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282111 septembre 2016 – ...Façon pour moi, pour nous, pour vous j’espère, de “fêter” l’événement symbolique du quinzième anniversaire de l’attaque du 11 septembre 2001 qui marquera dans l’histoire de notre métahistoire le commencement de l’agonie du Système. Je distinguerais deux grandes tendances, toutes deux enfantées avec douleur par 9/11 et qui constituent sans aucun doute la marque d’une époque qui se décrit elle-même comme la postmodernité. La première de ces tendances est la destruction de la réalité, la seconde est la destruction de l’organisation sociale et sociétale de la civilisation, tout cela passant évidemment par le processus dd&e (“déstructuration, dissolution & entropisation”) qui est la marque du fonctionnement du Système. Pour ce cas, cet article du jour, je m’en tiens à la première de ces tendances.
Je vais principalement procéder en citant des Notes d’analyse d’un incident/d’une déclaration qui fit discrètement (c’est-à-dire sans passer par l’éclairage de la presse-Système) beaucoup de bruit. Il s’agit de l’interview du général Wesley Clark, datant de mars 2007, expliquant comment on lui avait exposé les projets du Pentagone juste après l’attaque 9/11, et montrant sans la moindre ambiguïté que ces projets monstrueux de conquête successive de sept pays en 5 ans témoignaient du désarroi complet, de l’affolement, du dérangement psychologique régnant dans ce monstrueux bâtiment après l’attaque.
Je fais cette citation car je crois qu’on y trouve tout de notre époque ; la folie du Système ; la tromperie délibérée et pour eux-mêmes des sapiens, même ceux, très nombreux, des antiSystème qui rêvent d’avoir un ennemi invincible ; la formation d’un virtualisme, d’une narrative, etc., bref tout ce qui peut désintégrer la réalité, comme il est fait systématiquement depuis la crise ukrainienne ; la fatigue psychologique accablante des élites-Système, comme on en fait état pour Clark lui-même à la fin du texte référencé (le Clark de 2015-2016 par rapport au Clark de 2007), et ainsi de suite... Voici cet extrait du texte du 21 juillet 2015 qu’il faut lire en découvrant principalement la dimension symbolique illustré essentiellement par le climat de désarroi et d’incompréhension que rapporte le Général Clark, cette dimension qui fait l’essentiel de l’événement parce qu’elle explique tout ce qui a suivi. Ce climat d’un profond déséquilibre et d’une crise psychologique majeure n’a jamais plus quitté Washington depuis 9/11. Il est l’exact contraire des montages d’interprétation qu’on a fait autour d’un plan formidable d’investissement du monde qui avait d’ailleurs été généreusement publié par le New York Times en mars 1992 et que William Pfaff avait fameusement surnommé “To Finish in a Burlesque of Empire”, ce qui conviendrait parfaitement à la situation présente des USA...
» Le second incident est la fameuse intervention radio (en mars 2007) sur Democracy Now !, intervention filmée à l’époque et diffusée depuis sous forme de DVD, où Clark révèle qu’en octobre 2001, le Pentagone annonçait à ses cadres le projet hautement secret d’envahir 7 pays en 5 ans. Cette “révélation” accrédita l’idée d’un plan de conquête du monde prêt avant même le 11 septembre, et réalisé depuis avec la perfection qu’on lui voit.
» L’intervention, qui date du 2 mars 2007 et qu’on peut trouver sur YouTube remis en ligne à la date du 31 janvier 2012, a été détaillée sur notre site le 5 mars 2007. La chose a été depuis constamment reprise, répercutée, remâchée, etc., comme la démonstration et la preuve évidente du plan, disons de conquête du monde pour rester dans la mesure, du Pentagone et du reste, agissant ou pas c’est selon pour le compte du “Nouvel Ordre Mondial”. (“Prendre le contrôle de l'Irak, l'Iran, Lybie, Syrie, Liban, Somalie, Soudan fait partie des plans du Nouvel Ordre Mondial” dit la présentation de la vidéo de Clark. Le titre présentant l’intervention est “un plan pour prendre le contrôle du Moyen-Orient avant fin 2012”, selon une chronologie complètement fausse qui fait se demander si l’entremetteur entend bien ce qu’on entend, ce qu’on traduit et ce qu’on lit puisque Clark parle en 2007 d’une information qui lui est donnée en octobre 2001 pour la conquête, à partir de cette date, de “sept pays en cinq ans”, c’est-à-dire affaire bouclée en 2007).
