Suggestion: pourquoi n’installerait-on pas la Maison-Blanche dans la “Green Zone” de Bagdad?

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Le Pentagone ayant un peu d’argent de poche inemployé dans les poches des autres, se propose d’investir $5 milliards dans la “Green Zone” de Bagdad pour y faire installer un complexe hôtelier et quelques autres babioles dont on imagine d’ici le caractère luxueux, postmoderne et civilisateur. Ainsi, par cette nouvelle tactique inattendue et si créatrice, le cerveau conceptuel de l’américanisme espère-t-il peut-être (hypothèse de notre part) convertir les Irakiens qui rechignent encore aux délices de la démocratie, du marché libre, des commissions et des lendemains qui chantent.

L’Associated Press a eu vent, qu’on peut même qualifier de “vent divin” (kamikaze en japonais), de ce projet civilisateur qui montre que le Pentagone sait penser à autre chose qu’à la vulgaire quincaillerie belliqueuse et massacreuse. «Now try to imagine luxury hotels, a shopping center and even condos in the heart of Baghdad. That's all part of a five-year development “dream list” – or what some dub an improbable fantasy – to transform the U.S.-protected Green Zone from a walled fortress into a centerpiece for Baghdad's future. But the $5 billion (€3.23 billion) plan has the backing of the Pentagon and apparently the interest of some deep pockets in the world of international hotels and development, the lead military liaison for the project told The Associated Press.»

Le motif essentiel de cette initiative est ce que les pentagonesques planificateurs, finauds, nomment “une zone d’influence” qu’il s’agit de créer autour de la garantuesque ambassade US en train d’être édifiée, qui est aujourd’hui fixée à $700 millions ($500 millions au départ) et qui atteindrait $1 milliard lorsque les équipes de construction (1.000 citoyens de divers horizons) auront été relogées un peu partout alentour. Remarque également finaude du capitaine de vaisseau Thomas Karnowski, de l’U.S. Navy un peu ensablée, qui dirige l’équipe de construction: «When you have $1 billion hanging out there and 1,000 employees lying around, you kind of want to know who your neighbors are. You want to influence what happens in your neighborhood over time.» Imparable. (Selon Karnowski, Marriott International Inc. est dans le coup pour un palace hyper-clmimatisé et il est aussi question d’$1 milliards de MBI International, conglomérat hôtelier appartenant au prince saoudien et plantureusement riche Cheik Mohamed Bin Issa Al Jaber.)

Ainsi donc la philosophie du projet est qu’il faut entourer l’artefact monstrueux de l’ambassade de voisins fréquentables, ni sunnites ni chiites, – surtout pas! Cela pourrait conduire, après tout, à un autre projet (pourquoi pas $10 milliards? Suggestion) pour entourer ces voisins d’influence de l’ambassade d’autres voisins encore fréquentables et toujours gens d'influence conformiste, lesquels, à leur tour, devraient être entourés... et ainsi de suite en cercles concentriques et civilisateurs, – et, pour paraphraser le titre d’un film célèbre, quand nous serons arrivés à force de construction en anneaux concentriques de complexes hôteliers jusqu'à la frontière maudite de l’Iran, – “It is how Irak was won”... (De là, pourquoi pas une attaque de complexes hôteliers contre l'Iran? Les neocons y travaillent.)

Bon, il y a tout de même un problème. Personne ne sait à qui appartient la “Green Zone” et, par conséquent, à qui distribuer les $milliards. (Le bruit court que de defensa.org y posséderait 17 m2 mais nulle confirmation... On peut toujours essayer.) Bref, dans la zone verte règne le chaos style Wild West: «...Green Zone, where “eminent domain by gun” was employed during the Saddam era, Karnowski said. The chaos after Saddam's fall also added the murkiness. “It's a jungle here”, said Hussein, a 28-year-old from Lebanon who started a contracting company about a year ago in Baghdad and rents out living space in the Green Zone on the side. “It used to be like the Wild West – you grabbed some property and said, ‘this is mine’” Air Force Lt. Col. Monte Harner leads the effort to discover who owns the titles and consolidate the areas held by the U.S. military.» (Prière d’adresser vos titres de propriété et autres réclamations, éventuellement avec vos bons d'épargne russes impayés par Nicolas II, au lieutenant-colonel Harner, USAF.)

Le département d’Etat est sceptique. Replié dans sa gargantuesque ambassade, il fait la moue et il se contente de faire enlever les pavés des ruines des immeubles alentour, détruits par les diverses attaques civilisatrices de l’USAF (budget de $120 millions). Pour les hôtels et la “zone d’influence”, c’est moins, beaucoup moins la pêche. Karnowski: «If you talk to people at the State Department, they still believe a hotel isn't going up. But it is a done deal.»

Qu’ajouter d’autre sinon que, lorsque l’amiral Mullen aura pris le pouvoir à Washington et qu’Obama aura proclamé la sécession de l’Alabama, de la Géorgie, du Mississippi et de quelques autres Etats du Deep South, il sera temps d’achever la magnificence du projet “Green Zone-Civilisation Last Stop” en installant au centre de la susdite zone verte, de plain-pied sur l’ambassade, – la Maison-Blanche évidemment. (Ainsi notre titre est-il justifié et la conquête des USA par l'Irak achevée. Ainsi soit-il.)


Mis en ligne le 5 mai 2008 à 15H21