Le prix du JSF et les vérités par inadvertance du sénateur Levin

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Dans son long préambule aux auditions du 3 juin de la commission des forces armées du Sénat qu'il préside, où il annonce la création d’un service indépendant de contrôle des coûts des systèmes développés par le Pentagone, le sénateur Carl Levin cite divers exemples de systèmes en cours de développement. Ses appréciations, – elles sont deux, volontaire et involontaire pour le cas, – nous permettent ainsi d’entendre une vérité intéressante à propos du JSF.

Voici les deux passages, avec notre intervention soulignée de gras…

«We don’t have to look very far to find examples. Over the last five years, unit costs on the Air Force’s largest acquisition program, the Joint Strike Fighter, have grown by almost 40 percent, costing us an extra $37 billion…

(…)

»GAO tells us that the cost overruns on these MDAPs now total $295 billion over the original program estimates, even though we have cut unit quantities and reduced performance expectations on many programs in an effort to hold costs down. Just to put the size of these cost overruns in perspective: for $295 billion, we could buy, at current prices, 2 new aircraft carriers for $10 billion each, and 8 Virginia class submarines for $2.5 billion each, and 500 V-22 Ospreys for $120 million each, and 500 Joint Strike Fighters for $100 million each»

C’est notre confrère Giovanni de Brigandi, sur son site Defense Aerospace.com (article du 5 juin), qui a signalé le premier la chose dans le sens qui importe, – c’est-à-dire, en notant qu’une personnalité du calibre et de la fonction du sénateur Levin annonce publiquement le prix du JSF à $100 millions. (En fait, Brigandi semble avoir fait une erreur puisqu’il parle de $110 millions, alors que le document officiel de Levin porte bien $100 millions. Mais cette erreur sans doute dûe à un “copier-coller” défectueux n’a aucune importance. Nous restons dans l’ordre de grandeur qui importe, qui dénonce la fraude de Lockheed-Martin continuant à ânonner le JSF à $40 millions aux oreilles éblouies des généraux italiens et hollandais.) Bien sûr, celui qui veut savoir sait sans la moindre difficulté que le JSF est à $100 millions et plus. Mais dans notre univers à au moins trois langages, l'utilisation par un sénateur, président de la commission des forces armées du Sénat des Etats-Unis, de ce prix de $100 millions comme référence en passant, sans même discuter de la chose mais plutôt comme si la chose allait de soi, fait passer un degré de plus dans l’affirmation de la réalité à ce propos.

Mais Brigandi ajoute un lièvre intéressant avec le cas extraordinaire des hélicoptères Boeing CH-47 Chinook acquis par les Britanniques. Ces hélicoptères, achetés en 1995 et auxquels on a voulu rajouter des systèmes plus performants, puis qu'on a décidé de ramener au standard initial, sont toujours immobilisés, avec un prix qui a grimpé dans les proportions qu’on imaginer, alors que les soldats britanniques en Afghanistan ont urgemment besoin d’hélicoptères. La description des arcanes de l'affaire nous permet d'appréhender ce qui se passera avec le JSF lorsque les Britanniques voudront changer le cendrier de leurs propres exemplaires...

«A separate development this week again raises the question of the degree of sovereign control that foreign JSF partners will have over their own aircraft. Britain, the program’s largest foreign partner, has been insistent on having full control of the aircraft’s software source codes and other technologies, such as stealth coatings, that would allow it to autonomously operate, modify and upgrade its JSFs.

»In a June 4 report , Britain’s National Audit Office found that the UK Ministry of Defence had been unable to modify eight Chinook Mk 3 helicopters it had bought in part because “Boeing and its sub-contractors, in seeking to protect their intellectual property rights, resisted the [MoD]’s requests for access to the source code.” This meant that only Boeing could carry out the necessary modifications, and “In the end it took 30 months for [MoD] and Boeing to agree an affordable programme of work….The final estimate for the in-service date was 2011-12 with a predicted cost of £215 million,” the NAO reports.

»Given this painful experience, the British are likely to be even more insistent on obtaining full access to JSF source codes and technologies, which the United States may be unable to grant even if it wanted to because of the restrictions imposed by its own International Traffic in Arms Regulations (ITAR).»


Mis en ligne le 6 juin 2008 à 09H53