» En fait de montrer un plan de conquête du monde parfaitement mis au point, Clark montre surtout et essentiellement, en quelques phrases frappantes, l’extraordinaire confusion régnant au Pentagone en septembre et octobre 2001, après 9/11, avec la nécessité de “faire quelque chose” c’est-à-dire n’importe quoi, avec la décision d’attaquer (l’Irak puis le reste) selon une remarque d’un des interlocuteurs de Clark (un officier travaillant au Pentagone), présentant la logique que “lorsque vous avez un marteau-pilon, n’importe quel problème doit devenir une mouche qu’il faut écraser” (traduction-interprétation à notre façon, qui rend l’esprit de la chose). Donc, la véritable révélation qu’apportait Clark concernait bien la totale impréparation et la grotesque confusion du Pentagone devant l’attaque, ce qui a été amplement vérifié, amplifié et re-démontré à plusieurs reprises depuis. Les deux extraits de son intervention ci-dessous (on peut voir la traduction en français sur le DVD) en portent témoignage, ou bien c’est refuser de lire... Alors et après tout, il suffit d’affirmer que, de toutes les façons, les USA dominent le monde complètement et pour l’éternité, sans même que nous nous en apercevions et il n’est d’ailleurs pas nécessaire que nous nous en apercevions, – argument suprême, qui devient très en vogue ces derniers temps...
» Clark décrivant le Pentagone [lors de l’émission de Democracy Now !du 5 mars 2007]... « I knew why, because I had been through the Pentagon right after 9/11. About ten days after 9/11, I went through the Pentagon and I saw Secretary Rumsfeld and Deputy Secretary Wolfowitz. I went downstairs just to say hello to some of the people on the Joint Staff who used to work for me, and one of the generals called me in. He said, “Sir, you’ve got to come in and talk to me a second.” I said, “Well, you’re too busy.” He said, “No, no.” He says, “We’ve made the decision we’re going to war with Iraq.” This was on or about the 20th of September. I said, “We’re going to war with Iraq? Why?” He said, “I don’t know.” He said, “I guess they don’t know what else to do.” So I said, “Well, did they find some information connecting Saddam to al-Qaeda?” He said, “No, no.” He says, “There’s nothing new that way. They just made the decision to go to war with Iraq.” He said, “I guess it’s like we don’t know what to do about terrorists, but we’ve got a good military and we can take down governments.” And he said, “I guess if the only tool you have is a hammer, every problem has to look like a nail.”
» So I came back to see him a few weeks later, and by that time we were bombing in Afghanistan. I said, “Are we still going to war with Iraq?” And he said, “Oh, it’s worse than that.” He reached over on his desk. He picked up a piece of paper. And he said, “I just got this down from upstairs” — meaning the Secretary of Defense’s office — “today.” And he said, “This is a memo that describes how we’re going to take out seven countries in five years, starting with Iraq, and then Syria, Lebanon, Libya, Somalia, Sudan and, finishing off, Iran.” I said, “Is it classified?” He said, “Yes, sir.” I said, “Well, don’t show it to me.” And I saw him a year or so ago, and I said, “You remember that?” He said, “Sir, I didn’t show you that memo! I didn’t show it to you!” »
» Il est clair à la lumière de ces diverses péripéties que Clark est resté ce général, puis général à la retraite, dont la hiérarchie militaire et les milieux maximalistes-hystériques type-neocon se méfient. Cela ne l’a pas empêché de “faire des affaires” ici et là (en Ukraine comme conseiller de Kiev-la-folle pour quelques semaines, ou bien dans les milieux de l’armement), alors qu’il resterait plutôt proche du clan Clinton (où là aussi, avec Hillary, règne l’hystérie, mais colorée d’un “progressisme” de bon aloi). Ce que nous voulons dire par là, c’est que Clark, tout en restant américaniste bon teint, c’est-à-dire dans le Système, se distingue en général par une vision, au moins pour la conviction affirmée dans le cadre du système de la communication, qui se colore de certaines préoccupations libérales (progressistes) et de certaines positions de principe formaliste renvoyant à certaines conceptions de liberté civique qui restent structurelles dans le système de l’américanisme, – comme en témoigne justement Hussain.
