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648Puisqu’il fallait tout de même équilibrer d’une note d’optimisme bien tempérée (on n’ose dire “bien réelle”) le constat que nous entrons effectivement dans la crise systémique de l’énergie, le Financial Times fait une place importante à l’annonce (le même 19 mai) que les USA sont partis en guerre, et déjà avec succès, avant même que cette guerre soit au terme, contre leur dépendance du pétrole importé.
Il s’agit de nouvelles statistiques et de commentaires de Guy Caruso, chef de l’Energy Information Administration (EIA).
«The US is starting to break its “addiction” to foreign oil as high prices, more efficient cars, and the use of ethanol significantly cut the share of its oil imports for the first time since 1977.
»The country’s foreign oil dependency is expected to fall from 60 per cent to 50 per cent in 2015, before rising again slightly to 54 per cent in 2030, according to the head of the Department of Energy’s statistical arm.
»The net imports of the world’s biggest consumer are expected to fall between now and 2030, ending what has been an almost relentless 30-year climb in the use of foreign oil and a fall in domestic production. In 2006, George W. Bush said in his State of the Union speech that America was “addicted to oil” – often imported from unstable parts of the world – and said he would work to address the issue.»
Le miracle est d’ores et déjà en route puisque les importations de pétrole pour les trois premiers mois de 2008 ont compté pour 57,9% de la consommation US, contre 58,2% en 2007. La machinerie bureaucratique relayée par la machinerie de la communication, GW en tête, tient comme quasiment résolue, pour les USA dans tous les cas, la crise systémique de l’énergie qui s'impose, – résolue avant même de se développer pleinement.
C’est bien entendu la réponse habituelle de la bureaucratie aux menaces, surtout aux menaces structurelles: des perspectives, des chiffres et des graphiques, enfin des pourcentages en général rassurants, et des périodes longues d'appréciation. Mais ne discutons pas ces données, d’autant qu’elles portent sur des périodes de 7-22 ans, – parce qu’elles portent sur des périodes de 7-22 ans.
S’il y a une chose que devraient nous avoir appris les événements des 3-5 dernières années concernant ces “crises systémiques” (notamment l’énergie et l’environnement), c’est leur imprévisibilité et leur rapidité par rapport aux prévisions. C’est le cas du prix du pétrole, comme on l’a déjà vu. Les événements déstabilisants, qui sont nombreux et variés dans notre époque, interfèrent les uns les autres dans le sens de l’aggravation, ou de l’accélération. Les prévisions de l’IEA, qui portent sur des situations d’une importance considérable dont l’essentiel reste irrésolu, concernent une période de temps importante; les conclusions implicites d’une maîtrise du processus impliquent que les pressions et les effets directs et indirects des diverses crises devront attendre ce laps de temps pour se manifester d’une façon déplaisante. L’appréciation reste enchaînée à la certitude de la maîtrise de tous les facteurs impliqués, y compris le rythme et la rapidité de la crise. C’est une certitude bien audacieuse, dont on se demande par quel précédent elle est justifiée.
Mis en ligne le 20 mai 2008 à 13H07