BAE, Wanted?

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La bataille autour de BAE est souterraine aux USA mais elle n’en est pas moins intense, – et elle en est d’autant plus intense dira-t-on. Elle se livre autour du fait majeur du fractionnement du pouvoir US, de l’intense concurrence entre les ministères et leurs bureaucraties, soutenue par la concurrence entre groupes industriels. C’est dans ce cadre de concurrence politique intérieure féroce qu’il faut placer la nouvelle extraordinaire de l’interpellation de Mike Turner (CEO de BAE avant son départ prochain de cette position de direction), opérée à l’aéroport George Bush (le père) de Houston, la semaine dernière, par des fonctionnaires du FBI agissant pour le compte du DoJ (Department of Justice) dont dépend la police fédérale.

La nouvelle a été révélée hier 18 mai par le Sunday Telegraph.

«Two senior executives at Britain's biggest defence company were detained last week by American authorities investigating corruption allegations, the Telegraph has learnt.

»Mike Turner, the chief executive of BAE Systems, was held with a senior colleague as they landed in America. Personal electronic equipment, including laptops and BlackBerries, was seized and examined before the pair were released.

(...)

»The detentions follow the case of the ''NatWest Three'', British businessmen each sentenced to 37 months in prison in America this year, and threatens to harm US-UK relations in the run-up to the Group of Eight summit of leading industrial nations in Japan in July.

»About the same time as Mr Turner and his unnamed colleague were being detained last week, a number of US-based BAE executives had their homes raided by authorities, The Telegraph understands. BAE Systems Inc, a subsidiary of British-based parent BAE Systems plc, has 43,000 employees in America.

»A Foreign Office official expressed concern last night about the way Mr Turner and his colleague, who were on their way to a business meeting, had been treated. He said: “It was pretty heavy-handed. They had their laptops taken away and their documents photocopied.”»

Une fois libéré, Turner a averti l’ambassade du Royaume-Uni et certains de ses contacts dans le gouvenement US. Les Britanniques semblent particulièrement secoués par cette affaire, qui représente à leurs yeux une opération d’envergure, préméditée pour imposer une forte pression aux USA contre BAE et les Britanniques. Ils notent que les Américains du DoJ (FBI) étaient avertis de la venue de Turner et qu’ils avaient préparé leur intervention, en même temps qu’ils en ont réalisé d’autres contre quatre dirigeants industriels britanniques sur le territoire US. Une question annexe mais pas indifférente est de savoir si Turner avait avec lui des documents importants, sur son ordinateur portable ou en tirage papier, qui auraient été évidemment copiés et photocopiés.

Les Britanniques craignent même, selon le Sunday Telegraph, une opération de plus grande envergure, également contre le traité USA-UK sur le transfert de technologies, actuellement devant le Sénat. Effectivement, le DoJ joue un jeu complexe dans cette affaire, ou dans ces affaires, jouant de l’une avec l’autre pour obtenir des avantages dans l’une ou l’autre, c’est-à-dire de marquer des points contre les Britanniques.

«Senior British officials are also concerned about the timing of last week's incident. The Government has spent more than a year negotiating a defence trade treaty with the US that would remove red tape and give Britain preferential treatment in securing defence contracts with the US military. The deal, which still has to be approved by the Senate and is shortly to be the subject of a hearing, is not popular with some in President George W Bush's administration. The British official said: “The timing seemed more than a little coincidental. It has not escaped our notice that the two events might be linked.”»

Bref, les deux alliés privilégiés s’étripent ferme. L’affaire BAE est l’occasion d’une gigantesque bataille où s’affrontent des intérêts commerciaux et industriels, politiques et bureaucratiques. L’Arabie Saoudite est également partie prenante, avec ses liens avec BAE d’une part (scandale Yamamah et le reste), avec d’autre part ses liens avec les USA actuellement soumis à de fortes tensions (exigence US d’une augmentation de la production de pétrole, menace du Sénat de bloquer une vente d’armes US vers l’Arabie si cette question pétrolière n’est pas réglée). Si l’on plonge toutes ces tensions antinomiques dans le désordre qu’est devenu le pouvoir américaniste, on n’est plus étonné de telles initiatives comme celle dont le Sunday Telegraph rapporte les détails.

Une chose peut être déduite, c’est évidemment le soutien dont dispose justement le DoJ. Une bureaucratie ne lance pas une telle opération, particulièrement délicate et destinée à être rendue publique si elle n’a pas des soutiens solides, en l’occurrence dans l’administration, au Congrès et dans l’industrie. L’aspect américaniste de l’affaire autour de BAE et des questions de corruption qui lui sont liées, avec, plus largement, la connexion avec la polémique des liens technologiques USA-UK, est potentiellement explosive. Elle dépasse largement les seulds domaines de l’armement, de l’exportation d’armement, de la corruption dans ces domaines.

BAE a confirmé l’opération du DoJ (FBI) mais cherche évidemment à la présenter comme une procédure normale dans le cadre de l’enquête en cours du DoJ. The Independent de ce matin rapportait: «BAE Systems admitted yesterday that American authorities investigating corruption claims over an arms deal with Saudi Arabia had issued a series of subpoenas to senior executives, as the investigation continues to gather pace. [...] BAE released a statement which said: “The Department of Justice last week served a number of additional subpoenas in the US on our employees as part of its ongoing investigation.” The statement added: “The company has been and continues to be in discussion with the Department of Justice concerning the subpoenas served in the course of its investigation.”»


Mis en ligne le 19 mars 2008 à 14H54