» C’est dire encore combien nous jugeons complètement déphasée et marquée de l’obsession complotiste-invertie, – c’est-à-dire, dans le chef de certains antiSystème, l’obsession du complot développé par le Système, – la présentation de l’intervention de Clark que développe (le 21 juillet 2015) le site WSWS.org. Clark y apparaît comme le “messager” d’un projet (les camps d’internement pour les suspects et pour ceux-qui-pourraient-devenir-suspects) “largement discuté au sein de l’‘État profond’”, ou encore comme “une illustration terrifiante de la pensée développée au sein de puissantes fractions de l’establishment de la direction US”. Le commentaire va même jusqu’à en faire le futur “ministre” d’une future “présidente Clinton”, à qui reviendra le grand honneur de mettre en place sa proposition de “‘ségrégation de masse’ (et d’internement) des dissidents”...
» “Clark’s insistence, moreover, that such measures remain in force “for the duration” of Washington’s temporally and geographically limitless “global war on terrorism” amounts to advocacy of the permanent imprisonment of individuals deemed guilty of no actual crime, but merely being “radicalized” and “disloyal.” These are not the ravings of some television talking head or military crackpot. Coming from a figure of Clark’s pedigree, such comments necessarily reflect views widely discussed within the US state.
» “In both the 2004 and 2008 presidential campaigns, Clark was considered among the Democratic Party’s leading contenders. He would likely have gained a senior position in the Obama administration had he not backed Obama’s Democratic rival Hillary Clinton after dropping out of the 2008 primary campaign. His role as a high-profile supporter of Hilary Clinton’s latest presidential bid suggests, however, that Clark’s political ambitions have only been placed on hold. Under a Clinton presidency, Clark could well get the chance to implement his proposals for mass “segregation” of dissidents.
» “Preparations for the sort of measures advocated by General Clark are clearly well advanced. In recent weeks, as videos shot in locations from Arizona to New York show, US military units have conducted training exercises, practicing military internment and crowd control techniques at mock internment camps, with military personnel posing as detainees.
» “Clark’s statements, made last Friday on the major cable news outlet MSNBC, have been met with total silence from the corporate-controlled media, failing to receive even a passing reference in the pages of the New York Times, Washington Post, or the Wall Street Journal. This silence in the face of an open call for internment of domestic political opponents, issued by one of the country’s leading political generals, underscores the fact that the entire political and media establishment has decisively broken with centuries-old bourgeois democratic norms. The media silence will no doubt serve to encourage forces within the US military and intelligence apparatus to intensify the drive toward dictatorship... »
» Alors que faire de Clark dans cette occurrence ? Si nous nous attardons à ce cas, c’est parce qu’il nous semble très significatif, notamment par la personnalité de l’homme, notamment par les péripéties très significatives qu’on a rapportées à son propos, notamment par les interprétations qui en furent faites et qui persistent. Tout cela permet de mettre en lumière la faiblesse épuisante, et particulièrement faussaire pour la compréhension de la situation, de cet incessant “bruit de fond”, ce tintamarre extraordinaire de rumeurs, ce torrents de révélations à propos de complots sans nombre (des USA, cela va sans dire), de conquêtes mille fois faites et refaites (des USA, cela va sans dire), d’hégémonie(s) sans cesse réaffirmée(s) (des USA, cela va sans dire), à mesure qu’on ne cesse de reculer et de s’effondrer ; tout cela, à son tour, répondant finalement aux phantasmes multiples et sans fin d’une raison-subvertie devenue folle à force de ne rien comprendre par ses seules et brillantes capacités du grand et furieux Mystère qu’est aujourd’hui la situation du monde, – ditto, la Grande Crise de l’effondrement du Système.
» Des complots, certes, il n’y en a jamais eu autant, et des projets de conquête du monde, et des affirmations d’hégémonie, jamais autant également ; et jamais autant les complots, les conquêtes du monde et les hégémonies à répétition n’ont été des actes aussi manqués, des références aussi vaines, des explications aussi faussaires, aussi grotesques, aussi contraires aux diverses vérités de situation, aujourd’hui où le sapiens ne contrôle plus rien et où partout le désordre règne en maître absolu... »
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Cette intervention est parfaitement significative de ce qu’a été notre époque depuis le 11 septembre, entre la dénonciation des grands complots hégémoniques d’une part, et les affirmations grandiloquentes et martiales d’autre part ; entre la confusion et l’aveuglement d’une part, et la création de réalités alternatives par le virtualisme jusqu’au refus pur et simple de la réalité par l’emploi des narrative d’autre part. Clark participa d’ailleurs lui-même à la confusion de l’interprétation de ces propos et de l’époque elle-même, en en faisant un argument pour une campagne électorale qui ne dura pas très longtemps, en 2008 ; on était passé de la description de la confusion du Pentagone après l’attaque 9/11 qui avait tout de la vérité-de-situation et bien peu de l’argument électoral, à la dénonciation d’un coup d’État institutionnel réalisé par les quelques usual suspects de l’administration GW Bush, de Cheney à Wolfowitz, argument beaucoup plus “saignant” pour le public averti. (Depuis, Clark ayant été constamment dans le camp d’Hillary, pourrait aisément être, au contraire de ce dont il se moquait ironiquement puis de ce qu’il dénonçait gravement, partisan d’un de ces nièmes plans de conquête mondiale dont la future peut-être-Présidente doit être très friande, ou bien “ministre de l’internement massif” des “dissidents et mal-pensants” US de la même, comme le suggère le bien-pensant WSWS.org.)
