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1052Les avis et analyse concernant le système anti-missiles (BMDE) que les USA veulent installer en Europe (en Tchéquie et en Pologne) se colorent désormais du pessimisme le plus noir. Un rapport, pour UPI le 19 juin, de Nikita Petrov, fait notamment état d’une “table ronde” tenue à Moscou sous les auspices du Carnegie Center, qui a vu de nombreux experts US faire des prévisions effectivement pessimistes sur l’avenir du BMDE.
Il est vrai que la situation se détériore d’une façon régulière, notamment dans les négociations entre les USA et les deux soi-disant “pays-hôtes” (Tchéquie et Pologne), où les accords étaient acquis d’avance. (En Tchéquie, l'accord était présenté comme bouclé en février dernier.) D’ores et déjà, le Pentagone recherche une “alternative” à la Pologne (on parle de la Lituanie), tout en affirmant que les négociations avec cette même Pologne continuent dans la meilleure humeur possible. (Ces rafraîchissantes remarques, dans Defense News du 16 juin, nous indiquant que tout va bien avec la Pologne et qu’on cherche autre chose: «U.S. Air Force Gen. Henry “Trey” Obering, director of the U.S. Missile Defense Agency (MDA), said he is confident Poland will ultimately agree to host the proposed interceptor site. However, the United States is developing a backup plan involving other countries, he said.»)
Petrov, de UPI, résume la situation des négociations de cette façon:
«The Czech government is on the verge of a crisis. Czech Prime Minister Mirek Topolanek said his Cabinet might collapse in the fall. He admitted the Cabinet lost a firm majority in Parliament over the possible deployment of a high-frequency radar of the U.S. third positioning strategic missile defense area in the Czech Republic. Environmentalist deputies did not even want to hear about it, while others insist on a nationwide referendum, which the government cannot win because 68 percent of the population is emphatically against the deployment.
»The situation in the Czech Republic is not the only bad news for the Pentagon. U.S. relations with Poland are even worse. Warsaw demands that Washington pay $20 billion for the missile interceptor base at Gorsko. Poland wants to spend the money on reforming its armed forces and protecting itself against a potential Russian threat. It is planning, among other things, to buy American Patriot PAC-3 air defense systems.»
Il y a un énorme désaccord entre la Pologne et le Pentagone sur la question des gros sous. Certaines sources à Bruxelles indiquent qu’il y a une différence de l’ordre de 1 à 50, entre ce qu’est prêt à donner le Pentagone et le minimum que sont prêts à accepter les Polonais. Les Polonais n’espèrent plus d’accord avec l’actuelle administration, et cette perspective se renforce d’un ardent scepticisme sur l’ensemble du programme.
Sur le même front financier, il y a la nouvelle que la Chambre des Représentants a réduit le budget du système anti-missiles de $720 millions, avec des précisions restrictives concernant le BMDE. Ces points nous permettent d’enchaîner sur la réunion du Carnegie center de Moscou.
«Expenses on the construction of bases in the Czech Republic and Poland have been reduced by $232 million. Congress declared this restriction would be valid until Washington signed agreements with Prague and Warsaw on the deployment of the radar and missile interceptors on their territory.
»This means the current Republican administration will not be able to start the deployment of the U.S. missile defense system in Europe. Leading U.S. experts on missile defense – Joseph Cirincione, president of the Ploughshares Fund, and Philip Coyle, senior adviser at the Center for Defense Information – expressed this opinion at the Carnegie Center during their recent visit to Moscow.
»The Carnegie Center hosted a roundtable discussion on the future of missile defenses in U.S. strategy and policy, and the American experts, both Democrats, agreed that if their nominee Sen. Barack Obama, D-Ill., wins the presidential election, which is quite likely, the deployment of the missile defense system in Europe, which worries Russia so much, may be put on the back burner.
»This may happen not only because the Pentagon cannot reach a final agreement with Poland and the Czech Republic, but also because the threat emanating for the United States from ballistic missiles from ''rogue states,'' among which Washington lists Iran, is not as severe as the administration portrays it.»
En gros et en général, on peut avancer l’hypothèse que le programme BMDE commence à sombrer, notamment et principalement, dans la crise budgétaire du Pentagone, avec la perspective d’un Congrès de plus en plus agressif à mesure que l’on approche de la fin de l’administration Bush. En même temps, la réalité de cette entreprise, basée sur une simple poussée du complexe militaro-industriel et appuyée sur une argumentation stratégique surréaliste à force d’être faussaire, contribue à un discrédit général du programme.
Il devient aujourd’hui probable que le BMDE puisse périr de sa belle mort bureaucratique, par absence d’argent et par désintérêt général chez les “alliés” européens (Tchéquie et Pologne) pour une affaire qui présente désormais beaucoup plus de risques intérieurs que d’avantages politiques et financiers. Le BMDE est en train d’apparaître pour ce qu’il est, – un simple programme du complexe militaro-industriel pour faire tourner l’argent. Cela ne serait pourtant pas sans conséquence politique puisque l’argument pour “vendre” ce programme a effectivement été un montage politico-stratégique appuyé sur la fiction de la puissance et de l’alliance US, et que c’est cela, – la puissance et l’alliance US, – qui essuierait une défaite avec l'abandon du programme.
Mis en ligne le 20 juin 2008 à 08H07