Mullen en super-Fallon : pas d’attaque contre l’Iran, c’est compris?!

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Cette fois, l’amiral Mullen, président du Joint Chiefs of Staff (JCS) et plus haute autorité des forces armées US, ne prend plus de gants. Lors d’une conférence de presse hier au Pentagone, Mullen a clairement pris position, – une position qui, si elle porte sur l’hypothèse d’une opération militaire, n’en est pas moins hautement politique. Alors que GW Bush réaffirme que “toutes les options sont sur la table”, donc y compris une attaque contre l’Iran, Mullen a de ces phrases où il emploie la première personne du singulier, comme s’il était le patron de quelque chose presque à hauteur du président, et dans un sens qui n’est pas précisément, dans l’esprit, celui que suggère le président, – lorsque, à propos de cette hypothèse d’une attaque, il précise: «This is a very unstable part of the world and I don't need it to be more unstable.»

Un article de BBC.News du 3 juillet fait un rapport de cette conférence de l’amiral Mullen, dont voici quelques extraits:

«The BBC's Justin Webb in Washington says it has been clear for some time that Adm Mullen does not want to attack Iran. But his latest remarks suggest he is fighting hard behind the scenes for both the US and Israel to think carefully about the consequences of an attack before considering mounting it, he says.

»At a US defence department news conference, Adm Mullen refused to say what Israeli leaders told him during meetings last week about any plan to strike Iran. But he warned that opening up a third front, after Iraq and Afghanistan, would be “extremely stressful, very challenging, with consequences that would be difficult to predict”.

»Asked if he was concerned Israel would strike before the end of the year, he said: “This is a very unstable part of the world and I don't need it to be more unstable.” The admiral said that if a conflict began, he believed Iran would have the capability to disrupt ship traffic through the strategic Strait of Hormuz, a waterway near the Gulf, but he would not say if the US Navy was stepping up its patrols in the region.

»He said: “I believe [Iran is] still on a path to get nuclear weapons and I think that's something that needs to be deterred.” He added: “My position with regard to the Iranian regime hasn't changed. They remain a destabilising factor in the region. But I'm convinced that the solution still lies in using other elements of national power to change Iranian behaviour, including diplomatic, financial and international pressure.”

Il y a tout lieu de penser que cette intervention n’est ni accidentelle, ni un mouvement d’humeur, à-la-Sarkozy. Mullen travaille en équipe avec Gates, dont on sait désormais l’opposition catégorique à une attaque contre l’Iran. On connaissait également la position de Mullen. Mais ces déclarations vont encore plus loin dans le sens de l’affirmation publique d’une position évidemment politique; elles prennent le relais des déclarations de l’amiral Fallon avant sa démission du commandement CentCom, confirmant par là que la position de Fallon n’était ni accidentelle ni isolée. Elle confirme de façon éclatante deux choses:

• Bien entendu, l’opposition catégorique de toute la hiérarchie du Pentagone, civile et militaire, à l’idée d’une attaque contre l’Iran. L’intervention de Mullen s’adresse aussi bien à Cheney qu’aux Israéliens, et de la façon la plus vigoureuse. Pour interrompre ce processus d’affirmation du Pentagone, il faudrait un véritable “coup d’Etat” (mise à pied de Gates et de Mullen au moins), ce qui semble absolument impensable dans l’état de faiblesse et de fragmentation actuel du pouvoir aujourd’hui aux USA.

• Egalement, et peut-être de façon encore plus marquante et importante, l’affirmation d’un véritable contre-pouvoir sur ces questions de la politique belliciste de la Maison-Blanche. L’éclatement du pouvoir aux USA est désormais un fait quasi-officiel. On sait que ce n’est pas la première intervention de la sorte de l’amiral Mullen. Elle complète une position extraordinaire par rapport à ce que nous avons coutume de croire à propos du pouvoir aux USA. A cet égard, les canaux officiels occidentaux, notamment en Europe, restent aveugles sur la réalité américaniste, tant celle-ci contredit les croyances à cet égard. Cela n’empêche pas cette réalité de s’affirmer à son rythme, qui est particulièrement puissant comme on le voit avec l’intervention de Mullen.


Mis en ligne le 3 juillet2008 à 10H20