Quoi qu’il en soit, il nous reste cette évidence massive que ces quinze années se sont passées dans l’obsession du Moyen-Orient et de la destruction de l’ordre en place dans cette région par un chaos qui aurait dû être immédiatement créateur d’un “ordre nouveau” avec sans aucun doute les bonnes couleurs aux joues du visage de la démocratie américaniste. (Wolfowitz annonçait que, dès le premier mois après la prise de Bagdad, le pétrole irakien rapporterait 10 $milliards au trésor US... Les divers calculs sur les coûts pour le trésor US des diverses guerres menées par les USA depuis 9/11, où l’Irak tient l’incontestable première place, ont démarré par une évaluation autour de $1.500 milliards [1,5 $trillion] en 2006 et nous devons être aujourd’hui entre 4.000 et 6.000 $milliards [4-6 $milliards], – cela qui a demandé un rude effort d’impression de la Federal Reserve et mis les USA dans l’univers à part de la dette globalisée.)
Ainsi, devant cette cascade diluviennes d’informations faussaires et d’événements fabriqués, mais où un esprit attentif et vigilant peut sans aucun doute, avec de l’expérience et ce qu’il importe d’avoir d’intuition, se faire sa religion, la meilleure façon de clore le débat serait par exemple de citer ce qui est en général considéré par les antiSystème comme un des innombrables relais du Système et des principales forces qui lui sont associées, le site DEBKAFiles, proche des services de renseignement israéliens. (Mais peut-on, également, être sûr aujourd’hui d’Israël, – même d’Israël ?) Sa dépêche du 10 septembre, qui présente l’accord russo-américain sur la Syrie du 9 septembre l'interprète comme une complète capitulation des USA sur l’ultime champ de bataille du Moyen-Orient, Obama en venant à appliquer la politique prônée par... Trump : laisser le Moyen-Orient aux mains des Russes, pour qu’ils se chargent des terroristes... Ainsi pourrait sembler se clore dans tous les cas symboliquement, et avant le grand événement de l’année que sera l’élection présidentielle USA-2016, le cycle des quinze premières années de l’aventure commencée avec 9/11 tel qu’on l’avait imaginé, mais après avoir effectué une véritable inversion, à la lumière de l’attaque du 11 septembre et des prétentions hégémoniques qui en furent la conséquence directe...
« The Syrian cease-fire agreement that US Secretary of State John Kerry and Russian Foreign Minister Sergey Lavrov announced Friday night, September 9, in Geneva hands Syrian affairs over to Russia’s President Vladimir Putin and the country’s military. The accord marked a sharp reversal for Washington. In his meeting with Putin in China last week, US President Barack Obama did not agree to those steps for the simple reason that such an agreement would be in line with the policy and stance of Republican presidential nominee Donald Trump, not those of the Democratic nominee Hillary Clinton. Trump suggested several months ago that the US should let Putin finish the war in Syria, asserting that the Russian leader would be able to do it better. Under the current situation it is no wonder that Kerry and Lavrov agreed not to release the details of the agreement. Publication of the details would reveal that the rebels in the Aleppo area, and perhaps in all of Syria, have been abandoned... »
... Je crois qu’il y a bien plus à dire sur cette affaire de l’attaque 9/11 dans ses conséquences, et pour mon compte dans un autre domaine, le second des deux premiers que j’ai mentionnés plus haut sans l'identifier trop précisément sur l’instant sinon sous le titre générique de “destruction de l’organisation sociale et sociétale”. Je reprends mon souffle, je laisse une rupture s’établir pour bien marquer la différence. Aujourd’hui, il s’agissait de voir les quinze premières années post-9/11, du point de vue de 2001, c’est-à-dire la catastrophe saisie à partir de son origine chronologique et historique ; demain sans doute, ce sera la vision des quinze premières années post-9/11, du point de vue de 2016, c’est-à-dire la catastrophe saisie à son degré de paroxysme qu’on espère ultime et décisif.
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