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2831Dimanche, la pression à la fois politique et populaire pour la déclassification des fameuses 28 pages du rapport initial du gouvernement US sur l’attaque du 11 septembre 2001 s’est brusquement accrue avec, pour la première fois, une émission de télévision à forte audience nationale, – le 60 Minutes, de Steve Koroft pour CBS, – qui lui a été consacrée. C’est une victoire importante du mouvement qui a été lancé au niveau public, hors des réseaux politiques, et qui est surtout actif avec son site 28-pages.org. Ce mouvement a été lancé en juillet 2014, quelques mois après qu’il fût apparu, à la fin 2013, qu’il existait une certaine confusion de diverses forces dans le Système, pouvant faire espérer qu’on pourrait s’appuyer sur certaines d’entre elles pour rouvrir le dossier 9/11 en attaquant le barrage dressée contre la déclassification des 28 pages. (Parmi ces forces qui se signalaient en décembre 2013, on trouvait la NSA, alors en fâcheuse posture avec l’affaire Snowden, et qui plaide officiellement qu’on aurait pu prévoir l’attaque si le gouvernement d’alors l’avait incluse dans son “Terrorism Surveillance Program”, ce qu’il ne fit qu’en octobre 2001. La déclassification des 28-pages, laissait alors entendre in fine la NSA, montrerait a contrario ce qu’on aurait pu découvrir avant 9/11 si elle avait fait partie du service spécial de surveillance antiterrorisme.)
La campagne lancée par 28-pages.org à partir de sa création a largement contribué à une accélération du rythme de l’intérêt du monde politique, effectivement divisé à cause de la crise du pouvoir américaniste. C’est en décembre 2013 qu’avait été lancée, par deux députés, le projet de résolution de la Chambre HR-428 qui “presse” le président de déclassifier les 28 pages , cela conduisant à la création de 28-pages.org en juillet 2014. Avec l’intervention de 28-pages.org et la structuration lobbystique de cette affaire, l’évolution du nombre de co-sponsors (députés soutenant directement l’inscription de HR-428 pour un vote de la Chambre) montre effectivement cette accélération, d’une façon statistique. Depuis octobre 2014, ce nombre de co-sponsors de la résolution HR-428 est passé de 17 (octobre 2014) à 21 (juin 2015), et il est de 41 aujourd’hui : durant les huit premiers mois de notre comptabilité, la résolution a gagné 5 co-sponsors, durant les dix derniers mois jusqu’à aujourd’hui, elle en a gagné 20. (Le Sénat, beaucoup plus conservateur-Système, reste largement en arrière, avec un projet de loi lancée par deux sénateurs dont Rand Paul, et qui en0 est resté à ce chiffre jusqu’ici.)
Des arguments de politique extérieure sensible complètement d’actualité (essentiellement avec l’affirmation que si le contenu des 28 pages avait été rendu public à l’origine, la formation de Daesh/ISIS aurait pu être évitée) sont entrés en jeu pour expliquer également l’intérêt renouvelé pour ces 28 pages, comme nous l’observions le 13 octobre 2014 :
« Une organisation sérieuse de communication s’est mise en place, avec un site spécial (28pages.org) dévolu à cette entreprise, impliquant notamment un lobbying pour faire voter par la Chambre des Représentants une résolution bipartisane demandant au président Obama de déclassifier ces 28 pages. Un des plus récents articles du site, le 3 octobre 2014, donne une situation de ce projet de résolution, à l'occasion d'une appréciation critique d’un article du Boston Globe sur la question. L’observation générale est que le rythme de soutien à cette résolution est en train d’accélérer, notamment à cause de la crise ISIS/EI/Daesh et la “Guerre contre la Terreur 3.0” qui va avec. Cet argument du lien entre ISIS et les 28 pages toujours classifiées est notamment affirmé par le député démocrate Stephen Lynch, l’un des trois co-sponsors de la résolution. »
On a déjà largement présenté la polémique qui entoure ces 28 pages, qui donne des précisions cruciales sur l’implication de l’Arabie dans l’attaque, et bien entendu ce point joue son rôle dans l’actuelle montée de la pression alors qu’Obama doit se rendre en Arabie le 21 avril. L’article de 28-pages.org, que nous présentons ci-dessous, donne beaucoup de précisions à cet égard, à partir du contenu de l’émission 60 Minutes comme à partir de ses propres archives. (On peut mentionner égélement un article de Kurt Nimmo, sur Infowars.com le 11 avril 2016, qui rend compte de l’actuel développement et donne d’autres précisions, – “qui ne sont pas dans les 28 pages”, – à propos de l’implication de l’Arabie dans l’attaque 9/11.) Dans tous les cas et d’une façon plus générale, on sait que l’affaire de la “déclassification des 28-pages” est un des sujets polémiques de la campagne présidentielle, notamment depuis les déclarations de Trump à ce propos.
