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1421Le cas Obama ne cesse de prendre de l’ampleur, aux USA bien sûr mais au Royaume-Uni également, où l’élection est suivie avec passion. Le “cas Obama”, c’est principalement le problème posé par le candidat démocrate, par son succès paradoxal. Il s’agit d’un succès qui pourrait emprisonner le parti démocrate dans une perspective que la prospective électorale tend de plus en plus à juger ingagnable pour lui, alors qu’apparaissent en pleine lumière des facteurs jusqu’ici écartés, comme le racisme.
Devant cette situation délicate pour le parti démocrate, les journaux et commentateurs de tendance républicaine, ou soutiens des républicains, retrouvent leur ardeur coutumière. C’est le cas du Times de Londres, journal du groupe Murdoch et soutien des républicains extrémistes type-Bush et “neocons”, pour qui McCain est la Terre Promise. Désormais, Obama est la cible favorite, avec la dénonciation de son soi-disant “élitisme”, à propos de l’affaire dite du “Bittergate”. On trouve dans le Times d’aujourd’hui, notamment, une interview de Karl Rove, le stratège des campagnes GW Bush, confondant de cynisme démagogique. Il y a également un article de John McIntyre, qui fait un portrait extrêmement polémique de Barack Obama.
Un paragraphe nous a retenu dans l’article de McIntyre, ou plutôt une phrase dans ce paragraphe, qui revient sur le “Bittergate”. Une phrase qui semble avoir échappé à l’auteur par inadvertance … (Phrase soulignée en gras par nous.)
«I met many small-town Americans in Pennsylvania who are “bitter” and worried, precisely as Obama said (and now fervently wishes he had not). They do “cling” to religion, and to their guns as a second faith. They just don't want this pointed out by a young black man in a sharp suit who went to Harvard. I spoke to a Republican strategist who could not disguise his glee: “You will hear the word ‘bitter' every day from now to November,” he said. Obama may never recover from telling the truth.»
Effectivement, la question est bonne : peut-on se remettre d’avoir dit la vérité en campagne électorale? Il n’est pas sûr, après tout, que la phrase de McIntyre ait “échappé à l’auteur par inadvertance”. Elle semble nous dire le vrai sur notre système et il n’est pas impossible que le journaliste l’ait écrite de cette façon (mais pourra-t-il, lui, “se remettre d’avoir dit la vérité ?”) ; “le vrai sur notre système”, qui est l’impossibilité presque organique de “dire la vérité” sur la situation politique générale lorsque les hommes politiques en campagne sont conduits à devoir la décrire pour leurs électeurs. Il est manifeste qu’il s’agit là du principal reproche qu’on puisse faire à Obama, ce manque de contrôle sur ce point, tel qu’il est parfois conduit à “dire la vérité”. C’est ce que Daniel Finkelstein, du Times également, disait d’une autre façon le 16 avril : «What was the problem with Obama's “bitter” comments? Isn't he right that many people are bitter about their economic circumstances? Isn't he right that some of those people turn to guns and religion? »Well, yes, he was right and that is what he did wrong. […] There are things that pollsters can say and things that analysts can say, and they are not the same thing. »
S’il ne restait qu’un seul argument pour qu’Obama reste dans la course à la présidence, c’est bien celui-ci. Il est en effet bien possible que la vérité “lui échappe” encore une fois ou l’autre dans le cours de la campagne, comme une tare qu’on ne peut tout à fait réduire. Il sera alors excellent pour le moral d’observer les réactions furieuses et hystériques de l’establishment et de ses porte-paroles divers.
Mis en ligne le 26 avril 2008 à 04H28
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