sondage MSNBC du 23 avril donnait les résultats suivants, qui marquent que la tendance est en hausse constante:

• 43% des votants pour Hillary Clinton refuseraient de voter pour Obama si Obama est candidat démocrate contre McCain.

• 29% des votants pour Obama refuseraient de voter pour Clinton si Clinton est candidat démocrate contre McCain.

C’est désormais la principale préoccupation du parti démocrate: comment refaire l’unité du parti pour assurer une victoire en novembre, qui doit normalement lui revenir selon les tendances actuelles du pays et le rejet massif de Bush? Steve Clemons, sur The Washington Note, assurait hier soir que la seule solution serait un “ticket” Clinton-Obama (ou Obama-Clinton):

«If Obama had really beaten Hillary Clinton by this point and had offered the Clinton clan an olive branch, this fight between Obama and Clinton fanatics would not be raging.

»But Obama has failed to beat Clinton – and she has not beaten him either. The politically mature and, in my view, the shrewd thing to do is to begin negotiating a joint ticket, or the Dems will tear themselves apart.»

Quelle que soit la solution trouvée, la bataille à l’intérieur du parti démocrate va être terrible, avec les effets de rejet qu’on imagine chez les électeurs démocrates, comme ne manqueront pas de l’indiquer les sondages. Dans cette occurrence, une très forte possibilité sera que le candidat démocrate, même si le “ticket” rassemble les deux actuels candidats, aura pour tâche principale de refaire l’unité des électeurs démocrates durant l’ultime phase de la campagne.

D’habitude, l’unité du parti est une chose acquise avant cette ultime phase et celle-ci sert alors à rechercher d’autres électeurs; dans le cas démocrate, cela signifie “modérer” la position du candidat vers le centre et même vers la droite. Dans le cas considéré, cette logique n’aurait plus court, et il s’agirait au contraire de rassembler les démocrates sur des valeurs démocrates fortement affirmées, avec l’espoir que le courant anti-Bush aménerait le soutien d’électeurs non-démocrates, voire républicains modérés. Il s’agit alors de la perspective d’une campagne extrêmement antagoniste entre le démocrate et le républicain. Cette perspective devrait être renforcée par les conditions de la situation américaniste, notamment la crise économique et la situation en Irak.


Mis en ligne le 24 avril 2008 à 05H44