Effectivement, nous présentons ci-dessous l’article de 28-pages.org du 10 avril qui donne une appréciation de la situation de cette polémique à la lumière de l’émission et de la “pression politique” en faveur de la déclassification, qui augmente effectivement. On a déjà beaucoup de suggestions, d’indications approximatives sur le contenu de ces 28 pages, puisque les parlementaires ont le droit de les consulter. L’un des aspects étonnants de cette situation est que les parlementaires ayant consulté ces documents classifiés, les jugeant explosifs et jugeant qu’il est nécessaire de les rendre publics, pourraient légalement le faire sous la protection du protection Speech or Debate Clause qui autorise un parlementaire à lire en public dans une des assemblées du Congrès n’importe quel document auquel il a eu librement et légalement accès, à condition qu’il s’agisse du texte exact (si ce n’est pas le cas, il est sujet à des sanctions et à des interdictions de certains de ses droits). Or, il existe des “conditions physiques” qui l’empêchent de disposer d’une copie de ce texte, comme l’explique, dans sa rubrique “Questions & Answers” le site 28-pates.org :
Question : « If there are legislators who feel strongly that the 28 pages should be declassified, why don’t they read it aloud from the floor of the House or Senate under the protection of the Speech or Debate Clause? »
Answer : « First and foremost, there’s a physical impediment: While they can obtain permission to read the 28 pages in a secure facility in the basement of the Capitol, they cannot remove them from that facility and carry them to the floor [and they cannot take written notes]. While, conceivably, a legislator could go the floor and summarize the 28 pages from memory, that legislator could lose future access to classified information, impairing their ability to represent their constituents. »
Il s’agit donc d’une polémique typiquement américaniste, où des intérêts fondamentaux s’opposent, à côté de dispositions et tracasseries légales qui impliquent une bataille juridique tatillonne. Il n’empêche que le cas est extraordinairement intéressant (autant que pressant) pour trois raisons. La première est de simple communication. On en a déjà tellement dit à propos de ces 28-pages, et qu’elles apportaient des éléments importants sinon décisifs impliquant et discréditant l’Arabie, d’ailleurs au point qu’on est presque en position de savoir de quels éléments, que le facteur du conformisme de communication devrait jouer à fond dans le sens antiSystème. Il devrait alors devenir impératif, si les 28-pages sont déclassifiées comme cela apparaît de plus en plus possible, que l’effet soit sensationnel (même si cela ne se justifie pas absolument) pour tenir les obligations et obtempérer aux contraintes du système de la communication, et il serait inévitable selon la même logique qu’il implique l’Arabie même s’il n’apporte pas un élément absolument déterminant qu’on ne connaisse déjà, parce que, d’une certaine façon, une sorte de déterminisme-narrativiste jouant cette fois dans un sens vertueux et antiSystème, y obligerait absolument.
Le deuxième élément est également très important, dans un autre domine. Dans cette affaire, nous ne sommes dans le domaine soi-disant “conspirationniste”-pur mais bien dans un domaine-Système entièrement légal. Il n’y a donc pas de mobilisation unitaire possible du Système contre une agression antiSystème mais un débat féroce à l’intérieur du Système, entre des forces aux intérêts divergents (cela, quel que soit l’intérêt des 28-pages). On se trouve dans le domaine extrêmement fécond des contradictions des perceptions et des intérêts à l’intérieur du Système, dans le cadre d’un pouvoir complètement fractionné et déliquescent, qui a perdu tout sens d’un éventuel ou pseudo-intérêt commun. C’est pourquoi malgré l’extrême sensibilité de tous les composants du dossier 9/11 et son enterrement immédiat qui a suivi avec les diverses enquêtes, il y a eu cette renaissance officielle d’une polémique à son égard et cette polémique, malgré cette même extrême sensibilité, ne s’est pas éteinte ; au contraire, elle acquiert désormais un rythme qui la rapproche d’une situation crisique à l’intérieur du pouvoir, entre les forces qui s’opposent.
Ces dernières remarques nous conduisent au troisième élément qui est bien entendu la situation politique générale dans le cadre de l’élection présidentielles qui est caractérisée par deux éléments, – un chaos général concernant les candidatures et les processus de désignation dans les deux partis d’une part, et la présence d’éléments (candidats) qui jouent sur l’argument antiSystème de l’opposition à l’establishment à l’intérieur même du processus central du fonctionnement de l’establishment. Conjoncturellement comme, plus haut, structurellement, cette polémique des 28-pages ne rencontre aucun obstacle fondamental tandis qu’elle s’alimente très largement à ces diverses conditions politiques en plein développement dynamique.
