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576712 avril 2019 – Pour commencer à propos de cette affaire si parfaitement illustrative de ces temps d’ignominie qu’on ne déguise même plus, on s’en tiendra, dedefensa.org et moi, à la transcription de deux commentaires (tous deux rapportés par ZeroHedge.com) qui ont le mérite de mettre dans la bonne perspective l’affaire Assange dans son dernier développement.
(A côté de quoi, latéralement dirais-je, on doit signaler aussi que cette affaire a déclenché une avalanche de tweets dont bon nombre montrent une haine ricanante là aussi sans aucun apprêt de dissimulation, notamment de la part de journalistes de la presse britannique, de cette presse britannique “libé-chic” (type-Guardian, The Independent, BBC), réputée pour son libéralisme et son affection pour les “valeurs” auxquelles il nous est ordonné à tous de faire les dévotions qui importent, – droits de l’homme, liberté de la presse et autres viennoiseries ; lesquels journalistes, puisque c’est leur titre, s’affichent comme dotés d’une grande liberté d’esprit critique et s’alignant par conséquent et fort vertueusement pour la suite sur les méthodes cruelles, illégales et dignes du crime organisé des autorités anglo-saxonnes. Rien à redire à cet égard, dans le rangement duquel le caractère de zombie-luciférien a sa place là où il faut, et l’enthousiasme devant le sort épouvantable fait à un homme dont la situation constituait a contrario un éclairage constant de ce caractère.)
• Le premier de ces commentaires est celui d’une autorité officieuse chinoise : « Le rédacteur en chef du Global Times [Hu Wjing], largement considéré comme le porte-parole de Pékin, a commenté vivement l'arrestation d'Assange, le comparant au dissident chinois Liu Xiaobo, le “Nelson Mandela chinois”. »
Le tweet de Hu Wjing : « Assange et Liu Xiaobo ont défié [leur pouvoir respectif].Liu a reçu le prix Nobel de la paix en Occident, Assange a été chassé conjointement par les pays occidentaux. Si Assange avait visé la Chine, la Russie ou l'Iran, il n'aurait pas fini comme ça. Il a choisi la mauvaise cible. »
• Le second de ces commentaires est celui du président Trump, commentaire pour une fois à découvert et sans stratagème, complètement piteux, montrant que le personnage de la téléréalité se trouve, cette fois hors-caméra et hors-maquillage, dans une position sans grandeur ni la moindre légitimité. Trump s’est rarement montré aussi médiocre et “déplorable”, cette fois selon un très juste emploi du mot, complètement différent de l’usage qu’en fit Hillary Clinton. Trump dit simplement qu’il n’a rien à voir avec Assange, donc avec l’arrestation d’Assange (“WikiLeaks, c’est pas mon truc”), dévoilant ainsi au monde stupéfait (qui devrait être stupéfait, s’il écoutait) que ce président si impératif et proclamateur de sa légitimité, s’occupant de tout et ayant son mot à dire de tout au nom de son autorité, s’arrange fort bien de n’en avoir aucune dans une affaire d’une telle importance symbolique. Trump n’est pas un neocon belliciste qui a trahi ses engagements, c’est un homme dont la force de caractère est mesurée, selon l’image de Theodore Roosevelt à propos du président McKinley, par le cas d’une étrange anatomie qui fait qu’il a un éclair au chocolat à la place de la colonne vertébrale.
« Sentant clairement la pression de ses nombreux partisans qui sympathisent avec Assange, le président Trump a déclaré aux journalistes du pool de presse de la Maison-Blanche : “Je ne sais rien sur Wikileaks. C'est pas mon truc... Je n’ai pas vraiment d’opinion.”
» Bien sûr, le candidat de l'époque [présidentielles de 2016], M. Trump, avait fait l'éloge de Wikileaks à plusieurs reprises au cours de la campagne après que cette organisation eut publié plusieurs livraisons de courriels prétendument volés au DNC et au directeur de la campagne Clinton, John Podesta (un des fils de Trump aurait également échangé des messages Twitter avec le groupe).
» Quoi qu'il arrive ensuite, ce sera au procureur général de décider, [laisse dire Trump]...
» Pendant ce temps, les partisans d'Assange se sont mis à twitter pour rappeler au président son soutien à l'organisation pendant la campagne. Sean Hannity, un animateur de Fox News avec qui Trump entretient des relations étroites, avait même offert un jour de faire d’Assange l’invité de son show d’information. »
Ainsi voici l’affaire exposée, sinon expédiée. On peut rajouter, pour renforcer ce sentiment de dégoût d’appartenir à ce qui est en général désigné comme l’espèce humaine, quelques-unes des remarques exubérantes des honorables parlementaires de l’exceptionnaliste et modèle de la plus grande démocratie du monde, inventrice du concept de la corruption ontologique comme manière d’être ; cela, ces citations, histoire de se laver l’estomac grâce à ce mécanisme biologique de rejet de l’inacceptable qui vous fait vomir. Il suffit de citer le sénateur Joe Machin : « Ce sera vraiment bien de le ramener sur le sol américain. Il est notre propriété et nous pouvons obtenir les faits et la vérité de lui. » Moi, j’aurais fait plus court, sénateur, quelque chose comme : “Il est à nous désormais, et on va pouvoir en faire ce qu’il nous plaît”, – et moi, je sais ce qui vous plaît, sénateur, de Guantanamo à Abou Graib.
Je ne vais pas m’attarder au calvaire qu’a subi et que va continuer à subir Assange, à qui il ne reste plus qu’à se battre comme un lion dans les dédales des lois que ces gens bafouent comme les barbares qui pillent, brûlent, violent et massacrent. Quels que soient les traits de son caractères, ses actes, ses faiblesses et ses vertus, Assange est devenu le symbole du martyre que cette Bête monstrueuse et répugnante, – ce que je nomme le Système, – fait subir à ceux qui la défient. Nous sommes bien au-delà de l’effondrement d’une civilisation et de la loi de la jungle, qui paraissent pleins d’humanité à côté du spectacle du déchaînement de cette Bête monstrueuse. Aucun qualificatif n’est concevable hors ceux qui s’appliquent au Mal absolu et au rituel de la fureur du Diable.
Il y a dans cette volonté aveugle de punition et de châtiment hors de tout calcul et au-delà du machiavélisme la marque même des affrontements suprêmes que nous enseignent les Livres Sacrés à propos des batailles livrées contre le Mal. Nous voyons confirmé encore une fois, par conséquent, que ce que nous désignons aujourd’hui comme la Grande Crise n’est pas un événement de plus, même tragique, dans l’histoire-Système que l’on enseigne dans les établissements universitaires. Il s’agit de se hausser au niveau de la métahistoire : à cette aune, Assange le martyre devient effectivement un symbole qui dépassera son propre destin. Il n’est pas assuré que le Système aura ainsi réalisé une “opération” habile, – car le Système prétend être un combattant habile, – parce que la cruauté nue et le goût de la vengeance sont des passions encombrantes pour la manœuvre, en plus d’être inhumaines.
D’où j’en reviens à ma longue devise plusieurs fois reprise et répétée, comme un miroir de la Tradition primordiale que nous tend Guénon ; je crois et je pense que le sort que le Système réserve à Assange la justifie complètement : « On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... »
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