La situation n’est pas loin d’être idéale du point de vue “objectivé” d’une dynamique antiSystème non délibérée mais répondant à la nature de la situation, agissant au cœur du Système, en exploitant les faiblesses du Système : ce sont les conditions chaotiques du Système, et notamment dans cette affaire, qui crée par automatisme une ligne antiSystème. D’une part, la polémique 28-pages n’est pas centrale aux remous énormes qui secouent le pouvoir-Système et l’establishment, donc elle ne déclenche pas une mobilisation générale pour la contrer (comme on dit, “ils ont d’autres chats à fouetter”) ; d’autre part, libre d’évoluer comme l’est, elle peut très vite et selon les opportunités, s’avérer être un moyen, une arme de choix pour tel ou tel candidat, à propos de telle ou telle péripétie, et elle jouera alors son effet à pleine puisqu’aucune mobilisation contre elle n’aura eu lieu.
Enfin et pour tout résumer, le fait que cette affaire ait constitué le sujet central d’une émission telle que le 60 Minutes de CBS, qui a rassemblé un dossier quasi-uniquement à charge, est la preuve évidente de tout ce qui a été proposé comme arguments ci-dessus. La presse-Système elle-même, à son niveau de communication le plus efficace, n’hésitant pas à s’impliquer complètement, on a la démonstration que la polémique est devenue complètement partie du débat politique, sans aucun interdit possible du Système, complètement divisé en la circonstance. Le sort des 28-pages, avec les possibles effets explosifs d’une éventuelle déclassification, notamment sur les relations avec l’Arabie et sur tout l’équilibre de la politique-Système, est à suivre avec le plus grand intérêt et la plus extrême attention.
Voici donc l’article de 28-pages.org du 10 avril à la fois sur l’émission de la CBS, sur ce qu’elle nous révèle, sur la situation de la polémique des 28-pages... Enfin, sur l’extrême fragilité et la très grande vulnérabilité du Système dans un de ses nombreuses machinations, dont les mises à jour ne sont plus des issues terrifiantes à interdire de toutes les façons possibles, mais des armes pour telle ou telle fraction engagées dans combats fratricides sans pitié, dans une situation générale qui peut évidemment être mieux définie par le terme d’autodestruction que par celui de surpuissance... (Pour des raisons techniques, le titre complet, On 60 Minutes, A Compelling Case for Releasing 28 Pages on 9/11, a été légèrement modifié.)
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The movement to declassify 28 pages on foreign government ties to 9/11 received its highest-profile exposure to date tonight, as 60 Minutes aired a report that featured insights from several former officials who are familiar with what the 28 pages contain—and believe the information should be public. Even before it aired, Steve Kroft’s report had already had an impact: This afternoon, House Democratic Leader Nancy Pelosi released a statement reviving her long-dormant stance that the pages should be declassified.
The 28 pages are an entire chapter in the 838-page report of a joint House-Senate intelligence inquiry into 9/11 conducted in 2002. They were redacted by the George W. Bush administration over the objection of many who served on the inquiry, and of 46 senators who signed a 2003 letter to Bush demanding the release of the pages to the public. Among the signatories: future Secretaries of State Hillary Clinton and John Kerry and future Vice President Joe Biden.
While none of the individuals Kroft spoke to disclosed any specifics about their contents, former Senator Bob Graham, who co-chaired the inquiry, told Kroft he believes Saudi Arabia “substantially” supported the 19 hijackers. Asked if that support came from the government, wealthy individuals or charities, Graham said, “All of the above.” Kroft elicited a particularly intriguing statement that, surprisingly, wasn’t included in the prime time segment, but can be found in a “60 Overtime” segment available on the show’s website. Asked if the 28 pages include specific names, former Secretary of the Navy John Lehman said, “Yes. The average intelligent watcher of 60 Minutes would recognize them instantly.”
Perhaps the strongest unclassified indication of Saudi support of the 9/11 hijackers was found in San Diego, where future 9/11 hijackers Nawaf al-Hazmi and Khalid al-Midhar received cash, assistance with lodging and other help from Omar al-Bayoumi, who is widely believed to have been an operative for the Kingdom.
Though they weren’t covered in the 60 Minutes segment, there are unanswered questions—and more government resistance to transparency—concerning an FBI investigation of a wealthy Saudi family that appeared to have multiple contacts with future 9/11 hijackers including Mohammed Atta from their home in Sarasota. The family abandoned the residence in haste just days before the attacks.
Investigative journalists have filed a Freedom of Information Act lawsuit to obtain the FBI’s records of its investigation of the Sarasota Saudis. The FBI initially said it had no files on it; a federal judge is now reviewing more than 80,000 pages the FBI ultimately produced. Along with the secrecy of the 28 pages, the reluctance of the government to share the Florida files is part of what Graham previously called “a pervasive pattern of covering up the role of Saudi Arabia in 9/11, by all of the agencies of the federal government which have access to information that might illuminate Saudi Arabia’s role in 9/11.”
Proponents of the release of the 28 pages ostensibly have a surprising ally: Saudi Arabia itself. As former Congressman and 9/11 Commission member Tim Roemer told Kroft, “Look, the Saudis have even said they’re for declassifying it.” While it’s true that Saudi Arabia, in the summer of 2003, formally requested that the Bush administration declassify the 28 pages, the public plea may have been offered with confidence—or perhaps even an assurance—that the White House would deny it. In 2014, Congressman Stephen Lynch told MNSBC’s Chris Hayes, “I think there might be some duplicity on the part of the Saudis in terms of them desiring this to be disclosed.”
Though Bush attributed the classification of the 28 pages to a need to protect intelligence “sources and methods,” Lehman forcefully refuted the idea that the secrecy is justified. Referring to himself and other former officials who’ve read the 28 pages and favor their release, Lehman said, “We’re not a bunch of rubes that rode into Washington for this commission….we’ve seen fire and we’ve seen rain and the politics of national security. We all have dealt for our careers in highly classified and compartmentalized in every aspect of security. We know when something shouldn’t be declassified….those 28 pages in no way fall into that category.”
In his report, Kroft said, “Graham and others believe the Saudi role has been soft-pedaled to protect a delicate relationship with a complicated kindgom where the rulers, royalty, riches and religion are deeply intertwined in its institutions.”
There was no mention of a more specific interest Bush may have been protecting when he redacted the pages: His family’s close, multi-generational ties to the Saudi royals, ties that are deeply personal and financial. Likewise missing was commentary on the apparent double-standard applied as the U.S. government identified friend and foe in the nascent “war on terror.” Graham has previously asserted that, by covering up Saudi ties to the worst terror attack on U.S. soil, the Bush and Obama administrations have only encouraged their continued sponsorship of extremism and proliferation of the ultra-conservative form of Islam called Wahhabism.
Classified State Department documents published on Wikileaks acknowledge Saudi support for extremism enduring well beyond 2001. “Saudi Arabia remains a critical financial support base for al-Qaida, the Taliban, LeT and other terrorist groups,” declared then-Secretary of State Clinton in a 2009 cable. “Donors in Saudi Arabia constitute the most significant source of funding to Sunni terrorist groups worldwide.”
Kroft also spoke with Jim Kreindler and Sean Carter, attorneys representing families of 9/11 victims suing the Kingdom of Saudi Arabia for its alleged financial and logistical support of the 9/11 hijackers. In September, a federal judge dropped Saudi Arabia from that suit for lack of evidence. Though that decision is being appealed, the case underscores why the press to release of the 28 pages isn’t a mere exercise in updating the history of that pivotal event. “It’s been difficult for us because, for many years, we weren’t getting the kind of openness and cooperation that we think our government owes to the American people, particularly the families of people who were murdered,” said Kreindler.
In proclaiming its innocence, the Saudi government has routinely pointed to a sentence from the report of the 9/11 Commission: “We have found no evidence that the Saudi government as an institution or senior Saudi officials individually funded the organization.” Carter said the sentence was written with a precision that deliberately narrowed its meaning: “They conspicuously leave open the potential that they found evidence that people who were officials that they did not regard as official had done so.” The 9/11 Commission’s Lehman agreed: “It’s not an exoneration.”
Lehman’s fellow commission member and former Senator Bob Kerrey told Kroft the 9/11 Commission wasn’t able to fully examine the leads found in the 28 pages. “We didn’t have the time, we didn’t have the resoures. We certainly didn’t pursue the entire line of inquiry in regard to Saudi Arabia.”
The publicity around the 28 pages and allegations that a country often described as a U.S. ally aided and abetted the 9/11 hijackers comes at particularly sensitive time: President Obama will visit the kingdom on April 21.
The close U.S.-Saudi relationship sparks anger in many of those who lost loved ones on September 11, among them, Kristen Breitweiser, whose husband, Ron, worked in the World Trade Center. Anticipating the president’s upcoming trip, Breitweiser wrote, “I only wish I could adequately relay the disgust I have in my heart when I anticipate having to see my president smiling, laughing, and joking with his ‘special Saudi friends’ — the very same people who I believe underwrote the murder of my husband and nearly 3,000 others.”